La pandémie de COVID-19 affligeant les quatre coins de la planète n’épargne aucun secteur. Comment les agences médias composent-elles avec les reports et les annulations des campagnes prévues par leurs clients ? Alexandre Duhaime, président d’Espace M, nous avoue que la présente situation est ardue — entre plusieurs appels urgents, il prend le temps de répondre à quelques-unes de nos questions.

La première chose qui a été exécutée, nous dit-il, a été de contacter les principaux médias comme Bell Média, Québecor et Radio-Canada afin de leur demander si leurs politiques d’annulations et de reports de campagnes étaient différentes dans le contexte actuel dans le but d’informer leurs clients. « Évidemment, par la suite, on sensibilise les médias aux réalités de nos clients (fermeture obligatoire, diminution de l’achalandage, pertes de revenus) et on plaide leur cause pour que les médias assouplissent leurs politiques standards. Ce n’est pas tant une négociation qu’une sensibilisation, et heureusement, l’ensemble des médias agissent en bons partenaires d’affaires et offrent une bonne collaboration ».

Confrontés à cette vague d’annulation, les médias réagissent très bien et sont collaboratifs, révèle Alexandre. « Ils ont, tout comme les agences d’ailleurs, une vision à long terme de tout ça. Personne ne veut nuire aux annonceurs qui vivent déjà beaucoup de difficultés en ce moment, et personne ne veut affecter la relation qui a été bâtie au fil des ans. Dans certains cas, par contre, quand la campagne est déjà en ondes ou affichée sur des panneaux, ce n’est pas toujours possible d’annuler sans aucuns frais. C’est du cas par cas et les annonceurs comprennent aussi que les agences et les médias sont eux aussi affectés de façon importante par la situation actuelle ».

Qu’en est-il des clauses incluses dans les contrats ? « En ce moment ce sont les clauses habituelles qui s’appliquent, et celles-ci varient d’un type de média à un autre, voire d’une entreprise média à une autre. Pour les nouveaux contrats qu’on signe, on conserve ces mêmes clauses, mais quand la campagne est prévue dans un avenir relativement proche, on s’entend quand même tout de suite avec les médias sur le fait que si la crise perdure nous pourrons reporter la campagne avec des paramètres flexibles ».

Est-ce qu’Alexandre a vécu pareille situation par le passé ?  « Non, jamais. Il arrive bien entendu à l’occasion qu’on doive déplacer ou annuler des campagnes à la dernière minute, mais jamais autant en même temps », commente Alexandre. « Le seul élément positif que j’observe est de voir comment tout le monde arrive malgré tout à bien collaborer ensemble en période de crise, comment tout le monde met de l’eau dans son vin. Et je me rends compte aussi que le télétravail permet d’être très productif, voire davantage qu’au bureau ! »

Par ailleurs, quelles sont les obligations des annonceurs, des agences médias et des médias ? « Dans la mesure du possible l’obligation première des annonceurs et des agences est de respecter les clauses de reports ou d’annulations existantes dans les contrats. Mais la situation actuelle est à ce point exceptionnelle que plusieurs médias se montrent davantage flexibles et offrent des solutions au cas par cas qui sortent des clauses standards. À titre d’exemple c’est déjà assez difficile dans le monde culturel de perdre les revenus liés aux représentations qui sont annulées, ces organisations n’ont bien souvent pas les moyens de payer des campagnes médias qui ne se concrétiseront pas en billets vendus. Les médias font alors la part des choses entre ce type d’annonceurs et d’autres où l’impact est important, mais moins élevé ».

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