«KOI de 9 CHEZ LES JEUNES» - PAR VIRUS1334.COM

Blogue sur le marketing jeunesse

Quel objet utilisé quotidiennement sert à la fois au transport, à la protection, à la conservation, à l’identification, à l’information ou encore à la publicité de divers produits? Il s’agit effectivement des emballages qui, il faut le reconnaître, sont omniprésents et indispensables à notre vie de tous les jours. Mais, ils ne sont pas sans conséquences écologiques. En effet, nul ne peut ignorer que la vie d’un emballage s’achève nécessairement dans une poubelle ou, dans le meilleur des cas, dans un bac de tri sélectif. Au Québec, on jette environ 600 000 tonnes de déchets d’emballages par an dont la moitié seulement est recyclée.

Ce sujet d'actualité s'adresse tout particulièrement à la jeune génération, qui va devoir adopter un comportement et une éducation plus environnementaliste que ses parents pour garantir la qualité de vie des générations futures. Il est alors légitime de se demander s’il n’existe pas des moyens réels pour réduire ces perpétuels déchets? La question se pose d’autant plus à cette époque de l’année, puisque tous les ans, à Noël, d’énormes quantités de papiers, de rubans, d’emballages de toutes sortes sont jetés et n’ont pour la plupart été utilisés qu’une seule fois.

En généralisant l’usage du panier de recyclage et la consigne pour les bouteilles de bière, et en votant en 2005 un règlement qui institue un régime de compensation au bénéfice des municipalités obligeant les entreprises à payer 50% des coûts nets du recyclage, le gouvernement du Québec a fait un premier pas en avant. Mais, en tant qu’entreprises, consommateurs et surtout jeunes consommateurs, que peut-on faire de plus?

Sensibilisation des consommateurs
Selon l'Observatoire de la consommation responsable de l'Université de Sherbrooke, 80% des Québécois interrogés ont des habitudes de recyclage et de tri sélectif bien ancrées dans leur quotidien. Cependant, prise dans un contexte plus large, cette étude montre que seulement 64% des Québécois ont une consommation responsable (ce qui comprend le recyclage mais aussi la baisse de la consommation et l’achat de proximité). De plus, la jeune génération Y (née entre 1979 et 1995) représente le groupe de consommateurs le moins responsable bien qu’il soit pourtant le premier concerné.

L’étude précédente révèle que les Québécois sont majoritairement bien formés aux gestes de recyclage. Mais sont-ils suffisamment informés? Privilégier des emballages fabriqués à partir de matières recyclées ou des emballages recyclables, c’est bien, mais ce n’est pas tout! Prenons un exemple simple: si un emballage est fabriqué à partir de fibres recyclées, mais qu’il a pris deux fois plus d‘énergies à produire ou encore qu’il a été fabriqué en Europe, qu’en est-il? C’est à ce type de questions (sans réponses pour la plupart) que les consommateurs sont confrontés quotidiennement. Comment amener les consommateurs et, tout particulièrement, les jeunes consommateurs à faire des choix éclairés en terme d’emballage afin qu’ils adoptent des habitudes de consommation responsable complémentaires à leurs bonnes habitudes de recyclage?

Une solution serait de conscientiser les consommateurs et les jeunes sur le fait qu’il est nécessaire de prêter attention aux emballages des produits, voire de leur donner une importance significative lors du processus d’achat. En effet, ils représentent en moyenne 15% du prix: c’est la raison pour laquelle il est essentiel de leur faire comprendre que les emballages ne sont pas uniquement des déchets mais peuvent devenir grâce à eux de la matière première à recycler, une ressource renouvelable. L’organisme ENvironnement JEUnesse, entièrement composé de jeunes, est un exemple en la matière. En effet, il propose notamment un site internet informatif, des formations sur la gestion écologique des déchets-ressources, des concours ou encore un programme de récupération et de compostage en milieu scolaire. C’est une remarquable façon d’amener les jeunes à une réflexion environnementale de manière ludique. Cette prise de conscience des consommateurs, et d’autant plus ceux de la jeune génération, est cruciale car ils possèdent un pouvoir d’influence considérable auprès des industriels, des marques et de l’environnement qui les entoure. En effet, se sont eux qui sont à l’origine des tendances, des types de produits commercialisés, de la manière dont ils le sont et de leurs conséquences sur l’environnement. Les marques, les entreprises et les industriels suivent les demandes et besoins des consommateurs et cherchent à toujours à mieux les satisfaire.

Des gestes simples alliant originalité et créativité peuvent être faits pendant le temps des fêtes, propice à une surconsommation d’emballages. Faire plaisir à vos proches et à vos enfants tout en les sensibilisant à la sauvegarde de la planète, c’est possible: • Optez pour des cadeaux dématérialisés (tels que des activités variées, des billets pour des spectacle, etc.) ou encore des cadeaux responsables (une carafe d’eau, un composteur, etc.);
• Privilégiez du papier-cadeau créatif en utilisant du papier journal, du papier kraft, des chutes de tissu ou encore des boîtes en carton. Si vous préférez le papier cadeau traditionnel, choisissez du papier recyclé et évitez ceux qui sont pailletés, métallisés et plastifiés. Et surtout, réutilisez vos emballages pour d’autres occasions;
• Pour le menu des fêtes, favorisez les produits frais sans emballage et n’utilisez pas d’objets à usage unique (ustensiles en plastique, assiettes en carton, etc.). Et bien sûr, magasinez près de chez vous en vous servant de sacs réutilisables.

Du côté des entreprises, l’union fait la force
Précédemment, on évoquait l’importance et la responsabilité des consommateurs en matière de recyclage, mais les créateurs d’emballages, les entreprises en tout genre et les industriels n’ont-ils pas eux aussi le pouvoir d’améliorer les choses?

Une étroite collaboration entre les différents maillons de la chaîne de création des emballages (les producteurs de matériaux, les fabricants d’emballages, les créateurs, l’entreprise pour qui est réalisé l’emballage, ceux qui les commercialisent, etc.) permet de profiter du savoir et des compétences de chacun. Pour aboutir à un résultat judicieux et innovant, une bonne complicité et un mélange des démarches sont indispensables. Cela passe par l’intégration de trois concepts essentiels: la règle des 3 R-V, l’éco-conception et l’éco-design. Les 3 R-V consistent à diminuer les matières et les ressources requises pour produire un emballage, à le réemployer, et à le recycler ou le valoriser lorsqu’il n’est plus utilisé. L’éco-conception est la démarche industrielle qui vise à minimiser les impacts sur l’environnement lors de sa production et tout au long de son cycle de vie (de la production à l'élimination en passant par l'utilisation du produit). L’éco-design (également appelé design responsable, design écologique ou encore design durable) quant à lui, est l’intégration créative dans le design du produit des paramètres liés à l’éco-conception.

Il est de la responsabilité de l’ensemble de ces acteurs de s’assurer que l’emballage est réalisé à partir des matériaux les plus écologiques possible, qu’il est produit et distribué en limitant les impacts environnementaux et qu’il va fournir aux consommateurs toutes les informations pertinentes pour améliorer et faciliter leurs habitudes de recyclage. Celles-ci doivent être simples, claires et précises pour qu’elles soient accessibles et compréhensibles par les plus jeunes. Par exemple, le designer, lorsqu’il s’agit d’emballages composés d’éléments hétérogènes, doit aider le consommateur à identifier les différents matériaux et à les séparer aisément. Investir dans des emballages responsables n’est pas uniquement profitable à la planète mais peut également l’être pour une entreprise. D’un point de vue économique, l’éco-conception peut permettre de réduire les coûts de production d’un emballage, ce qui n’est pas négligeable puisque, comme évoqué plus haut, celui-ci représente en moyenne 15% du prix du produit. D’un point de vue communicationnel, l’éco-design est une opportunité à prendre pour se démarquer de la compétition ou pour faire évoluer son image.

Voici quelques exemples d’emballages responsables, à la fois ludiques, créatifs et ayant un pouvoir de sensibilisation incontestable, proposés par Sylvain Allard, professeur à l’école de design de l’UQAM, qui dispense un cours où les étudiants sont amenés à revisiter les emballages traditionnels :
• Conférer à l’emballage de pâtes une fonction de mesure de portion et un design attractif pour que celui-ci prenne fièrement sa place sur le comptoir de la cuisine.
• Transformer l’emballage d’une ampoule en abat-jour ou encore en porte-crayon.
• Permettre à l’emballage d’un casque de vélo de devenir une boîte de rangement.

Certaines entreprises ont d’ailleurs déjà emboîté le pas. C’est notamment le cas de Telus avec ses nouveaux emballages faits à 100% de fibres de papier postconsommation; A. Lassonde qui a réduit le poids de ses bouteilles Oasis de 300 ml de 24 g à 18 g; Yves Rocher et ses emballages offrant des écorecharges; les Eaux Naya et ses bouteilles 100% recyclables et composées à 50% de plastique recyclé; la SAQ pour le retrait des sacs à usage unique.

Ce qu’il faut retenir
Selon Sylvain Allard: «Ce ne sont pas les matériaux qu’il faut pointer du doigt, mais l’utilisation qu’on en fait». Ainsi, il n’y a pas vraiment de matériau à privilégier et d’autres à bannir. L’avis de Mario Laquerre, coordonnateur du secteur industrie, commerce et institution (ICI) chez Recyc-Québec, rejoint et complète celui de Sylvain Allard: «Les pires emballages sont ceux des produits de consommation courante, puisque nous les consommons tout le temps. Bien sûr, les ordinateurs sont emballés avec beaucoup de styromousse, mais nous n’achetons pas un ordinateur chaque semaine. Leur emballage n’est jamais aussi polluant que celui des pintes de lait que je consomme en grande quantité pour ma famille. Il faut regarder les flux les plus importants, et non seulement le matériau». Ainsi, il s’agit de prêter d’autant plus attention aux emballages que nous utilisons fréquemment, et cela, tant pour les entreprises que les consommateurs.

Des rayons remplis d’éco-emballages sans complexe qui s’acceptent en tant que déchet à recycler ou à revaloriser, et qui sont porteurs d’informations pour sensibiliser les jeunes et les générations futures à la préservation de l’environnement… c’est pour bientôt? Oui, si les entreprises font des efforts conjoints et si les consommateurs en font de plus en plus la demande.