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Un OSBL de Montréal rassemble les créateurs sonores de tout acabit pour initier la création d’œuvres audio québécoises – et faire rayonner la culture de la baladodiffusion à travers la francophonie. Discussion sur les podcasts (ou l’art de créer l’expérience par l’ouïe) en compagnie de Zoé Gagnon-Paquin.

Été 2015. C’est dans le cadre d’une production documentaire audio que Zoé Gagnon-Paquin et Marie-Laurence Rancourt, deux irrésistibles radiophiles, se rencontrent et jettent ensemble les premières bases d’un projet au demeurant plutôt insolite en sol québécois : la création d’un organisme à but non lucratif ayant pour mission de faire rayonner la culture par l’audio. Une idée qui se cristallisera dès l’année suivante sous la bannière Magnéto. « La consommation de podcasts (ou de baladodiffusions, c’est la même chose) est en pleine croissance, affirme Zoé Gagnon-Paquin, directrice générale et cofondatrice. Ce n’est plus du tout marginal comme pratique. Au Québec, comme dans plusieurs autres sociétés, nous faisons face à une saturation du temps que nous sommes capables de passer devant un écran. En ce sens, plusieurs se tournent aujourd’hui vers la baladodiffusion et la radio comme vecteur d’information et de divertissement. La production de contenus audio doit être considérée comme une forme d’art en soi. »

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Zoé Gagnon-Paquin, directrice générale et cofondatrice

RETOUR SUR LE PHÉNOMÈNE

Un art somme toute encore bien jeune. « Je dirais plutôt un art qui trouve ses racines à travers des décennies de production radiophonique, poursuit Zoé. Seulement, la naissance du podcast coïncide avec l’arrivée des iPods et d’iTunes, lesquels ont ouvert la porte au phénomène « à la demande » en audio : une pratique qui, comme en télé, permet aux gens d’écouter un contenu radiophonique quand ils le souhaitent. C’est toutefois depuis 2013 que l’on sent un raffinement du produit, chez les Américains d’abord et chez nous par la suite : une professionnalisation de l’art du récit audio qui a extirpé le podcast de l’amateurisme. Les baladodiffusions d’aujourd’hui peuvent autant être de bonnes vieilles émissions de radio transposées sur le web que des œuvres artistiques narratives, qu’elles soient documentaires ou de fiction. Les exemples sont nombreux, mais la populaire série This Americain life, précurseur en la matière, est certainement un bon exemple, tout comme les contenus issus de l’atelier de création de France Culture – qui sont formidables. Ce sont des références en ce qui a trait aux types de contenus que nous aimons produire chez Magnéto.

L’ART DU FINANCEMENT

Mais produire du contenu de qualité n’est jamais gratuit. « Ça prend un équipement de base, certes, mais les coûts de production ne sont en rien comparables à ceux du cinéma, poursuit Zoé Gagnon-Paquin. Cela dit, quand on écoute le générique d’un podcast à succès comme Serial, par exemple, on remarque qu’une dizaine de personnes ont travaillé sur le produit, et ça se traduit en qualité. » Et comment elles se financent, ces baladodiffusions ? « Il existe plusieurs façons, affirme Zoé. Mais bien que chez Magnéto, nous priorisons les financements de type mécénat et commandites, le podcast donne l’occasion d’envisager plusieurs modèles d’affaires. Par exemple, il nous arrive de produire des podcasts sur commande pour divers organismes et entreprises, ce qui nous permet de financer une bonne partie de nos activités. L’intégration publicitaire aux États-Unis, de son côté, est extrêmement populaire et efficace1: à preuve, la présence publicitaire, qui est actuellement évaluée à plus de 220 millions $ par an, double à chaque année.»

L’EXPÉRIENCE

Mais avant même de penser à la monétisation de son art, c’est d’abord la création qui aura incité Zoé et sa collègue Marie-Laurence à lancer Magnéto. « C’est de raconter des histoires qui nous anime, opine-t-elle. J’ai toujours aimé travailler la parole, le récit. Mon amour du podcast vient de cette communion autrement plus intime, si je puis dire, qu’il propose à ses auditeurs. Nous sommes loin de la radio FM telle que nous la connaissions, avec de grosses voix d’hommes qui nous annoncent de grosses voitures. La baladodiffusion, ce n’est ni plus ni moins que du cinéma pour les oreilles. À l’audio, on peut tout recréer, tout est possible. Aussi le Québec compte-t-il déjà sur un riche héritage de documentaires audio, lesquels datent de bien avant la venue du numérique. Hubert Aquin et Pierre Perrault, entre autres, ont donné dans l’audio en s’inspirant des codes du cinéma direct : ç’a donné des œuvres remarquables. On souhaite s’inscrire dans cette démarche artistique. Allez voir (entendre !) le travail des artisans sur notre plateforme numérique, c’est tout un univers à découvrir. »

Pour découvrir les productions de Magnéto et en apprendre davantage sur ses différentes activités, cliquez ici.

 

1- 66% des gens qui ont entendu des publicités lors de la diffusion d’un podcast ont par la suite posé des actions concrètes : soit ils ont voulu en apprendre davantage sur la marque, soit ils ont carrément payé pour l’obtenir.