S’il n’a pas fait les manchettes comme le Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty, Brève histoire de l’économie mondiale n’est pas pour autant dépourvu d’informations pertinentes pour comprendre le cheminement des économies de marchés à travers l’histoire du dernier millénaire.

Préfacé par l’omniprésent Pierre Fortin, ce guide retrace l’évolution des sociétés à la suite de l’apparition d’une certaine idée de la croissance, autour de 1300, qui transforma les comportements économiques(consommation, travail, import-export). Non, l’idée de faire du profit à tout prix et de s’enrichir à tout vent n’est pas nécessairement apparue avec l’humanité elle-même.

Robert C. Allen demeure prudent dans ses analyses. S’il dénonce habilement certains biais idéologiques issus de certains courants économiques, il expose les différentes interprétations, permettant au lecteur de tirer ses propres conclusions.

Une lecture du bouquin permet d’élucider, quoique partiellement, certains mystères économiques concernant les inégalités qui semblent régner sur le monde depuis toujours. Si les explications “culturelles” de Max Weber et l’éthique protestante ne suffisent plus, Robert C. Allen fait remonter le phénomène à des causes géostratégiques et politiques pour expliquer par exemple que l’Amérique du Sud n’a pu soutenir le même rythme de développement que l’Amérique du Nord. Le climat, certes, continue de jouer dans cet état du monde. Les sécheresses, le manque de diversité de certains sols, demeurent un facteur non négligeable de la paupérisation. Surtout dans les contrées où le secteur tertiaire ou quaternaire n’a plus se développer faute de moyens.

Robert C. Allen avance aussi que les poussées économiques et les périodes de prospérité qui s’en suivirent ont été souvent entraîné par la prise en charge de l’État(en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux États-Unis). Gageons que du côté de Québec et d’Ottawa, on ne s’encombre pas trop de ses leçons de l’histoire. Comme quoi les libertariens se réclamant tant et tant du libéralisme classique(comme s’il représentait une quelconque pureté didactique originelle) n’ont retenu que ce qui faisait leur bonheur idéologique.

On constatera qu’il n’existe pas de formules magiques pour mener un peuple à la prospérité. Si les tarifs douaniers élevés et une bonne dose de protectionnisme ont joué en faveur de certains pays en certaines époques(les États-Unis), ces mêmes tactiques ont désavantagé d’autres régions du monde.

Les explications sociohistoriques fournies dans Brève histoire de l’économie mondiale peuvent agréablement vous servir à répondre à votre beau-frère entêté qui ne cesse de blâmer les pays pauvres d’être responsables de leur malheur tout en réclamant davantage de coupures et d’austérité budgétaire. Et tant mieux si votre beau-frère s’appelle Martin Coiteux.

Brève histoire de l’économie mondiale
Robert C. Allen
Boréal

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Stéphane Plante cumule plus de 20 ans d’expérience en tant qu’animateur, comédien, improvisateur et rédacteur. Il joindre à l'équipe du Grenier aux nouvelles en tant chroniqueur pour décortiquer les bouquins consacrés au monde du travail et à la vie socioécocomique.