Si l’on se fie aux publicités des agents immobiliers, c’est à se demander si ceux-ci n’ont pas un égo plus gros que les condos qu’ils vendent. En effet, la majorité des agents immobiliers posent fièrement sur les pancartes et autres supports publicitaires auxquels ils ont recours. Pourquoi ont-ils l’air de vouloir se vendre d’abord et avant tout et pourquoi, souvent, le font-ils maladroitement ? Sébastien Tougas et Patrick Goulet, tous les deux concepteur-rédacteur, ont réfléchi à la question.

Se démarquer dans un océan de courtiers

Les agents immobiliers sont des professionnels qui réalisent des transactions immobilières. Sachant cela, on peut affirmer que les agents immobiliers sont fondamentalement tous les mêmes. Cependant, on peut en dire autant des boulangers et des bouchers à la différence près que ces derniers ont une proposition de vente unique (USP) tangible par laquelle ils peuvent se démarquer : meilleurs croissants en ville, plus belle coupe de viande en ville. Certes, les agents immobiliers peuvent eux aussi nous faire cette promesse. À ce sujet, Sébastien Tougas explique: « Certains agents audacieux y vont de slogans « peu recherchés » pour se vendre, ce qui donne malheureusement lieu à des publicités qui en fin de compte, nivellent par le bas. Et, dans un domaine où des transactions de plusieurs milliers de dollars sont en jeu, est-ce vraiment une stratégie gagnante ? Certainement pas ». Cela expliquerait peut-être donc pourquoi la plupart des agents immobiliers n’osent pas sortir du moule, préférant axer leur publicité sur leur image. Des publicités qui, somme toute, semblent fonctionner, car la majorité des agents immobiliers s’y en tiennent. « Pour venir à bout de ce statu quo, il suffirait qu’un agent immobilier ait une idée de génie publicitaire afin de dégourdir le marché », affirme Sébastien. Soit dit en passant, on s’entend pour dire que la publicité des agents immobiliers est généralement insipide, mais du côté des grandes bannières, elle se porte très bien.

La bonne vieille façon de faire

Un niveau de communication disons « bas de gamme » peut être très bien perçu selon la business. Dans l’immobilier, mieux vaut maintenir une certaine classe pour inspirer la confiance. Ainsi, bien que cela n’enlève certainement rien au professionnalisme d’un agent immobilier, faire de la publicité « bon marché » est une erreur de sa part. Acheter une maison relève du domaine des émotions même s’il s’agit d’un investissement important. De fait, à compétences égales, les consommateurs ont le réflexe de se tourner vers un agent qui a les mêmes valeurs qu’eux. C’est donc là-dessus que les agents immobiliers auraient intérêt à miser dans leur publicité. À la lumière de cela, le défi est de réussir à le faire l’instant d’un panneau ou d’un encart dans le journal, soient les plateformes les plus populaires dans le domaine. Comme nos valeurs sont ce que nous sommes, publicitairement parlant, montrer son visage est encore la meilleure des stratégies pour les agents immobiliers. D’ailleurs, demandez-vous ce que vous faites lorsque vous voyez une pancarte avec la photo d’un agent immobilier. Voilà, vous le jugez. Et, qui est le mieux placé pour donner son appréciation sur un agent immobilier ? Un client. En effet, le bouche-à-oreille demeure la meilleure publicité, car de façon naturelle, quand on est à la recherche d’un agent immobilier, on demande des références dans son entourage. 

Des avenues à exploiter

Patrick Goulet soulève un point : « Accompagner une famille ou un couple dans une démarche de recherche de maison donne certainement lieu à de belles histoires. Alors, existe-t-il des agents immobiliers indépendants qui font du storytelling via un blogue? ». S’il en est, toutes nos félicitations, mais selon nos recherches « peu scientifiques », le créneau est très peu exploité. « Raconter des histoires de vente par le biais d’articles de blogue serait une solution pour le moins innovante dans le domaine. Ce contenu émotif servirait à bâtir une image positive et serait un excellent point de départ pour recruter de nouveaux clients. Le calendrier aimanté, le bloc-notes et le crayon à l’effigie d’un agent immobilier sont des outils promotionnels désuets », ajoute Patrick. Du moins, ils ne suffisent pas comme ne suffit pas une photo d’un agent, diluée parmi tant d’autres sur le site de la bannière qu’il représente : cela est cruellement impersonnel. Au-delà de ces moyens traditionnels et néanmoins incontournables, il est nécessaire pour les agents immobiliers de se démarquer en faisant appel à des moyens renouvelés, comme l’offensive numérique par exemple.

En conclusion, mettre sa face partout n’est pas signe de gros égo pour les agents immobiliers. Victimes de leur marché saturé et de ses particularités, la norme semble encore fonctionner en matière de publicité. En attendant l’idée de de génie, il faudra gentiment continuer à juger gentiment leur photo.

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