Les élus des 11 municipalités de la MRC de Roussillon en Montérégie demandent à Québec de modifier la Loi sur les cités et villes, afin de ne plus avoir l'obligation de publier leurs avis publics dans les journaux hebdomadaires locaux. Ils proposent plutôt de les publier sur leur site web municipal, prétextant le choix budgétaire et le fait que le papier est «mort».

Cette demande soulève trois enjeux majeurs:

1) L’obligation de protéger le droit du public en matière d’information municipale en s’assurant que toute la population puisse avoir accès aux avis publics;

2) Dans la foulée de la Commission Charbonneau et de la perception que celle-ci a engendrée autour du milieu municipal, le renforcement, sinon le maintien des règles qui obligent les administrations publiques à faire preuve de transparence;

3) Face à la rareté des médias d’information qui traitent des nouvelles locales, la capacité de maintenir viables dans les régions du Québec les hebdomadaires imprimés, un véhicule d’information essentiel en région, voire même un outil de vitalité démocratique et économique.

Les avis publics permettent aux citoyens de se mobiliser par rapport à des enjeux locaux qui peuvent les affecter dans leur vie de tous les jours. Sans les avis publics, les résidents de Saint-Sauveur dans les Laurentides auraient-ils eu l’opportunité de bloquer un projet de dézonage pour accueillir un mégacentre Canadian Tire qui aurait à la fois défiguré ce village pittoresque tout en tuant le commerce local? Des exemples comme ceux-ci on en compte des dizaines, voire des centaines au Québec, année après année.

Les avis publics forcent les municipalités à faire preuve de transparence dans leur gestion et ils constituent un chien de garde contre les abus et la corruption.

Les élus de la Montérégie estiment que le fait de publier les avis publics sur les sites internet des municipalités est suffisant. Qui ira voir toutes les semaines les avis publics? À peu près personne, j’en parie ma chemise!

La Commission Charbonneau nous a enseigné qu’il existait plusieurs irrégularités dans la gestion des municipalités. Ont-elles déjà oublié tout ce que nous avons appris lors de ces audiences? Peut-on penser que cette initiative soit fort maladroite alors que la poussière de la Commission n’est pas encore retombée? Doit-on voir dans cette proposition un manque de respect flagrant du citoyen payeur de taxes?

Chose certaine, les journaux locaux en format papier constituent encore le meilleur véhicule pour informer le citoyen, avec ses six millions d’exemplaires distribués dans près de 100% des foyers de la province. D’ailleurs, le tirage de nos publications ne cesse de croitre partout au Québec et collectivement, les hebdos locaux permettent de rejoindre jusqu’à 93% des populations locales toutes les semaines.

Trouvez-moi le site internet d’une municipalité qui peut en offrir autant…