Crédit photo : Robert Etcheverry

En temps trouble, la culture est toujours la première à en pâtir. Les subventions diminuent, le financement devient difficile. Pour se démarquer, il faut redoubler d’ingéniosité. Dans cette catégorie, Sylvain Émard Danse mène le bal avec son Grand Continental !

Duo. Votre Grand Continental en sera bientôt à sa 14e édition. De Montréal à Wellington (Nouvelle-Zélande), en passant par New York, Mexico et la Corée du Sud, vous avez emporté dans un tourbillon festif plus de 1 000 danseurs amateurs et 85 000 spectateurs. Vous attendiez-vous à cet engouement lorsque vous en avez présenté la première version en 2009 au FTA ?

Maya : Pas du tout ! Sylvain (Émard, le chorégraphe de la compagnie) rêvait depuis longtemps de mettre en scène une grande forme, c’est-à-dire une œuvre à grand déploiement. Toutefois, le faire avec des danseurs professionnels n’était financièrement pas une option. La solution ? Y aller avec 65 danseurs amateurs dans une danse en ligne contemporaine de 30 minutes ! Les gens du milieu étaient sceptiques, mais ce fut un succès. On l’a donc refait dans une version à 125 danseurs en 2010. Puis à 210 danseurs en 2011. Sylvain avait littéralement créé un monstre ! (RIRES)

Dans une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain intitulée « La culture à Montréal, chiffres, tendances et pratiques innovantes », Sylvain Émard Danse est cité en exemple de par sa capacité à « sortir du cadre ». D’où est venue l’idée d’utiliser le Grand Continental comme levier de financement ?

Maya : C’est une membre de notre CA, Lyne Robichaud de Legault Joly Thifault, qui a eu l’idée d’organiser une soirée-bénéfice où des gens d’affaires apprendraient puis danseraient une version allégée du Grand Continental, en compagnie de vedettes du milieu artistique. La formule était simple ; chaque personnalité d’affaires devait vendre un minimum de dix billets à 150 $. La salle de 200 personnes fut remplie le temps de le dire.

À la veille du Super Méga Continental, une version démesurée à 375 danseurs qui sera présentée jeudi, vendredi et samedi , prévoyez-vous utiliser la même formule ?

Véronique : Plutôt que d’en faire un événement en marge du Super Méga Continental, la soirée-bénéfice aura lieu le soir même de la première. Nos gens d’a aires et nos vedettes vont s’insérer parmi les 375 danseurs pour interpréter avec eux l’œuvre complète ! Les acheteurs de billets auront accès à une section VIP pour voir briller de leurs feux les Sophie Ducharme (Banque Nationale), Florence Girod (Cossette) et David Legendre (lg2) aux côtés d’Anne-Marie Cadieux, Julie McClemens, Danielle Proulx et Johanne Fontaine, entre autres !

Maya Daoud, Codirectrice générale/administration, Sylvain Émard Danse

Véronique Beaudoin, Responsable des communications, Sylvain Émard Danse

Autre nouveauté ?

Véronique : Oui. Le Super Méga Défi. Sur une base volontaire, nos danseurs ont été invités à participer à une levée de fonds de type danse- o-thon en se créant une page de pro l sur la plateforme MyEvent. La réponse est tout simplement fantastique !

Et comme le Grand Continental fait maintenant le tour de la planète, je présume qu’il est lui-même devenu une source de revenus ?

Maya : Oui. Car contrairement aux autres œuvres, le Grand Continental génère des bénéfices que l’on peut réinvestir dans des créations scéniques plus pointues. L’an dernier — année sans Grand Continental —, la portion de nos revenus autonomes fut de 30 %. Cette année, on prévoit qu’elle sera de 56 %, levée de fonds comprise.

Tout en devenant votre carte de visite à l’international.

Maya : C’est en e et grâce au Grand Continental que l’on a réussi à percer le marché américain. Et au-delà des cachets provenant du Grand Continental, cette visibilité génère d’autres sources de revenus pour la compagnie, donc des commandes chorégraphiques.

Par exemple ?

Maya : Des commandes chorégraphiques. Ainsi, Sylvain a signé une œuvre d’une minute pour une publicité de la chaine ARTV, inspirée du Grand Continental. En 2013, une version de 10 minutes a réuni 40 danseurs souffrant de la maladie du Parkinson dans le cadre du Congrès Mondial sur la maladie du Parkinson. Et en 2014, Sylvain participait à Death Lines — A Memento Mori Collection, une œuvre diffusée en direct à l’Aathus Festival au Danemark et sur internet.

Qu’est-ce qui explique l’attrait universel du Grand Continental ?

Maya : Le Grand Continental déborde largement du simple spectacle. C’est un événement d’une très grande humanité. Les danseurs apprennent énormément sur eux et sur les autres. Sylvain dit souvent qu’à travers le Grand Continental, il a redécouvert la raison pour laquelle il avait décidé de danser. Le simple plaisir de bouger, ensemble.

Et à 375, le plaisir devrait être au rendez-vous jeudi. Comme disent les Mexicains avant un spectacle, ¡Carne al asador ! (RIRES)

https://player.vimeo.com/video/229618146

Pour en savoir plus sur le Grand Continental

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Cet article a été publié dans le Grenier magazine, volume 02, numéro 42.