Alors que se multiplient les sites web et autres pages Facebook permettant aux pigistes de se dénicher des contrats, d’autres techniques plus classiques, voire même alternatives, permettent aux contractuels de tirer leur épingle du jeu. Réflexions sur l’art d’aller à la chasse aux mandats.
 

Amis pigistes du domaine des communications, quelles sont pour vous les meilleures façons de dénicher des contrats ? Les réseaux sociaux ? Facebook, LinkedIn ? Fréquentez-vous assidûment les Pige.Québec du web, et ce, tout en restant continuellement aux aguets des nouveautés du Grenier aux emplois ? (Il est pas mal, celui-là…) Êtes-vous de ceux qui gavent aux trois mois les boîtes courriel d’employeurs potentiels de vos C.V. dans le but de vous faire octroyer de petites piges ici et là ? Ou avez-vous une carte d’affaire épinglée sur le babillard du presbytère ? Un petit sondage maison, sans prétention scientifique, il va sans dire, mené auprès d’une soixante-quinzaine de pigistes québécois nous indique que plus de 60 % des contractuels ont comme tout premier réflexe de consulter l’un des différents groupes de pigistes créés sur Facebook pour entrer en contact avec des employeurs. « Ça va de soi, raconte Joris Palmier, rédacteur web freelance. J’ai quitté la France pour un séjour de six mois au Québec en 2019 et j’ai pu décrocher mes premiers contrats ici grâce à des groupes de pigistes. Ç’aurait été très difficile autrement, surtout quand on met les pieds dans un pays pour la première fois. Facebook permet une proximité ainsi qu’une interaction que les sites web ne permettent pas. »
 

Au delà des C.V. 

C’est-à-dire ? « Un C.V. déposé par l’entremise d’une application ou encore du web ne dit rien, ou sinon si peu, sur l’individu derrière le dossier, ajoute Caroline Tessier, recherchiste indépendante. Quand tu t’adresses directement à la personne par l’entremise d’un message Messenger, par exemple, tu peux laisser filtrer ta personnalité, ton tempérament. C’est comme une entrevue one on one. Les chercheurs de contrats ne sont plus passifs grâce aux réseaux sociaux. » La clef du succès résiderait-elle donc dans l’art d’appliquer une approche active ? « Décrocher des mandats grâce à un C.V., c’est pratiquement d’une autre époque, nous dit un recruteur R.H. souhaitant garder l’anonymat. J’ai beau en avoir une pile haute comme ça sur mon bureau, quand j’ai des mandats ou des piges à donner, eh bien, 95 % du temps, je la propose à la dernière personne inspirante avec qui j’ai été en contact. Que ce soit par un mail personnalisé que j’ai reçu, par une rencontre fortuite que j’ai faite ou même un coup de téléphone que j’ai pu recevoir. On va se le dire : la main-d’œuvre se fait rare, mais les talents en communication, eux, se trouvent assez facilement. J’ai besoin davantage que d’un bout de papier ou d’un profil LinkedIn (salutations ici à tous ceux qui reply un lien de leur profil en guise de première approche) pour octroyer un contrat. C’est pour cette raison que beaucoup d’employeurs finissent par se créer une petite gang fermée de contractuels avec lesquels ils travaillent tout le temps. »
 

À la rencontre des gens (et des contrats)

Et comment réussir à les intégrer, les gangs? L’histoire d’Anne-Louise Milot, pigiste en communication et rédaction en affaires publiques et municipales, se veut fort intéressante. « Il y a un peu plus de neuf mois, je débarquais dans le monde de la pige après plus de vingt années d’expérience comme conseillère politique à Québec et Ottawa, entre autres, dit-elle d’entrée de jeu. Et en neuf mois, j’ai réussi à atteindre les objectifs annuels que je m’étais fixés. Mon secret ? Ne l’écrivez pas trop fort, car il est tout simple, c’est les réseaux. Mais pas ceux auxquels vous pensez : moi, ce sont les réseaux humains que j’ai pu développer qui me servent à décrocher des contrats. Oui, j’ai bien évidemment essayé de me signaler sur LinkedIn (et ça m’a rapporté des contrats, en effet), mais c’est tout simplement parce que les personnes qui m’ont interpellée me connaissaient déjà. J’ai aussi tenté de me publiciser comme pigiste sur le web, mais ça ne m’aura en tout rapporté qu’un seul mandat. C’est le bouche-à-oreille et les belles rencontres que j’ai faites qui m’ont le plus aidée. Aux pigistes, je dis d’aller à la rencontre des gens, de réseauter en personne, de serrer des mains, de sortir de la maison pour aller se faire connaître. Les réseaux sociaux ne sont que la pointe de l’iceberg. Des colloques, des formations, des 5 à 7 de l’industrie, il y en a : et ce sont là toutes des opportunités directes de se faire voir et de trouver des contrats. »
 

Comprendre (rapidement) les besoins

N’en demeure pas moins qu’il faut aussi savoir se vendre de façon adéquate. « Ce n’est pas toujours évident de marquer l’imaginaire et de se démarquer en début de parcours, affirme notre recruteur. Je reçois parfois des dossiers et je me dis : wow ! Je fais un post pour une pige et, en guise de réponse, je reçois quasiment une partie du mandat déjà monté. Ce n’est pas une pratique que j’encourage, au contraire, mais je dois dire que c’est impressionnant. Nous avons tellement besoin d’efficacité, c’est ça qui fait la différence. » Anne-Louis Milot abonde en ce sens. « Peu importe la façon d’entrer en contact avec les employeurs, il faut leur montrer que tu comprends exactement leur besoin. C’est l’essence même de la pige. Moi-même, quand je donne des mandats (il m’arrive encore de le faire), je veux avoir la certitude que je n’aurai pas à passer la même somme de temps à expliquer ledit mandat. D’où l’importance, et je le répète, de réseauter : c’est la meilleure façon qui soit de capter un maximum d’informations sur des individus et leurs mandats. »

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