Le 15 octobre dernier, Gaétan Frigon, collaborateur à la section Débats de La Presse, écrivait un article intitulé %%%6623397714134%%%. Son texte annonce un ouragan qui balaiera très bientôt le secteur de l’imprimé et de l’imprimerie.

Malheureusement, son papier ne s’appuie sur aucune donnée quantitative, son propos reposant surtout sur des ouï-dires et des perceptions.

Dès 1995, plusieurs peudos-gourous des communications annonçaient la mort des journaux, des magazines et des circulaires, par l’arrivée d’internet. Près de 20 ans plus tard, la catastrophe annoncée ne s’est toujours par produite. Certes, le monde des médias est en profonde mutation, tout comme plusieurs secteurs de notre économie moderne le sont.

Il faut savoir que dans le domaine de la presse hebdomadaire locale, le tirage a augmenté de 69% depuis 2002, le nombre d’exemplaires publiés et distribués par semaine, passant de quatre (4) millions à sept millions d’exemplaires en 2013. Nous sommes à l’opposé d’une situation cataclysmique.

Dans le secteur de la presse quotidienne, il est vrai que le tirage des journaux a diminué, en moyenne de 23% depuis 2006. Par contre, nous observons que le taux de décroissance est sans cesse décroissant depuis 2008. Les quotidiens semblent avoir, selon toute vraisemblance, atteint en quelque sorte le fond du baril à cet égard.

Quant aux magazines, selon Magazines Canada, 72,5 millions d’exemplaires étaient imprimés en 2007 contre 70,3 en 2012. Il y a certes une baisse, mais l’industrie n’est pas à la veille de disparaître elle non plus, car sa masse critique est toujours au rendez-vous.

Monsieur Frigon aborde finalement la question des circulaires dans son article. Il faut savoir que la consultation de ces dernières est régulièrement mesurée par plusieurs études au Canada. L’enquête StatHebdo révélait qu’en 2010, 88% des Québécois avaient consulté des circulaires distribuées dans le Publi-Sac au cours du dernier mois, dont 59%, toutes les semaines. L’enquête StatHebdo révèle d’ailleurs que la consultation de la publicité dans les journaux locaux et les circulaires est en forte progression depuis 2008, car le consommateur recherche le meilleur prix puisque son revenu disponible stagne.

Selon les dires de Guy Crevier, éditeur et président de La Presse, lors d’une conférence prononcée en septembre dernier et organisée par Les Éditions Infopresse, la Presse+ est selon lui un nouveau média et non pas un remplaçant de la version papier du journal, contrairement aux affirmations de monsieur Frigon.

La disparition du papier n’est pas pour demain et l’ouragan annoncé n’aura pas lieu. Au pire, quelques rafales rappelleront aux éditeurs et imprimeurs de continuer d’adapter leur modèle d’affaires aux exigences nouvelles du marché. Et surtout, ne perdons pas de vue l’élément fondamental de l’équation: le lecteur. Lui qui tient encore aujourd’hui, malgré l’Ère numérique, à lire sur son bon «vieux papier»!