La femme d’affaires accomplie qu’est aujourd’hui Caroline Néron a toujours eu l’âme d’une artiste. En 2003, elle fut nominée dans la catégorie meilleure actrice au Gala Artis pour son rôle dans la télésérie Tribu.com.

Qui aurait cru que, l’année suivante, elle troquerait la comédie pour la gestion d’entreprise? De son propre aveu, lorsqu’elle était « juste une artiste » (ndlr : comédienne), Caroline Néron ressentait un manque dans sa vie professionnelle. Elle peut aisément départager l’aspect création de l’aspect gestion, mais il lui faut une balance des deux pour être efficace en entreprise. « Pour être aussi performante en tant que femme d’affaires, j’avais besoin du côté artistique que me procure la création de bijoux et d’accessoires. Si ça n’avait pas été créatif, je ne serais pas là », confie Caroline.

L’ancienne comédienne a d’ailleurs eu à changer d’agents plusieurs fois dans sa carrière d’artiste, puisqu’elle n’arrivait pas à trouver le bon agent, celui qui serait capable de suivre son rythme... jusqu’à ce qu’elle découvre que son meilleur agent, c’était elle-même! C’est donc en 2004 que Caroline Néron décida de se lancer en affaires, un peu sur un coup de tête, mais surtout pour avoir un plan de carrière à plus long terme. « Les carrières d’artistes ont toujours été très éphémères; je voyais plusieurs artistes tomber et je me suis dit qu’un jour, ça pourrait m’arriver à moi aussi. Je devais trouver quelque chose qui me permette de rester créative, tout en étant indépendante financièrement. »

Quand l’idée se transforme en projet


Ayant toujours eu une grande passion pour la mode et les bijoux, le choix de lancer sa propre marque s’est donc fait naturellement, lors d’un voyage à Las Vegas. C’est en magasinant des bijoux dans la ville du vice que le déclic s’est fait; elle allait lancer sa propre collection. « Au départ, je ne connaissais rien. Je savais le style de bijoux que je voulais faire, mais je ne savais rien de la conception ou de la réalisation. J’ai donc contacté une designer pour qu’elle m’aide à lancer ma première collection. J’ai tout appris au fur et à mesure, mais j’ai surtout rapidement appris à devenir designer de bijoux, afin de pouvoir tout faire par moi-même. Dès ma deuxième collection, je n’ai plus eu besoin d’aide ! »

Aujourd’hui, la compagnie Bijoux Caroline Néron a douze ans. Lorsqu’on lui demande quels ont été ses meilleurs et ses pires coups dans l’évolution de son entreprise, la principale intéressée est catégorique : « Les pires coups en affaires sont souvent ceux qui t’apprennent le plus. Il n’y a pas de mauvais coup, il y a simplement des “moins bons coups” ». Son « moins bon coup » en affaires lui aura donc permis de réaliser son meilleur coup. C’est en décembre 2006, avec plein d’idées pour développer sa compagnie à l’international, que Caroline Néron décide d’aller chercher son premier prêt à la banque pour ouvrir un kiosque aux Galeries Lafayette et à quatre autres points de vente à Paris. Un mois plus tard, le prêt de 300 000 $ qu’on lui avait octroyé s’était déjà évaporé en fumée. Ses bijoux se vendaient bien, mais pas assez pour couvrir les frais d’exploitation. C’est en revenant au Québec, et dans l’objectif de rembourser son prêt, qu’elle tente le tout pour tout et qu’elle ouvre son premier kiosque au Québec, ce qui s’est avéré être son meilleur coup en carrière!

Savoir suivre son instinct


En 2009, la compagnie vendait à une cinquantaine de distributeurs, mais pas directement aux consommateurs. L’idée de Caroline, à ce moment-là, fut d’ouvrir un kiosque et de vendre ses produits directement à sa clientèle : bref, sans intermédiaire. « En “retail”, lorsqu’on ne vend qu’à des distributeurs, ce sont eux qui choisissent quels produits ils t’achètent pour ensuite les revendre à leur tour dans leurs magasins. Je préférais prendre le pouls de mes consommateurs et, ainsi, savoir quels produits se vendaient réellement le mieux. »

Malgré les avertissements de son comptable qui lui prédisait la faillite, la femme d’affaires ouvre son premier kiosque au Carrefour Laval. Au bout d’un mois seulement, le kiosque Bijoux Caroline Néron est numéro un dans la catégorie bijoux et accessoires dans ledit centre commercial. Le succès fut plus qu’instantané, et on peut dire que l’instinct de Caroline était déjà très bon! « En voyant que la réaction était bonne suite à l’ouverture de mon premier kiosque, j’ai décidé d’ouvrir trois autres points de vente avant Noël 2009. Cette année-là, je suis passée de 900 000 $ à 10 millions de chiffre d’affaires. »

S’adapter à la réalité d’aujourd’hui


Aujourd’hui, la compagnie Bijoux Caroline Néron compte 50 points de vente au Québec, 16 boutiques, 4 franchises, 80 points de vente en Europe et un site transactionnel. Selon la designer de bijoux, en tenant compte de la nouvelle façon de magasiner des consommateurs et de la dure réalité du commerce de détail, il est plus que jamais pertinent pour une marque d’avoir un site transactionnel. Il s’agit d’ailleurs de sa « boutique la plus performante » en termes de ventes. « Un site transactionnel, ce que ça permet, c’est de présenter ta ligne au complet : c’est une super vitrine et un parfait complément aux boutiques. Je ne nierai pas que la façon de magasiner a changé, et c’est pourquoi les retailers ont besoin de rendre l’expérience de magasinage encore plus pertinente en magasin. On a donc changé le concept de nos boutiques et, maintenant, les clients ont accès à tous les produits, qui sont pour la plupart hors comptoir, et peuvent les essayer. Il y a aussi des iPad pour voir la ligne au complet et pour pouvoir commander en ligne. Tous nos magasins vont être appelés à changer pour répondre à cette nouvelle réalité. Le monde du commerce de détail a changé, oui, mais on ne remplacera jamais l’expérience en magasin par un ordinateur! »

La femme d’affaires confie qu’elle adore créer des collections capsules et des bijoux spéciaux dans le cadre de fêtes thématiques. Un peu à la manière des restaurants qui veulent rendre l’expérience de leurs clients différente le soir de la Saint-Valentin en n’offrant pas le même menu qu’à l’habitude, une collection thématique de bijoux, offerte seulement à certaines périodes de l’année, c’est tout aussi pertinent pour souligner une occasion spéciale!

« Dans le bijou, Noël, la Saint-Valentin et la fête des Mères sont toutes des fêtes qui fonctionnent très bien. J’adore créer des produits spéciaux pour chaque fête; je pense que ce sont de belles occasions de faire différent. Pour une femme, le fait de recevoir un collier qui dit “je t’aime” à l’occasion de la fête de l’amour, je trouve ça extraordinaire ! En créant des collections capsules pour les fêtes, je donne un deuxième niveau à un produit; il n’est pas juste beau, il signifie désormais quelque chose. C’est encore mieux ! » Dans les prochains mois, plus précisément en mai, Caroline Néron ouvrira une nouvelle boutique au West Edmonton Mall. Ce n’est qu’un début pour ce qui est de l’expansion de la compagnie Bijoux Caroline Néron à travers le Canada. La suite? Les États-Unis…


Article paru dans le Grenier magazine du 15 février. Pour vous abonner, cliquez ici.