Petit événement régional à hauteur humaine, le Festif ! de Baie-Saint-Paul fait toutefois tourner la tête de dirigeants d’événements 100 fois plus grands. Sa recette ? Une formule véritablement win win win comme on dit à Charlevoix.

Festif ! de Baie-Saint-Paul 1
Crédit photo : Caroline Perron

Né au fond d’un camping situé dans le Parc du Gouffre et issu du rêve fou de son directeur général Clément Turgeon, le Festif ! a dû franchir de nombreuses barrières avant de devenir un élément de fierté non seulement pour la bucolique ville de Baie St-Paul, mais pour toute la région. Un à un, la dynamique, passionnée, entêtée, opiniâtre — et très patiente — équipe de l’événement musical a dû convaincre et rallier les opposants au projet.

Car dans le royaume du sacro-saint agneau québécois, de la terre qui embrasse goulûment la mer à en perdre le souffle et de la galerie d’art à chaque crête de côte, le Festif ! fut tout d’abord perçu par ses détracteurs comme un appel crasse au trouble. Les fumeurs de pot de Montréal et de Québec allaient nécessairement faire fuir les gentils retraités en balade, et les commerces locaux en subiraient les mortelles conséquences économiques.

L’histoire est montée jusqu’au conseil municipal. Et, le temps d’un hiver rigoureux en palabres, passa à la petite histoire tout court.

« Éventuellement, on a eu le droit de s’installer sur la rue principale, se souvient Charles Miller, directeur des communications de l’événement. Et les proprios de gites qui étaient contre affichent maintenant complet des mois à l’avance, tout en doublant les prix des chambres pendant le Festif ! » rigole un peu jaune l’ami Charles.

Qu’est-ce qui fait partie du succès du Festif ! ? « Au début, on visait publicitairement la région de Québec et du Saguenay. Mais une bourse Québecor Média nous a permis d’annoncer à Montréal. Quand on a vu le retour sur l’investissement, on a changé notre chapeau de bord ! » Aujourd’hui, Charles confirme que la clientèle montréalaise représente près de 60 % de la clientèle du festival. 25 % proviennent de la région de Québec, et le 15 % restant, des habitants de la région.

« Plutôt que de se nicher dans un secteur musical pointu, on a opté pour une programmation éclectique, à l’image des tendances et des inspirations musicales de Clément et Anne-Marie (Dufour). » Résultat : une foule bigarrée où l’on retrouve des fans de Marjo côtoyer des tripeux de Grimskunk et des mélomanes à l’affût des airs doux de la pianiste Alexandra Stréliski ! Inclusif, disais-je.

Au point où le Festif ! a même développé un volet d’activités pour la famille. Ainsi dans la zone Sunlife, les tout-petits peuvent s’amuser dans des jeux, construits en bois, par des ébénistes locaux ! Inclusif.

Et dans les loges des vedettes, pas d’aliments emballés. À bas les déchets inutiles, vive les achats locaux ; le Festif ! s’alimente directement des commerces de vrac et des producteurs de la région. In-clu-sif.

« Notre clientèle étant tellement diversifiée, on s’est créé des personas et on développe des campagnes numériques sur mesure pour chacun d’eux. On s’allie des blogueurs nichés, les radios étudiantes et les radios communautaires. Chaque groupe reçoit donc un message et du contenu sur mesure, explique Charles.

Et comme 97 % de la vente des billets se fait en ligne, l’équipe du Festif ! connait non seulement la localisation géographique de sa clientèle, mais connait également ses goûts musicaux. Beau CRM en vue !

Festif ! de Baie-Saint-Paul 2
Crédit photo : Caroline Perron

Qu’est-ce qui distingue le Festif ! ? Son ouverture. Sur le monde, mais aussi et surtout sur le sien. Constamment à l’affût des nouvelles tendances, musicales, mais aussi en développement durable et en nouvelles technologies, le Festif ! fait la preuve qu’il est possible pour une marque d’être bien assise sur un positionnement et un ADN fort, tout en faisant montre d’une flexibilité qui ferait craquer les jointures de plus d’un événement majeur.

Par exemple, l’idée des spectacles-surprises ne vient pas du Festif ! D’autres l’ont fait avant eux. Mais en jumelant minutieusement l’emplacement et l’artiste, le Festif ! amène une touche d’authenticité qui devient une expérience de marque, et par ricochet, l’expression de la marque elle-même. Un petit spectacle intime sur la rue Saint-Adolphe (une des plus cutes rues de Baie-St-Paul !) ou à l’aube, dans le pré derrière l’hôtel Le Germain, ça ne se copie pas.

Festif ! de Baie-Saint-Paul 3
Crédit photo : Francis Chagnon

Festif ! de Baie-Saint-Paul 4
Crédit photo : Francis Chagnon

Les projets ne manquent pas. Le Cabaret continue. Le Festif ! à l’école entamera sa troisième année. Et l’événement tente de voir comment il peut faire vivre l’esprit du Festif ! à longueur d’année à Baie-St-Paul. Développement culturel, certes. Mais aussi développement communautaire, social, économique. «Le Festif !, c’est bien plus qu’un festival de musique, résume Charles. C’est un mouvement qui fait tranquillement son chemin. On veut pas être le plus gros, mais on veut être le plus beau !»

Réagissez à nos pointes de conversation sur Twitter via le #GrenierMag et @normandmiron.