Jonathan Rouxel
Associé, Directeur de création exécutif, Bleublancrouge

Expression utilisée fréquemment : Check la gate
Film favori : La Grande Belleza de Paolo Sorrentino 
Occupation préférée : Piscine avec mes filles.
Fun fact : À ma naissance, les amis de ma mère ont mangé une soupe avec mon placenta comme ingrédient principal.

Retour sur l’expérience des Créa en tant que Président du jury

Comment avez-vous orienté les membres du jury cette année ?

Créa, c’est le concours d’ici qui juge les idées qui font avancer notre industrie.

On est probablement la seule industrie au monde pour laquelle on invente des technologies pour éviter le travail que nous faisons. 

Cette année, j’ai demandé au jury de porter une attention particulière aux idées qui ont fait leur place dans la culture populaire. Les pièces qui ont hacké les médias ou les réseaux sociaux de façon habile et qui ont généré des partages organiques. 

Quel était le principal défi du jury cette année ?

Nous avons récompensé le travail que l’on ne veut pas éviter. Les idées percutantes et perspicaces qui connectent par l’humour, le drame ou par une proposition utile à la société.

Les idées qui ont stimulé une passion ou résolu une friction. De façon générale, ces idées ont identifié des vérités simples et puissantes, et les ont transformées en un contenu percutant, que l’on ne cherche pas à éviter.

Nous ne sommes plus à l’époque ou simplement se faire remarquer suffit. Le nerf de la guerre, c’est que les gens qui entrent en contact avec ce que l’on fait s’engagent et partagent notre contenu.

Le principal défi a été d’évaluer l’impact de certaines pièces sur la culture populaire. Nous avons tous des façons différentes de mesurer l’impact et de le mettre en valeur. Pas facile de s’y retrouver.

Qu’avez-vous trouvé le plus difficile dans votre rôle de président ?

Composer le jury a été un casting très challengeant. Je me suis donné le défi de prendre des nouvelles têtes qui venaient d’agences qui ont connu une belle année. J’aurais souhaité que ce soit une première expérience pour tous les membres du jury, mais un des membres que j’avais sélectionné a changé d’agence et comme je tenais faire une place à K72 sur le jury, j’suis resté pogné avec Simon Beaudry. ;-)

L’autre aspect que j’ai trouvé difficile est de ne pas intervenir dans les débats. Ce n’est pas facile de rester en marge des discussions quand les débats sont aussi intéressants. 

Comment se sont déroulées les délibérations ?

Le jury était très sensible à ne pas amener des agendas personnels dans les délibérations. Je les ai trouvé très disciplinés et intègre. Les débats avaient de la profondeur et les délibérations se sont poursuivies jusqu’aux petites heures. 

Nous avons fait plusieurs fois le tour des pièces qui se sont ramassées en rondes finales et les arguments qui distinguaient les grand prix des prix étaient toujours les bons.

Avez-vous observé une tendance qui se dégageait des pièces soumises cette année ?

Les catégories digitales, média sociaux et créativité étaient selon moi les plus intéressantes. C’est toujours très excitant de voir comment les agences réussissent à s’y prendre pour créer du contenu qui devient inévitable.

J’ai été déçu des campagnes films hors TV qui selon moi ne revisitent pas assez le format des films. On reste d’emblée dans le format court alors que certains sujets méritent d’être diffusés sur des formats longs. 

Les films hors TV par exemple jouent sur des formats longs qui réussissent à installer une histoire plus riche et créent donc un plus grand impact. Je pense que la méthode de créer des formats très courts pour les pousser avec du média est un vieux réflexe qui nous vient du modèle d’interruption de la pub traditionnel. Il faut évoluer.

Un film qui réussit à faire sa place dans la culture populaire est une pièce de contenu qui doit être réfléchie en ce sens. Elle doit être pertinente, intéressante et toucher un sujet dans lequel les gens ont envie de s’engager et ne pas se limiter à un format publicitaire.