Le 7 avril dernier, le Parti québécois tombait et était remplacé par le Parti libéral du Québec. Enfin, vous êtes-vous dit, puisque vous êtes d’allégeance libérale et que vous aurez désormais de bons contacts un peu partout à travers le gouvernement pour faire avancer les dossiers de vos clients. Vous connaissez même le nouveau chef de cabinet du premier ministre, que vous avez rencontré dans un cocktail récemment. L’affaire est ketchup, comme on dit? Ce genre de pensée magique, combien de fois depuis le 7 avril en ai-je entendu?

Pas si vite, parce que j’ai une avance sur vous: je connais le nom de tous les ministres, de tous les chefs de cabinets et de tous les attachés de presse du gouvernement en place. Cependant, cette information n’est pas difficile à trouver: quelques minutes sur le site web du premier ministre suffisent. Évidemment, la notion de contact peut vous permettre de vous placer en haut de la liste des gens à rappeler. Malgré tout, je m’oblige à ne pas suggérer une proximité lorsque vous m’interpellez comme professionnelle.

Il faut arrêter de croire que d’être consultant en relations gouvernementales (ou en lobbyisme) n’est qu’une affaire de cocktails et de soirées mondaines; il s’agit d’une réelle profession. Les relations gouvernementales ne peuvent pas être improvisées, elles doivent être absolument planifiées de manière stratégique. Le succès d’une opération de relations gouvernementales repose sur une stratégie minutieusement planifiée, avec des objectifs et un plan. Et oui, un réseau de contacts bien établi est important pour la réussite de ces objectifs, mais il n’est pas tout.

Voici quelques conseils pour bien réussir un plan de relations gouvernementales:

  • inscrivez-vous au Registre des lobbyistes. Avec la Commission Charbonneau, les titulaires de charges publiques sont plus nerveux et risquent de vous forcer à être inscrit avant de vous rencontrer;
  • assurez-vous de bien identifier l’ensemble des joueurs-clés; ils ne sont pas que politiques;
  • penser à moyen et long terme;
  • n’oubliez jamais que ces personnes-clés sont très occupées;
  • respectez la hiérarchie et assurez-vous d’interpeller les personnes-clés au bon niveau. Vous ne voudriez surtout pas froisser un égo!;
  • finalement, n’hésitez pas à présenter les pistes solutions. Ne mettez pas le singe sur l’épaule du gouvernement!

Si vous êtes convaincu que vous réussirez tout cela simplement en prenant un verre et en serrant une main, vous sous-estimez la complexité des enjeux de l’État, des enjeux politiques et vos propres défis.

En guise de conclusion, je partage avec vous une grande vérité des relations gouvernementales : une très forte majorité des dossiers que vous aurez à régler au cours de votre carrière le seront grâce à des intervenants de première ligne au sein des différents ministères. Moi aussi, je connais le chef de cabinet du nouveau premier ministre. Mais je ne l’appelle jamais.

Par Marie-Claude Lavigne, vice-présidente, Communications d’entreprise, en collaboration avec Olivier Gagnon, chargé de projets chez Cohn & Wolfe | Montréal.