Incontournable du monde des communications, les présentations spéculatives (affectueusement appelées les pitchs), sont un terreau fertile d’anecdotes de tous genres. Voici quelques histoires de pitch, dont plusieurs vécues par bibi !

Histoire d’O

« Nous présentions le post-mortem de l’année et pitchions le plan de l’année suivante à un client américain. À la section “commandites et événements”, le directeur, présentant la campagne de l’an dernier, fut évidemment très fier de faire remarquer au client que l’agence s’était mérité deux grands prix pour cette campagne au gala du Publicité Club. Il faut se rappeler que les prix du gala étaient des Coqs. Imaginez la face des clients et les nôtres quand il se vanta d’avoir mis la main sur two golden cocks ! » — Sandra Wells, VP Media

Gain ? Oui.


Histoire à tomber sur le c..

« Je suis junior, mon premier pitch ! C’est mon tour, je présente le budget. Or, au moment où je change l’acétate (oui, ça fait longtemps !) pour dévoiler les chiffres, voilà la cliente qui tombe littéralement de sa chaise qui vient de se briser.

Gardant mon sang-froid, je lui dis qu’on peut couper dans l’imprimé si elle le désire, mais qu’étant donné qu’on a vraisemblablement besoin de sous pour s’acheter du nouveau mobilier, je garderais le budget intact, si j’étais elle. Hurlements généralisés. » — moi

Gain ? Oui.


Histoire d’eau...

« Quelle belle surprise ce matin de pitch que de me rendre compte que je devrais laisser ma voiture au quai et me rendre chez le client... en chaloupe ! Habillée chic, mallette à la main. Faut aimer son métier ! » — Marie-Sol Perreault-Desharnais, directrice de compte

Gain ? Oui.


Histoire de chance

« La veille du pitch des Casinos du Québec, à la répétition, la directrice de compte ne cesse de dire monsieur Casino, au lieu de monsieur Cousineau, président de Loto-Québec. Je me dis qu’inévitablement, ça va surgir lors du pitch. Mais curieusement, non. Tout le long du pitch, c’est monsieur Cousineau par ci, monsieur Cousineau par là. Mais à la toute fin, elle remercie chaleureusement tous les clients, dont monsieur Casino. Je hurle de rire. » — moi

Gain ? Oui.


Histoire d’espionnage

« Dans le cadre du lancement de la série française Le Bureau des Légendes pour Canal +, nous avions été mandatés pour développer une stratégie de lancement sur Facebook. Grosse série, grosse pression. Le jour de la présentation, on nous invite dans une salle bondée de caméras de surveillance. Sur un grand canapé, de tristes sirs. J’y reconnais le producteur et à sa droite une belle asiatique à l’air très froid.

On nous invite à nous asseoir sur des coussins, très inconfortables. Nous commençons notre pitch, mais nous sommes continuellement interrompus par le producteur. Il nous raconte avoir passé des mois au sein de Direction Générale de la Sécurité Extérieur. Puis il commence à parler de nos parcours professionnels ! Et à révéler des faits personnels sur nous ! Nous sommes déstabilisés. Il fait de plus en plus chaud dans ce salon. Au bout de 30 minutes, nous sortons, un tantinet parano. Dans l’ascenseur, on éclate de rire. Puis on stoppe net à l’idée qu’une caméra est probablement cachée ! » — David Peltier, directeur de création

Gain ? Oui !


Histoire juteuse

« Cas typique : le client hésite entre adapter la télé anglo de son agence torontoise ou créer un message sur mesure pour le marché québécois. Une agence torontoise fait appel à nous ; on crée le spot parfait. La directrice artistique et moi débarquons chez le client, localisé tout près de Pearson. La réceptionniste nous annonce que la réunion a maintenant lieu au centre-ville de Toronto. Les amis torontois auraient-ils “oublié” de m’en avertir ?

Mais un gentil monsieur nous accoste poliment et nous offre de nous y reconduire, lui aussi faisant partie de la rencontre. Guess what. Une belle balade en auto d’une heure avec le président de la compagnie ! On a le temps de lui faire un Québec for dummie_s, de lui expliquer notre stratégie et de connaitre le nom des épouses, maris et enfants. La tronche des _suits de l’agence torontoise quand on entre dans la salle, buddy-buddy avec notre nouvel ami ! » — moi

Gain : Yes sir !


Histoire à dormir debout

« En plein été, nous sommes convoqués par le Conseil du tourisme d’une île française. La réunion doit débuter à 13 h mais les clients ne reviennent du lunch qu’à 14 h 30. La salle est minuscule, ils sont huit. Trois minutes après le début de la présentation, deux d’entre eux ronflent déjà, trois bayent aux corneilles et un peine à garder les yeux ouverts. Clash culturel ? Manque de respect ? Nous avons décidé d’écourter la rencontre et de nous retirer du dossier. » — Anonyme

Gain ? Non.


Histoire chantée

Les dirigeants de l’agence où je travaille sont à Toronto pour convaincre un client d’utiliser une chanson d’une chanteuse québécoise populaire de l’époque dans une prochaine télé locale. Un des directeurs veut leur faire savoir qu’un foyer (household) sur quatre possède un album de la chanteuse. Mais, avec son charmant accent québécois, ça sonne « one asshole out of four in Quebec ». Il a beau se reprendre, rien n’y fait. Visages imperturbables torontois, fous rires gaulois ! » — moi

Gain ? Oui.


Histoire gourmande

« Alors que j’étais du côté client, une agence vint nous rencontrer pour présenter leur entreprise et leurs réalisations. Ils se pointèrent avec des cupcakes arborant fièrement le logo de la banque. Dans ma tête, je réfléchis au fait qu’il est très looser de demander à un client de manger son propre logo. Pire encore, je me mets à songer au voyage digestif du dit-logo et à son inévitable apogée. No way que je vais manger mon logo ! Le reste de mon équipe me voyant résister à l’appel du cupcake agit de même. Résultat, l’agence repart, sans mandat, mais avec une boite pleine de cupcakes ! — Marie-Pierre Lépine, cofondatrice, conseillère senior stratégie d’affaires

Gain ? Non.


Histoire merdique

«Ma blonde, une D.A., débarque dans une nouvelle agence. Gros pitch dès son arrivée, un compte de papier hygiénique. Je la sens nerveuse. Surtout que moi, je m’apprête à débarquer chez une autre agence elle aussi invitée sur le pitch. Bon joueur, je lui commande un beau bouquet chez Zen. Avec une demande spéciale : utiliser du papier-cul Cashmere comme élément de décoration. Et une petite carte svp, avec un seul mot. Merde.» — moi

Gain ? Oui.

Cet article a été publié dans le Grenier magazine, volume 03, numéro 04.