Ian Lafrenière œuvre au sein de la Section des communications et relations médias du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) depuis 18 ans. Discussion en compagnie de l’un des principaux visages de la police de Montréal.

« On a mis trop de temps avant de vous rappeler, s’excuse d’entrée de jeu la voix au bout du fil. Désolé d’avoir été si long, c’est une période mouvementée. » Ces mots sont ceux du commandant Ian Lafrenière, figure de proue des relations médiatiques du SPVM, que le Grenier magazine essayait tant bien que mal de joindre depuis quelques semaines. Cette période mouvementée, quant à elle, fait bien sûr référence à la foulée des événements tragiques de Paris, mais aussi aux retombés de la récente rafle des têtes dirigeantes du crime organisé montréalais, l’une des opérations policières les plus médiatisées de l’année. [NDLR : L'article a été publié dans le Grenier magazine du 21 novembre 2015.] Au moment de nous parler, Lafrenière en est à sa troisième, voire quatrième entrevue de la matinée, mais il sait s’adresser à son interlocuteur avec la chaleur et l’affabilité de celui qui tient à vous faire sentir important. Une démonstration de communication dans toute sa superbe!

Ian Lafrenière


Relations médias en continu


Tout au long de l’entretien, Lafrenière reviendra à quelques reprises sur ces situations qui commandent des actions médiatiques rapides et ciblées. « Nous venons d’en traverser deux en l’espace de quelques jours, rappelle-t-il. Relayer l’information ne sert pas qu’à assouvir la curiosité du citoyen, elle sert aussi à le rassurer. Pas en lui racontant de belles histoires, au contraire, mais bien en lui donnant l’heure juste. » Normal, donc, que la Section des communications du SPVM soit l’un des services de relations médiatiques les plus sollicités au pays. « Nos agents doivent traiter plus de 25 000 appels de journalistes par année, affirme Lafrenière, pour un total d’environ 3000 entrevues accordées. À la blague, je dis souvent que notre service travaille à la cadence d’un forfait cellulaire : de jour, évidemment, mais aussi de façon illimitée les soirs et les weekends! » Il demeure cependant difficile de tracer le portrait d’une journée type. « Je peux vous dire qu’elle débute vers 5 heures 30, affirme le commandant. On nous met au parfum de ce qui s’est produit pendant la nuit, on prend connaissance des journaux. Le gros de l’action a lieu entre 6 et 9 heures le matin. On constate ensuite une petite accalmie pendant la diffusion des principaux bulletins d’information. »


Comprendre d’abord, informer ensuite


Ian Lafrenière ne fait évidemment pas cavalier seul au sein de la Section des communications du SPVM. « J’insiste souvent sur la notion du travail d’équipe, affirme-t-il. Notre section est un corps composé de vingt-quatre employés, soit neuf policiers en uniforme et quinze employés civils. Nous avons l’un des rares services de communications à avoir des relationnistes sur le terrain en permanence. Lorsqu’un événement majeur se déroule à l’angle de Berri et René-Lévesque, en pleine nuit, ce sont eux qui se déplacent pour assurer les suivis médiatiques. » Le SPVM compte aussi sur des porte-paroles capables de s’adresser au public en plusieurs langues. « À Montréal, c’est essentiel, enchaîne Lafrenière. Récemment, l’affaire Magnotta a eu des répercussions à travers le monde – et même jusqu’en Chine, en raison de l’origine de la victime. Nous avons donc eu à répondre à des questions qui nous étaient adressées autant en mandarin qu’en italien, et même en allemand. » Selon le commandant, le fait de s’adresser aux médias ne représente toutefois qu’une petite portion des responsabilités de sa section : « Le job de porte-parole n’équivaut qu’à 5 % de nos tâches, estime-t-il. Avant de communiquer l’information, il faut d’abord la recueillir, l’analyser et, surtout, la comprendre. »


Mot d’ordre : transparence


Lafrenière ne fait aucune distinction entre les policiers membres de la Section des communications et les autres. « Nous sommes tous investis du même devoir de protection, affirme-t-il. Il faut que tu sois un vrai passionné de relations médiatiques pour intégrer notre équipe, car cela demande un bon deux ans de formation supplémentaire. On s’occupe autant des communications internes qu’externes. Sur les scènes de crimes, on s’occupe aussi de la gestion des médias. » Lafrenière revient toutefois rapidement sur sa dernière déclaration. « Par gestion des médias, je parle ici de collaboration, et non de contrôle, tient-il à préciser. Nous sommes là pour faire le compte-rendu le plus transparent et le plus efficace qui soit au public. Si tu commets une erreur, ou si tu n’as pas d’information substantielle à communiquer, tu le dis quand même. Aux communications du SPVM, chaque journée est un retour à la case départ : on agit chaque fois comme si on avait tout à prouver. Il en va de la confiance que le public a en nous. Comme porte-parole de la police, la crédibilité, c’est tout ce que tu possèdes. »


Article paru dans le Grenier magazine du 21 novembre 2015. Pour vous abonner, cliquez ici.