Le funèbre semble m’envahir, moi qui est pourtant si gai, dynamique, un bout-en-train, un bonhomme sourire sur deux pattes. Mon dernier article portait sur la mort de l’école ProMédia, et voilà qu’aujourd’hui, je m’intéresse à la série balado : La mort libre : 10 ans d’aide médical à mourir. Requiescant in pace aeternum.

Le 17 avril dernier, J’ai appris que mon studio (Cactus production sonore) était nommé finaliste aux concours des prix Numix 2025 pour balado — enjeu de société aux côtés de deux productions de Radio-canada Ohdio. J’étais… dans un tel état d’extase, rempli de fierté, excité et propulsé par une belle naïveté, j’osé me projeter allant sur la scène pour recevoir mon futur prix (j’ai beaucoup d’imagination). J’ai passé de longues minutes à préparer des remerciements dignes des plus grands galas (je reste conscient de ma naïveté). Ainsi, le plus naturellement du monde, je me suis mis à fantasmer sur l’idée de gagner ce prix. Que vais-je dire au micro ? Qui devrais-je remercier en premier ? Je ne dois pas oublier personne. Tout le gratin de l’industrie sera dans la salle, je dois être pertinent dans mes remerciements.

Puis, le temps d’une réflexion, la raison me revint ; par chance la petite voix dans ma tête se fit entendre. Pris d’un soudain doute (question d’évaluer mes vraies chances de gagner), je me suis intéressé aux autres balados finalistes avec moi ; plus particulièrement celui qui parle de la mort. Ce projet coche toutes les cases ! Il est pertinent, percutant, engageant, il suscite la réflexion et les discussions et en prime, il est magnifiquement réalisé par Alexandre Sheldon et est porté par l’un de nos plus grands journalistes des quatre dernières décennies au Québec : Alain Gravel. David contre Goliath ! Mes chances de gagner venaient soudainement de chuter (au fond, ma naïveté est peut-être juste une… candeur ?).

Cette série balados en quatre épisodes traite d’un sujet de l’heure qui rejoint tout le monde, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il intéresse ceux et celles qui ne se sentiraient pas encore concernés par la mort. J’enfilé les épisodes et mon oreille de réalisateur y portait une attention chirurgicale quant aux multiples aspects : musique, ambiances, la qualité d’enregistrement des intervenants, les transitions, fondus de sortie, le rythme, le ton, les effets sonores, la ligne conductrice qui nous porte d’un épisode à l’autre. Le score était élevé. Je sais reconnaitre du beau et du bon.

Bon ! Calmons-nous. Sur le plan du traitement, je retrouve l’ex animateur d’Enquête dans la plus pure tradition du documentaire télé, mais sans images. Personnellement, ça m’agace quand l’animateur me tient un peu trop par la main pour me dire ce que je m’apprête à entendre et qu’il revient pour me redire ce que je viens d’entendre. Allez ! Soyez un peu indulgent, je dois bien trouver quelques travers à cette œuvre remarquable.

J’aurais aimé travailler sur ce projet. Et lors d’un échange avec Alain Gravel et son réalisateur le soir du gala de la remise des prix Numix au Club Soda le 29 mai dernier, je leur ai confié ce sentiment. C’est le genre de production que j’aspire à réaliser. C’est beau, c’est bon, c’est doux, ça respire, ça émeut, à l’occasion ça fait sourire et globalement ça fait réfléchir. L’équipe d’Alain Gravel est repartie avec un Numix ce soir-là. Oh ! J’oubliais. SCOOP ! Alain et son équipe terminent une nouvelle série balado en 10 épisodes et qui va faire beaucoup de bruit !

Jean-François Roy, amoureux du son
Cactus production sonore

Cactus
Crédit photo : merrylbphotographe