Crédit photo : Donald Robitaille

Une agence de stratégie numérique montréalaise se spécialise dans le maintien du dialogue entre les entreprises et le public dans une approche qualifiée d’humainement numérique. Entretien sur l’art de la sensibilisation aux projets citoyens en compagnie de Sophie Labelle, associée chez AVENUE 8.

Sophie Labelle sort d’un important pitch au moment où elle retourne l’appel du Grenier magazine. Il est 14h15, un vendredi, et la journée est encore loin d’être terminée pour l’associée, spécialiste en conseil et stratégie numérique, de chez AVENUE 8. « Pas de presse, je peux prendre le temps de vous jaser, rassure-t-elle. Ici, on passe nos journées à échanger par l’entremise du web. Ça me fait plaisir de vous parler de vive voix. »

Une journée comme une autre, ou presque, pour celle qui œuvre à développer le dialogue numérique entre le public et les entreprises. « Pas n’importe quelle sorte d’entreprise, précise-t-elle. AVENUE 8 se spécialise dans les mandats parapublics. Nos clients sont des villes, des causes, des gouvernements. Nous travaillons en ce moment sur la stratégie numérique du nouveau pont Champlain ainsi qu’avec le Conseil québécois sur le tabac et la santé. On développe des stratégies pour s’assurer qu’il y ait un lien numérique fort et humain entre l’entreprise et les gens. »

Sensibilisation

Et avec quelle signature l’entreprise AVENUE 8 le fait-elle ? « Notre ADN, c’est d’être humainement numérique, enchaîne Sophie. Pas le choix, car nos mandats sont généralement émotifs. Ils défendent des projets de société qui peuvent polariser. Les gens ont besoin d’échanger avec les hautes instances qui prennent des décisions, qui engendre les initiatives. Et le web et les réseaux sociaux demeurent (et resteront) le meilleur canal de communication. » Assurer la stratégie numérique de mandats citoyens comportet- il des risques ? « Des risques, non, tranche-t- elle. Le grand défi, par contre, c’est de trouver le juste ton pour nous adresser au public. L’important est de savoir rester dans l’émotion sans ne jamais oublier le message qu’il faut faire passer. Mais la sensibilisation et le relationnel, c’est notre dada. On ouvre les discussions et on donne le moyen aux entreprises de s’entretenir avec le grand public pour entendre et répondre à ses questions. Il faut faire vivre le projet dans la communauté web. »

Sophie Labelle, Associée, AVENUE 8

Présence

Que répond Sophie à ceux qui questionneraient encore aujourd’hui la pertinence de faire vivre un personnage corporatif sur le web ? « C’est dans l’intérêt de n’importe quelle entreprise de le faire, lance-t-elle. Le personnage corporatif (ou l’entreprise) sur le web se définit au même titre qu’un individu dans la vraie vie. C’est encore plus vrai avec les médias sociaux. Le personnage corporatif doit désormais entrer dans la discussion et s’adresser aux citoyens au même niveau qu’eux, que ce soit sur Facebook, Twitter ou sur le web. C’est une façon d’instruire, de renseigner, de rassurer. » C’est aussi une façon de s’exposer à la critique, non ? « Absolument, poursuit Sophie, mais se vulnérabiliser, comme marque, nous force à entendre ce que l’on dit sur nous. Qu’elles le veuillent ou non, les entreprises font parler d’elles sur le web et dans les réseaux sociaux. Ma question : préfèrent-elles se mouiller et participer à la discussion ou que celle-ci se déroule dans leur dos ? »

Cohérence

Et quelle est la première étape de leur stratégie ? « On s’assure d’abord de savoir ce qu’on veut dire et à qui on souhaite le dire, poursuit Sophie Labelle. Une fois que nous sommes bien branchés, on s’assure de déployer une stratégie cohérente pour créer la façon d’atteindre les objectifs. Par exemple, plusieurs de nos clients ont déjà leur site web, leur page Facebook, leurs études de référencement ; ils ont essayé plein de choses, mais ils n’ont toujours pas réussi à « s’approprier l’internet ». C’est souvent parce que leurs actions manquent de cohérence. Le virage numérique est terminé, si on peut dire – une grande proportion des entreprises l’a déjà été effectué depuis longtemps. Nous sommes désormais à l’ère du virage de la cohérence. La communication de masse ne fonctionne plus dans la sphère numérique. Il ne faut plus tirer dans toutes les directions, mais plutôt s’adresser comme il se doit à de petits groupes, à des microsociétés. L’important est de se rappeler que le web est beaucoup plus qu’une vitrine : c’est un salon d’échanges, où les citoyens, les clients, veulent obtenir des réponses à leurs questions. »

Pour plus d’informations sur AVENUE 8, visitez le www.avenue8.ca.

Cet article a été publié dans le Grenier magazine (Vol. 2 - Numéro 32 - 1er mai 2017).