Il s’avère toujours délicat — voire risqué ! – de parler publiquement de l’âge d’une femme. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit de traiter du trente-cinquième d’une agence de RP fondée par une femme, puis reprise par deux autres femmes ? C’est ce que l’on va découvrir, ici et maintenant.

Mylène Forget, LL. B. Présidente, Massy Forget Langlois

Annie Langlois, Dt. P. ARP, Associée, vice-présidente principale, Massy Forget Langlois

Mesdames, Massy Forget Langlois relations publiques vient d’avoir 35 ans. Dans un secteur comme le vôtre, ce n’est pas rien. Félicitations !

Mylène : Merci Normand ! C’est effectivement rare. Surtout lorsqu’il s’agit d’une boite fondée par une femme. Et reprise par sa propre fille, dix-neuf ans plus tard. Car plusieurs l’ignorent, c’est ta maman, Josette Massy-Forget, qui a fondé la boite. Elle venait de ce milieu ?

Mylène : Non. Josette avait une maitrise en biologie lorsqu’elle a commencé à faire de la vulgarisation scientifique à CKAC aux côtés de Suzanne Lévesque. Progressivement, les gens ont commencé à lui donner des contrats de rédaction. Elle a éventuellement fondé son entreprise. À la maison, dans le bureau ad- jacent à ma chambre à coucher ! (RIRES)

Tu es donc tombée dans les relations publiques étant petite. C’était ton but ?

Mylène : Josette insistait pour que j’aille chercher ma propre expertise. J’ai donc fait mon Barreau, puis j’ai pratiqué pendant un moment. Par la suite, je suis devenue attachée de presse d’un ministre. En 1995, je suis revenue à l’agence pendant 3 ans. Puis j’ai fondé ma propre boite de communication. Avant de retourner une dernière fois à l’agence, cette fois-ci comme actionnaire à 100 %.

Et tu en profites également pour donner naissance à deux belles-petites-filles. Mais en 2003, te voilà seule aux rênes. C’est à ce moment que tu es arrivée, Annie ?

Annie : Juste un peu plus tard. Un bac en nutrition et un certificat en relations publiques m’avaient permis de faire mes griffes chez les Producteurs laitiers du Canada, à l’Ordre professionnel des diététistes du Québec et chez Métro. Je suis arrivée chez Massy Forget en 2007. En 2012, je devenais la seconde associée.

Quel est ton rôle à l’agence ?

Annie : Je chapeaute les secteurs de la communication marketing et de la santé pendant que Mylène s’occupe du volet corporatif/a aires publiques. Je travaille avec la Fédération des producteurs acéricoles du Québec, les Producteurs laitiers du Canada, les Producteurs de bleuets sauvages de l’Amérique du Nord, les produits bio PRANA, le Bureau canadien de l’arachide, les jus Lassonde.

Arrête, j’ai faim ! (RIRES) Outre une saine alimentation, qu’est-ce qui explique votre longévité ?

Mylène : Notre créativité. Notre service personnalisé, de taille humaine. Notre intégrité, aussi. J’adore faire en sorte que tout le monde sorte gagnant, tant notre client que ses propres clients. Ça génère des résultats. Ça crée un lien de confiance. Nos clients restent avec nous.

Après 23 ans de carrière en RP, qu’est-ce qui a le plus changé ?

Mylène : La rapidité d’exécution. L’écosystème des relations publiques s’est étendu de façon formidable au cours des dernières années. Avec la multiplication des médias sociaux et l’influence croissante des blogueurs et autres ambassadeurs, l’information voyage très, très vite. Y compris les fake news.

Mylène : C’est en effet un nouvel enjeu. Il faut être en mesure d’identifier rapidement les sources de ces réalités alternatives et de colmater les brèches avec la bonne information. La nouvelle technologie est devenue essentielle.

On est loin de l’époque de l’ordinateur monochrome de Josette, hein ? Que reste-t-il de son infuence ?

Mylène : Josette fait encore partie intégrante de la culture de l’entreprise. Elle était une femme de tête, une fonceuse. Outre son boulot, elle était très active quant à la situation des femmes, notamment au travail. Elle faisait partie du comité qui a ouvert les portes du Club St-Denis aux femmes.

Annie : Ce souci d’implication sociale est encore présent. Je suis sur le conseil d’administration de la Fondation de Rue des Femmes et du Dispensaire diététique de Montréal, un organisme qui vient en aide aux femmes enceintes. Mylène est sur le CA de Pro Bono Québec et du Grand Sentier Transcanadien. On donne aussi régulièrement des conférences sur le thème des femmes en a aire, de la relève.

Parlant relève. Il y a eu Josette. Puis toi, Mylène. Est-ce que dans 10 ans, on va voir tes filles débarquer ?

Mylène : C’est drôle que tu dises ça, parce qu’hier, c’était la rentrée scolaire. Et dans le petit document descriptif que ma fille avait rempli pour se présenter aux autres élèves, à la rubrique « profession future », elle a inscrit « relations publiques ». J’ignorais ça !

Bonne nouvelle, vous pourrez donc annoncer votre nouvelle associée lors du 45e ! D’ici là, célébrez bien ça le 14 septembre. Car c’est à 35 ans que les agences sont belles. ;)

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Cet article a été publié dans le Grenier magazine, volume 02, numéro 43.