L'an dernier, il lançait sa propre agence de contenu. Le 11 février dernier, Philippe fêtait son dix-huitième anniversaire. Bienvenue dans le monde d'un Gen Z pas gêné.

Philippe Gagné-Côté

Selon le Huff Post, les Gen Z — nés au tournant du siècle — chérissent plus que tout leur indépendance.

Plutôt que d'emprunter la traditionnelle voie études > boulot, ils plongent directement dans le monde du travail. Et ils ont la fibre entrepreneuriale; 72% d'entre eux déclarent vouloir éventuellement démarrer leur propre entreprise.

Lorsque l'on regarde aller le beau Philippe, on ne peut qu'opiner du bonnet aux dires du Huff Post. Il sait ce qu'il veut.

À preuve. Un soir, à l'heure du souper alors qu'il n'a que 14 ans — autant dire hier — Philippe monopolise une fois encore la conversation familiale. Il raconte avec émotion, pour une xième fois, les tribulations de sa compagnie de production vidéo.

Soucieuse de voir toute l'énergie de fiston canalisée sur ce qu'elle considère un passe-temps plutôt que sur ses études, la mère de Philippe le taquine : « Mais quelle compagnie ? Vous n'avez pas de nom. Vous n'êtes même pas enregistrés ».

Maman, entrepreneure elle aussi, avait oublié une chose. Les fruits ne tombent jamais loin de l'arbre.

Quelques jours plus tard, 15h15, fin des classes. Philippe prend le bus. Direction registraire des entreprises ! La préposée au registrariat l'aidera à compléter sa demande. Jusqu'à tard après l'heure de fermeture. Une fonctionnaire.

Outre son énergie débordante, Philippe possède un second trait caractéristique : on ne lui refuse rien. ou à tout le moins, le premier expliquant le second, on ne lui refuse pas longtemps.

Soyez avertis. Derrière ce mignon minois se cache un pic-bois branché sur le 220v.

« Au début, on était surtout engagé, pour vraiment pas cher, pour filmer des mariages ou des événements », explique Philippe.

Ce qui n'était pas assez pour notre téméraire jeune homme. « Lors d'un party, j'ai rencontré Émile Roy (un youtubeur). Il m'a parlé d'un projet de court-métrage. Mes partenaires et moi avons sauté à pieds joints dans l'aventure.

S'en suivra un second film. “Jeune et pas de rêve”. Toujours avec Émile.

« Pour la première, Émile avait suggéré à la blague le théâtre Outremont. Moi, je l'ai pris au pied de la lettre. J'ai appelé le directeur de la salle, incrédule mais très gentil. Il a finit par dire oui. On a pris en charge la promotion de l'événement, la recherche de commanditaires, l'organisation de la soirée.”

À l'extérieur, malgré un froid de canard de février, une file de 800 spectateurs s'étirait jusqu'au fond d'une ruelle,  se rappelle Philippe, les yeux brillants. Parmi les spectateurs, d'autres youtubeurs du Slingshot, et curieux de la chose, des producteurs. La traction sociale faisait son œuvre.

Des distributeurs de films commencent à écrire. « C'est à ce moment qu'on a commencé à intégrer des services de stratégie marketing auprès des jeunes ».

Coup sur coup, il s'occupera de la stratégie ouèbe du film Les rois mongols et de la campagne électorale de Denis Coderre. « 60 vidéos en 2-3 mois, précise-t-il. Il me parle de la websérie Génération Nomade, un tournage de 67 jours aux quatre coins du monde.

Il me parlera également de la série Mila. Des nombreux commanditaires qu'il déniche. De Mel's qui lui fournit de l'équipement. « Ils nous ont même prêté la caméra qui a servi dans Fast and Furious ! », lance-t-il, encore sidéré.

Passionné le jeune, tu dis ?

Jacob Guité St-Pierre, v.-p. stratégie chez LaBase, voisin de pallier d'Helvetica, la nouvelle agence de contenu de Philippe, me le confirme. « Ce qui me frappe chez Philippe, c'est son immense passion. Probablement à cause de son âge, il entreprend chaque projet, petit comme grand, avec cette même passion légèrement naïve qui le définit si bien. »

Pourquoi Helvetica, Philippe ? « Parce que je n'étais plus satisfait de la qualité de ce que l'on faisait. Je trouvais que l’équipe agissait trop souvent comme des jeunes (sic !). J'aspirais à un niveau de qualité supérieur. »

Et ça marche ? « Dans les derniers mois seulement, on a entré plus de contrats que pendant toutes les années de Kinétographe ! »

Car malgré son jeune âge, Philippe fait preuve d'une maturité professionnelle plutôt impressionnante. Les vieux producteurs pourraient en apprendre de lui.

Ainsi, pour générer cette croissance, il s'est doté d’une force de vente constituée de cinq représentants (cinq !) dont le seul travail est d'amener à Philippe de nouveaux prospects. « Et moi, je les close », confie-t-il, petit sourire en coin. « À ce jour, j'ai une moyenne de 100% ».

Quand on vous disait que personne ne peut refuser quoi que ce soit à Philippe. Pas vrai, maman ?

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