Le vocable austérité circulent abondamment. Certains tiennent mordicus à son application d'autres en contestent les fondements, l'efficacité.

Autour de vous, si vous voulez savoir qui est en faveur de telles mesures, parlez simplement d'austérité pour décrire la gestion du gouvernement Couillard. Les adeptes répondront avec une sagesse un brin maniérée: «Il faudrait s'entendre sur la définition qu'on donne au terme austérité.»

Le recueil L'austérité au temps de l'abondance ne s'enfarge pas dans les fleurs du tapis semées par ceux qui voudraient défendre le modèle Couillard. Parmi les auteurs ayant collaboré au présent recueil on retrouve les Alain Deneault, Gabriel Nadeau-Dubois et Éric Pineault, pour ne nommer que ceux-là.

Gabriel Nadeau-Dubois d'ailleurs ne se gêne nullement pour critiquer même envers ceux qui pourraient s'avérer ses frères d'arme: «Pendant que la gauche se «citoyennise» et se replie sur la défense des minorités et la lutte contre la discrimination, ceux qui gouvernent sont restés lucides: les ultrariches ont compris qu'ils ont tout à gagner, comme groupe, à nous convaincre que nous n'existons que comme individus.»

Chaque texte n'est pas nécessairement habité d'une rhétorique implacable pour répondre aux défenseurs de l'austérité. Certains essayistes dénoncent quand même avec justesse le ton condescendant de la classe politique nous vantant les vertus paternalistes de sa gestion à la petite semaine. Tel s'exécuterait un bon père de famille soucieux de ne pas dilapider le trésor public mais silencieux sur les grandes corporations épargnés par les coupures.

Ce qui ressort en filigrane de l'ensemble c'est qu'il faut, pour appliquer les mesures d'austérité, s'en prendre aux citoyens qui doivent sans cesse recalculer leur budget pour s'agencer avec les nouvelles mesures budgétaires annoncées semaines après semaines.

Et le tout servi par un parti qui s'autoproclame le parti de l'économie, affaiblissant même la crédibilité de cette science humaine en la discréditant. Comme si la science économique ne dévoilait qu'un seul visage, celui d'un absolu néolibéral.

Les auteurs réunis dans L'austérité au temps de l'abondance ne sont pas sans savoir que Philippe Couillard consulte ardemment son agenda. Tout marqué qu'il est par l'essai The fourth revolutionJohn Micklethwait et Adrian Wooldridge prônaient ni plus ni moins de remettre aux poubelles de l'histoire toutes formes d'État-Providence. Plus dogmatique que son prédécesseur Jean Charest sur les questions économiques, il devrait s'en tenir à son plan. Et il s'est entouré de compagnons de route idéologiques.

Étrangement, ces chantres des politiques d'austérité font la sourde oreille quand on leur rappelle que leurs idoles du FMI et de l'OCDE admettent l'inefficacité d'un tel régime.

L'austérité au temps de l'abondance
Collectif
Liberté en poche