Les artisans des diverses équipes en place chez Hybride sont payés pour user de supercheries. C’est Pierre Raymond, fondateur du studio d’effets visuels, qui nous l’a fièrement dit, car cela demande un talent fou de créateurs pour se forger une réputation béton auprès des réalisateurs hollywoodiens. Un monde parallèle vous attend juste ici.

A beau mentir qui vient de loin


Fondée en 1991, Hybride devenait la première boîte de montage et d’effets visuels numériques au Québec, qui plus est située dans les Laurentides. D’ailleurs, Pierre Raymond se plait à le dire : « Il faut faire preuve d’audace pour se lancer à la conquête d’Hollywood entre deux sapins à Piedmont, mais avec Internet et notre système de téléconférence (HySync), l’endroit où tu te trouves n’a pas d’importance ». Comme les acteurs clés d’Hybride provenaient du Groupe Perry, un des 10 premiers studios d’enregistrement audio au monde, l’équipe était habituée à travailler avec une clientèle internationale. Monsieur Raymond raconte : « J’ai démarré le studio avec des partenaires qui partageaient le concept d’un hybride — d’où le nom — entre la production d’effets visuels et la recherche et le développement pour mettre les divisions l’une au service de l’autre ». À cette époque, compte tenu de la technologie quasi inexistante, il était peu question de cinéma, alors le studio était principalement sollicité par des agences de publicité. En ajoutant les projets de téléséries et de documentaires entamés avec le Groupe Perry, Hybride en avait plein les bras : « C’était tellement accaparant de fournir du service au niveau de la production que cela a passablement hypothéqué notre division recherche et développement », relate-t-il. L’homme d’affaires et ses partenaires ont donc décidé d’acquérir une première pièce d’équipement à la fine pointe de la technologie qui permettait à Hybride de basculer de la publicité vers le cinéma : « Cette acquisition tombait juste à point, car de moins en moins d’artisans de l’industrie créaient des effets visuels en photochimie. L’ère du numérique venait d’être lancée et nous en faisions partie, campés au cœur de la nature ».

Au fil des années, Hybride a assuré sa croissance en devenant, en 2008, une division d’Ubisoft et en concevant entre autres logiciels, un premier permettant d’établir un lien direct avec ses clients, en temps réel, et ce, partout dans le monde et un autre pouvant produire des effets visuels plus efficaces que ceux de la concurrence. En 1997, Mimic a été le premier film sur lequel le studio a travaillé, marquant un tournant dans son histoire : « Pour tirer son épingle du jeu en tant que petite entreprise, il faut faire preuve d’innovation et concevoir des outils que les autres n’ont pas. C’est ce que nous faisons depuis plus de 26 ans chez Hybride et aujourd’hui, nous avons plus de 80 films à notre actif, dont 3 des 5 plus gros succès au box-office : Star Wars – Le réveil de la force, Avatar et Jurassic World.

C’est maintenant plus facile de tromper


Ils sont plus de cent artistes dans les studios de Piedmont et environ 35 dans ceux de Montréal à créer des effets visuels de plus en plus impressionnants chez Hybride. De nos jours, la technologie permet de reproduire rapidement des effets qui autrefois exigeaient un travail titanesque : « Il y a 10 ans, on intégrait des acteurs sur fond vert dans des environnements réels. Aujourd’hui, on les intègre sur des environnements synthétiques qui sont d’un réalisme époustouflant ». Demandez à Monsieur Raymond où donc a-t-il tourné telle scène, il vous répondra : « dans la tête de l’infographiste, car cet endroit n’existe pas sur la planète ».

Pierre Raymond

Pierre Raymond

Hybride peut se targuer d’avoir contribué à des productions qui ont eu un impact important dans l’industrie. Le studio a signé les effets de Sin City du réalisateur Robert Rodriguez, une facture visuelle inspirée des illustrations en noir et blanc de Frank Miller. Hybride est aussi notamment responsable du loup et du sang en “éclaboussure d'encre” et des armées de 100 000 hommes du film 300, ayant assumé plus de 70% des VFX de ce film. En 2001, Hybride embarquait dans l’aventure des Spy Kids et signait en 2003, son premier projet en stéréoscopie pour le troisième opus de la franchise familiale du même nom.

Et, les effets visuels mécaniques dans tout ça ? « Il s’en fait encore. Par exemple, les moyens utilisés mécaniquement pour arriver à faire des cascades plus spectaculaires sont effacés par la technologie virtuelle », indique Monsieur Raymond.

En terminant, saviez-vous qu’on peut même faire du copier-coller de visages et n’y voir que du feu ? Pensez-y…

hybride