Lorsqu’on parle avec le photographe Simon Duhamel, on constate que non seulement, c’est sa capacité à se réinventer qui lui a permis de devenir l’artiste bien en vue qu’il est aujourd’hui, mais qu’il s’agit là du modus operandi de toute une nouvelle génération. On parle photo et business avec un millénaire féru de maths et de design.

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Simon. On dit que la nécessité est mère de l’invention. Si c’est le cas, tu dois être son père, alors ! D’un amour des mathématiques qui devait t’amener sur Wall Street, tu as bifurqué à un boulot chez McDo. Puis d’études en cinéma à un boulot dans une banque. Pendant que tu étudiais la photo. Du beau slalom, digne de ce film sur le snow que tu étais parti tourner, seul, dans les Rocheuses pendant une sabbatique. (RIRES)

Simon : Rien ne me destinait à devenir un artiste. Mon père m’avait transmis sa piqûre des mathématiques. Mais j’ai rapidement compris que le monde des affaires n’était pas pour moi. Et j’ai découvert la photo.

La lumière, l’exposition, la profondeur de champ, tout ça, c’est aussi de la mathématique.

Simon : Et voilà. Au début de ma carrière, je me considérais d’ailleurs plus comme un technicien que comme un artiste. Mais pas juste ça. Qui dit maths, dit esprit analytique. Alors, quand on m’arrivait avec des problèmes, je trouvais des solutions.

Par exemple ?

Simon : Un projet absolument dément pour la SAQ avec Sid Lee. Un shoot avec des aliments chauds et froids, du vin, de la bière, des objets, des angles impossibles. Gabriel Carbonneau (Visual Box) et moi, en pitch contre une grosse boite torontoise ! J’avais émis une piste de solution, en précisant qu’il faudrait y penser plus longuement. Plus tard, j’ai appris du DA que c’était à cause de cette honnêteté qu’ils nous avaient sélectionnés.

Le no bullshit, c’est payant. À court terme, pas toujours. À long terme, oui.

Simon : Moi, je pensais que c’était un défaut ! Bref, plutôt que de photographier le tout d’un seul clic, j’avais traficoté un outil de stop motion me permettant de voir toutes les images assemblées dans le viseur avant de passer à la retouche. Maintenant, il existe tout plein de logiciels de ce genre, mais à l’époque, ça n’existait pas.

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Simon Duhamel, Photographe, directeur photo, réalisateur et partenaire | Consulat

Qu’est-ce qui t’a amené là où tu es maintenant ?

Simon : J’ai eu la chance de débuter avec de grosses pointures en design graphique. Simon Beaudry, Julien Vallée, Gabriel Poirier-Galarneau par exemple. De côtoyer tout ce beau monde a exercé mon muscle créatif. Que ce soit en photo, en stop motion, en vidéo ou en direction photo, le mathématicien n’est jamais loin, mais l’artiste a pris beaucoup plus de place !


Le contraire semble aussi vrai puisque voilà quatre ans, tu décidais de fonder Consulat, ta boite de production. Monsieur Wall Street qui refait surface ? (RIRES)

Simon : Plutôt le désir de créer un environnement qui permettrait à des artistes de s’épanouir et de prendre le contrôle de leur destin via l’actionnariat. Maxime G. Delisle et moi étions déjà ensemble avec Made of Still, puis Guillaume Simoneau, Jocelyn Michel et Alexi Hobbs se sont joints à nous. Par la suite, Sébastien Boyer, Mathieu Lévesque et John Londono sont venus nous rejoindre.

Juste de la photo ?

Simon : À la base, oui. Mais comme le milieu évolue très rapidement, on fait de plus en plus de la vidéo, de la direction photo. Des disciplines distinctes à l’époque, qui se confondent de plus en plus à cause de l’évolution de la technologie. Regarde le stop motion. C’est du vidéo. Mais c’est aussi de l’animation et de la photo.

Donc, une nouvelle génération d’artistes plus polyvalents, plus ouverts, plus appelée à surfer sur la vague du changement ?

Simon : Notre génération a dû faire sa place en revoyant de but en blanc les anciennes façons de faire et de penser. En épousant le changement. Et en s’en servant en masse !

Dis-moi. Les Consulats, c’est fait pour être dans les autres pays. Consulat Toronto ? Consultat New York ? Consulat Berlin ?

Simon : Encore là, on voit ça autrement. On n’est pas vraiment intéressé à avoir pignon sur rue partout dans le monde. Regarde Julien (de ValléeDuhamel). Il travaille partout sur la planète. Mais il n’a pas besoin d’un bureau dans chaque ville où il est. C’est un peu ce que l’on cherche avec Consulat. Doper la renommée de nos artistes afin de leur donner des ailes. Et en attirer d’autres qui auraient le goût de grandir de cette façon.

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