Depuis plus d’une quinzaine d’années, un jeune passionné collectionne les petits bijoux publicitaires du siècle dernier, lesquels ont marqué l’imaginaire collectif d’une génération de Québécois. Discussion sur la nostalgie publicitaire des années 80 et 90 en compagnie de Jonathan Simon.                                                             

Jonathan Simon

Certains classiques de la publicité des années 80 sont auréolés du statut de légende. D’autres, parus au cours des années 90, ponctuent encore nos conversations. La nostalgie a la cote, et certains se font un devoir de la célébrer en déterrant des perles provenant du folklore publicitaire québécois. C’est le cas du sympathique Jonathan Simon, sous-titreur pour malentendants de profession, mais aussi collectionneur de publicités en dilettante, lequel s’est monté une collection estimée à plus de 50 000 (!!!) publicités vintages glanées ici et là sur de vieilles VHS. « D’aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours adoré les publicités, affirme Jonathan Simon. Je suis un bon consommateur de télévision depuis l’enfance et les publicités font pour moi partie de l’expérience télévisuelle. C’est vers l’âge de seize ans que j’ai commencé à en archiver, pour le plaisir. Aujourd’hui, quinze ans plus tard, je continue de récupérer les vieilles VHS que des amis me refilent et de farfouiller dans les ventes de garage pour dénicher des trésors. Disons que c’est un passe-temps auquel j’accorde une importante quantité de temps. »

MULTIPLES TRIBUNES                       

Pour ceux qui partageraient sa passion (et ils sont fort nombreux !), Jonathan Simon se fait un heureux plaisir de redonner une tribune aux bijoux qu’il déniche. Sur sa page Facebook ainsi que sur sa chaîne Youtube (sur laquelle il présente l’émission web intitulée Chez Johnny Publicité), les fans peuvent revoir autant de pub de Volkswagen mettant en vedette Marc Labrèche que d’autres présentant l’animateur Gilles Proulx (!!!) interviewer le personnage-céréale des Mini-Wheats. « Je participe aussi à des soirées au bar le Brouhaha en compagnie de la gang du douteux.org dans lesquelles je joue au VJ en présentant mes coups de cœur, poursuit-il. Ce sont des évènements qui fonctionnent bien et que j’adore faire. On m’a même déjà contacté pour participer à des soirées de visionnement privées. La nostalgie marche beaucoup - c’est d’ailleurs le moteur de ma collection. C’est un sentiment extraordinaire que celui de retomber sur une publicité qui avait marqué notre enfance. »

TENDANCES

À travers ses recherches, Jonathan Simon a-t-il relevé certaines observations quant aux tendances publicitaires des dernières décennies ? « Je suis davantage dans le plaisir que dans l’analyse, dit-il, mais certaines tendances peuvent effectivement être observées. Les pubs de bières, par exemple, scoraient très, très fort dans les années 90. Les marques avaient leurs porte-paroles, leurs chansons; les jeux de mots étaient à la mode. La pub qui me vient en tête est celle de la Labatt Bleue, qui en regorge et dont tout le monde parlait à l’époque. Il y avait aussi la série de publicités de la Molson Grand Nord avec Gildor Roy et Denis Bouchard : un concept innovateur et interactif qui donnait la chance aux téléspectateurs de choisir la suite de l’histoire. C’était une grosse ère publicitaire pour la bière. Les jeux vidéos pour enfants, les consoles Sega et Nintendo en tête de liste, nous donnaient aussi des publicités qui avaient de quoi nourrir notre imaginaire. »

LES TOPS

Et quelle serait, parmi sa collection, la publicité qu’il a le plus écoutée ? « Ah ! Je vais y aller avec La crème de May West, sans aucun doute, répond-il quasi instantanément. La chanson de la pub est catchy à souhait. Vous dire le nombre de fois que je l’ai chantée quand j’étais jeune… » La plus étrange ? « Une vieille pub de Clorets me vient à l’esprit, se remémore-t-il. Une pub de 1992 avec Robert Marien dans laquelle les gens se transforment en leur haleine. On voit un gars qui se change en ail, un autre en poisson. Ça donne un quelque chose d’assez bizarre merci. »  Et la question à mille dollars : la publicité des années 80 et 90 était-elle meilleure que celle produite de nos jours ? « Je ne peux pas répondre à cela, répond-il après une courte réflexion. Des pubs extraordinaires se font de nos jours aussi, et ce, avec beaucoup plus de moyens ; mais je suis d’avis que la nostalgie et le plaisir de revoir, pour le meilleur et pour le pire, une publicité qui nous a jadis marqué produit un effet qui est difficilement comparable. »