Pendant que vous lisez ces lignes, Jean Mongeau qui, jusqu’à tout récemment, agissait comme directeur général et chef des revenus, Solutions média à CBC/Radio-Canada profite d’un premier lundi de retraite. Salutations à l’homme qui a travaillé pendant près d’une quarantaine d’années dans le milieu du marketing et de la publicité.

« Je suis habité par ce sentiment d’être choyé de côtoyer des gens passionnés qui ont à cœur le service public », relatait Jean à quelques jours de son départ. Celui qui a été le premier francophone responsable de l’ensemble des activités d’un groupe média national anglais et français se considère privilégié d’avoir pu illustrer sa compréhension de la réalité d’un marché francophone au Canada et, plus particulièrement, celui du Québec.
 

Voué à l’international

Le moment tournant du parcours de Jean ? « Quand j’ai fait ma démarche afin d’obtenir mon MBA et que j’ai opté pour l’excellent programme combiné de l’ESG UQAM et de l’Université Paris. J’étais donc impliqué dans les enjeux de l’industrie d’ici et je l’explorais également à travers la lentille du marché global ». Le changement qui s’opère dans l’industrie notamment dans les médias traditionnels et les nouveaux médias — qui n’en sont plus vraiment d’ailleurs souligne le nouveau retraité — a aussi été marquant pour lui : « La transformation au sein de l’industrie n’a pas fini de laisser ses traces. Elle va exiger de la part de tous les détenteurs d’intérêt de rester à l’affût de ce que le consommateur veut et d’en tenir compte dans le déploiement de leurs stratégies et actions ».

À titre d’exemple, Jean a eu le bonheur de participer au lancement de Tou.tv puis quelques années plus tard au volet par abonnements Extra : « C’était précurseur d’introduire une plateforme de consommation par contournement et de faire ses premières armes dans un marché qui aujourd’hui a complètement explosé et qui va continuer de prendre de l’expansion au fur et à mesure que s’ajoutent de nouveaux joueurs et de nouveaux moyens de diffusion. Les défis ne font que commencer et quelle période absolument excitante pour n’importe qui gravitant dans le milieu ! ». 
 

Rallier les deux solitudes

Ce que Jean retient plus particulièrement de son extraordinaire carrière ? : « Ma contribution à l’internationalisation du média télé comme plateforme publicitaire. J’ai œuvré au sein de l’EGTA, une organisation basée à Bruxelles qui a pour objectif de promouvoir les intérêts commerciaux des joueurs de l’industrie en télé. Mon objectif était de reconcentrer nos marchés, mais dans une perspective plus globale ». « Think global, act local », Jean s’est affairé à renverser le paradigme : « Il faut penser local et agir globalement », dit-il. Il ajoute : « J’ai joué un rôle de premier plan à créer des ponts afin de sensibiliser toute l’industrie, soit les agences, les annonceurs, etc. à la puissance de nos médias nationaux. Ainsi, avec l’EGTA et de concert avec toutes les organisations qui font la promotion de la télé à travers le monde, nous avons créé le Global TV group qui est une fantastique plateforme pour mettre en valeur la télé dans une perspective globale auprès des marques les plus importantes au monde ».

En 2014, Jean et son équipe ont intégré les deux organisations responsables des revenus de CBC et Radio-Canada en créant le Groupe Solutions média : « À titre d’unique organisation avec une offre intégrée en publicité et distribution, nous pouvions proposer au marché des produits et des solutions sur mesure, sans restriction de langue autant en télé qu’en numérique. Nos équipes étaient à même de répondre aux besoins des annonceurs qui voulaient rejoindre l’ensemble du pays sans qu’on soit obligé de déployer une multitude d’intervenants ».
 

Prédire le futur

Selon Jean, le futur sera stimulant : « Je suis convaincu que si on conserve une vision holistique de notre industrie et que nous travaillons ensemble de façon soutenue, on sera capable d’assurer notre juste place à l’intérieur de l’écosystème. Pour moi, c’est fondamental qu’on s’engage fermement dans la voie de la collaboration, qu’on cesse de ne regarder que ses propres intérêts et bénéfices et qu’on fasse des choix profitables à long terme. On a trop à gagner à collaborer. Surtout dans un contexte où nos concurrents ne sont pas des joueurs d’ici. Clairement, ce n’est pas en investissant 70 % de nos dollars publicitaires numériques dans des plateformes comme Google et Facebook que nous aidons l’industrie d’ici ».

Avez-vous remarqué, Jean s’inclut dans le discours ? C’est que du haut de sa retraite, il demeure positif quant à ce que l’industrie va réussir dans les prochaines années : « Je m’enthousiasme à l’idée de pouvoir le constater et de rester impliqué dans le milieu ». 

jean