Le 8 janvier dernier, on pouvait lire dans La Presse+ un article titré «Le scalp de la présidente de Harvard»1. L’article exposait la récente démission de la présidente de la réputée université américaine, Claudine Gay, sous la pression de groupes d’extrême droite voulant éliminer les programmes d’EDI. Quelques pages plus loin, toujours dans La Presse+, un autre article2 portait sur les impacts positifs de la diversité dans le jury des Golden Globes. Deux textes qui évoquaient l’importance, voire la pertinence de l’EDI mais avec des positions diamétralement opposées.

Pourtant, il est clair que les impacts de l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) pour la société sont nombreux, interconnectés et ont des implications à plusieurs niveaux, tels que la justice sociale, le développement économique, la santé, l’éducation et la participation citoyenne. Pourquoi donc le débat persiste-t-il?

Deux contextes, deux positions divergentes
Du côté de Harvard, le licenciement de madame Gay n’est qu’un épisode marquant d’une campagne dirigée par des activistes d’extrême droite visant à éliminer les programmes d’EDI aux États-Unis, avec le but ultime d’abolir l’idéologie dans toutes les institutions américaines. L’article expliquait la position de certaines figures politiques conservatrices qui voient dans les programmes d’EDI un levier d’influence négatif affectant le recrutement académique au détriment du mérite. En d’autres mots, que l’EDI est un produit du wokisme et qu’il a des conséquences graves et néfastes sur la liberté des universités, chassant du corps professoral les individus qui s’y opposeraient et imposant des serments d’allégeance à la diversité.

Du côté des Golden Globes, on mettait de l’avant l’importance de l’EDI, en évoquant les changements et l’engagement explicite opérés parmi les membres de leur jury. Ces modifications ont eu un impact significatif sur les artistes en nomination et par le fait même sur la qualité et la représentativité des productions.

À travers la lecture de ces deux articles, il apparaît évident que l’EDI n’est pas simplement un concept, mais un rempart essentiel contre les forces qui cherchent à diviser. Ces deux textes révèlent l’importance de défendre l’EDI pour construire une société équitable, prospère et résiliente.

Un pilier essentiel pour tous les volets de la société
La représentation équitable, diversifiée et inclusive (EDI) n’est pas seulement un facteur culturel, mais aussi un levier stratégique qui a la capacité de façonner et de redéfinir les dynamiques sociales et d’affaires. Plus qu’un simple outil pour façonner l’opinion publique, la représentation EDI a une résonance particulièrement profonde auprès des groupes socialement marginalisés ou sous-représentés. À une époque où les médias et la publicité inondent notre quotidien, l’absence de représentation peut entraîner une invisibilité sociétale et un sentiment d’aliénation. À l’inverse, une représentation fidèle et à l’image de la société peut considérablement améliorer le bien-être et le sentiment d’appartenance de ces individus.

Il ne s’agit pas ici de simples formalités «politiquement correctes» ou de suivre une tendance du moment. C’est une question d’affirmation identitaire et de validation du capital humain que ces groupes apportent au tissu social. Être correctement représenté·e signifie être reconnu·e, entendu·e et valorisé·e. Ce n’est pas un simple défi à relever; c’est aussi une opportunité stratégique formidable. C’est non seulement «bon pour le monde», mais également un avantage compétitif indéniable dans un marché de plus en plus conscient et exigeant.

En nous engageant résolument en faveur de l’EDI, nous reconnaissons la richesse infinie des cultures, des expériences et des perspectives qui composent notre monde. Il s’agit d’une démarche stratégique autant qu’éthique, permettant de capter l’essence véritable de notre époque.

Une question de richesse collective
L’EDI fait assurément couler beaucoup d’encre depuis quelques années, certaines organisations se faisant même accuser de faire du diversity washing pour faire bonne figure. Le débat à Harvard et la position des Golden Globes sur le sujet rappellent le rôle et la pertinence de l’équité, de la diversité et de l’inclusion dans toutes les facettes de la société, y compris les organisations et la culture populaire. Les études démontrent que l’EDI n’est pas seulement une question de justice sociale, mais aussi un facteur essentiel pour stimuler l’innovation, favoriser la croissance économique et promouvoir des cultures plus riches et épanouies. En continuant de valoriser et de défendre l’EDI, nous contribuons à bâtir un avenir plus inclusif et à l’image de la société, au bénéfice de la prospérité collective.

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1 - https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/2024-01-08/decryptage/le-scalp-de-la-presidente-de-harvard.php
2 - https://www.lapresse.ca/cinema/2024-01-07/golden-globes/oppenheimer-et-succession-dominent-une-soiree-pleine-de-surprises.php