Le journalisme d’enquête contribue de façon significative au contenu d’un journal et intéresse les lecteurs par ses textes fouillés et documentés et par ses entrevues, tout en servant l’intérêt du public. Inutile de rappeler que le contenu d’une publication devient le nerf de la guerre, peu importe le média, car il constitue un élément de différenciation et donne de la crédibilité au média d’information.
Exigeant une durée de travail plus longue et des ressources plus importantes, le journalisme d’enquête nécessite des coûts considérables pour un éditeur. Certains journaux évaluent que le coût d’un reportage peut varier entre 12 000$ et 15 000$. Et bien que le journaliste puisse consacrer plusieurs mois de son temps sur un dossier, il peut arriver que ce travail n’aboutisse à rien et ne soit pas publié, ou encore qu’il donne suite à des litiges en libelle diffamatoire lors de la publication des résultats de l’enquête.
Cependant, il est possible de trouver des moyens de financer cette activité journalistique. J’ai lu récemment un article fort intéressant rédigé par Sarah Marshall et publié sur le site Journalism.co.uk qui suggère dix façons de financer le journalisme d’enquête. Voici les moyens proposés par l’auteure:
Le financement par le lecteur
Par cette approche, le journal facture au lecteur une somme d’argent (Ex.: 0,99$ par reportage qu’il souhaite télécharger). Sarah Marshall donne l’exemple du journal Matter qui produit des articles d’au moins 5000 mots, et qui remet un cachet de 7500$ au journaliste, ce qui revient à 1,50$ du mot.
Le «Paywall»
Cette méthode permet au lecteur de lire en ligne une partie du contenu du journal. Pour le reste des contenus disponibles le journal facture une somme mensuelle forfaitaire, souvent de l’ordre de 20$ dans le cas d’un journal vendu.
Les conférences
Le journal peut organiser tous les trois ou quatre mois une série de conférences sur des sujets importants et d’intérêt public à partir des enquêtes réalisées. Le journal peut alors faire commanditer ces conférences et faire appel aux contacts des journalistes pour trouver des conférenciers de renom. Ces conférences attirent alors une clientèle variée, dont des représentants d’autres médias, ce qui accroît la performance de l’événement et l’attrait pour les commanditaires.
La vente de contenus
L’éditeur d’un journal pour vendre divers contenus éditoriaux à d’autres publications ou médias, ou encore à des publications spécialisées et divers organismes selon les sujets traités.
Le journalisme de données ou «data journalism»
Certaines données statistiques recueillies lors du travail de journalisme d’enquête peuvent être vendues à des clientèles spécialisées qui recherchent ce genre d’informations.
Les subventions
Il existe des programmes de subventions accessibles, dont certains pour les journaux communautaires, pouvant aider à payer divers frais reliés au journalisme d’enquête (ex.: certains coûts reliés aux salaires, déplacements, formation, recherches, etc.).
La philanthropie
Dans certains cas, il est possible de faire appel à des donateurs ou à des organismes qui ont à cœur de financer le journalisme d’enquête.
L’association ou le partenariat
L’éditeur d’un journal pourrait évaluer la possibilité de s’associer ou de trouver un partenaire financier pour l’aider à défrayer les coûts reliés au journalisme d’enquête. Les ententes de collaboration intermédia font partie de ce type de financement.
Par Gilber Paquette
Directeur général et directeur marketing
Hebdos Québec