Communiquer, ce n’est pas parler. Ce n’est pas non plus montrer la direction. C’est se faire comprendre. Et s’assurer de comprendre l’autre.
On croit que parce que l’on parle, on communique. Rien n’est plus faux!
En entreprise, communiquer, c’est vraiment vital !
Vous pressentez que communiquer repose sur un savoir et la volonté de se soucier de communications. Alors, qu’est-ce que ça veut dire, communiquer?
J’ai interrogé à ce sujet le communicateur et conférencier international Jocelyn Pinet. Il nous fait voyager dans les enjeux de l’entreprise, nous parle d’honnêteté et de respect.
Communiquer: ce mot qu’on ne nomme pas
Il y a des mots qu’on connaît, mais qu’on n’utilise pas assez. Communiquer est de ceux-là.
La communication est un facteur important de mon travail, presque exclusif en fait, mais on ne le nomme pas comme ça.
Quand on m’engage pour donner une conférence sur le leadership, sur le rôle des employés dans une entreprise qui change, ça, c’est le sujet; mais dans le fond, ce que la direction veut, c’est aider les gens à comprendre ce qui se passe. On me dit: «Livre des messages qui vont les aider à comprendre pourquoi on a besoin de changer. Comprendre comment on s’ajuste dans nos façons de travailler, de se parler, d’échanger.» C’est toujours le cœur de ce que je fais. Fondamentalement. Même si on n’appelle pas ça de la communication comme tel.
Comprendre et se faire comprendre
Comme consultant, je travaille avec les gens depuis longtemps. Mon métier, c’est d’aider les gens à comprendre et à se faire comprendre, peu importe le sujet. Comprendre ce que sont les messages à passer, ce qui se passe, pourquoi ça change, ce qu’on doit faire.
En tant que personne, il faut aussi que tu te fasses comprendre. Il faut que tu fasses comprendre ta résistance, il faut que tu fasses comprendre ton opposition, il faut que tu fasses comprendre ta difficulté, il faut que tu fasses comprendre tes objectifs, il faut que tu fasses comprendre ton fonctionnement.
Il faut que tu te fasses comprendre, et ça, ça va dans les deux sens.
Montrer la direction ou communiquer ?
Je travaille souvent avec des patrons qui me disent : « Mais je leur ai dit », en pensant qu’ils ont communiqué. Mais ça, c’est une direction, ce n’est pas de la communication. Communiquer est un mot qu’on utilise tout le temps, mais communiquer, ce n’est pas parler. Ce n’est pas que parler.
Communiquer, c’est aussi s’assurer d’être compris, et quand tu es compris, ça ne veut pas dire pour autant que les gens sont d’accord avec toi, mais au moins tu sais qu’ils ont compris. Et là, tu peux travailler avec une compréhension commune de la chose. Mais tant que tu n’es pas compris, tu n’avances pas.
Croire que le message est clair sans avoir vérifié
Pour se faire comprendre il faut un réel échange, une réelle attention, un réel respect.
Aujourd’hui, dans beaucoup d’entreprises, une des grandes difficultés, c’est que les gens disent des choses sans savoir ce qui est compris. Comme on est à l’ère des technologies rapides, de messages très superficiels, souvent très peu mis en forme — je parle de courriels, je parle de messages visuels —, on essaie de passer plein de trucs en très peu de temps et on ne prend pas le temps de se demander « Qu’est-ce que j’ai dit ? », et surtout « Qu’est-ce que les autres ont compris ? » Ce que j’ai dit, c’est un premier pas, mais si je ne prends pas le temps de voir ce que les autres ont compris, je ne peux pas avancer.
Dans les entreprises, on tient souvent pour acquis que l’autre comprend tout ce qu’on lui a dit, puisque c’était clair… Mais c’est rarement le cas.
Sortir de la dualité « j’ai raison, il a tort »
Dans les rencontres que je fais, quand je demande aux gens quels sont leurs enjeux, il y a toujours des enjeux de communication. Toujours des enjeux de compréhension. Toujours des: «Est-ce qu’on se comprend? Est-ce qu’on respecte le point de vue de l’autre?» Ça ne veut pas dire qu’on est d’accord… Aujourd’hui, on envoie et on reçoit souvent un message superficiel, pour aussitôt basculer dans l’opposition: «J’ai raison, tu as tort.» Comme s’il ne pouvait y avoir deux points de vue qui s’opposent et qui sont tous deux valides. On essaie d’avoir raison l’un sur l’autre, mais communiquer ce n’est pas ça non plus. C’est de se faire comprendre, pas de dire «J’ai raison, tu as tort.»
Le respect, un ingrédient de base
Il y a aussi le respect de l’autre. Le respect de la différence, le respect de la perception de l’autre. Le respect de l’autre dans ce qu’il est ou ce qu’elle est, dans sa façon de voir les choses. Je respecte que cette personne soit différente de moi. Ça ne veut pas dire que je suis d’accord, ça ne veut même pas dire que j’aime ça, mais je dois respecter le fait qu’elle a autant le droit que moi de voir les choses différemment et de penser différemment.
Je peux même aller en guerre si je ne suis vraiment pas d’accord, mais je dois respecter non seulement le droit de l’autre à son opinion, mais le fait qu’il est aussi vrai que moi dans ce qu’il pense et dit. Dans la communication, que ce soit dans un couple, entre deux amis ou entre deux partenaires au travail, il y a à la base le respect de l’autre. Sans respect, ça ne sert à rien, tu ne peux pas communiquer de façon honnête.
La taille de l’entreprise ne change rien
As-tu compris? M’as-tu compris? Qu’as-tu entendu?
Grandes ou petites entreprises, la réalité est toujours la même : celle des personnes qui s’y trouvent. Qui y travaillent. Qui doivent communiquer.
J’ai travaillé à l’international, en Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique. Partout, c’est toujours du monde, c’est juste ça. Que l’entreprise ait 120 000 ou 150 employés, que ce soit une petite entreprise à Montréal ou une grande aux Philippines, c’est partout la même chose : des gens qui travaillent ensemble à faire quelque chose. Est-ce qu’ils le font de façon efficace ? Est-ce qu’ils le font bien ? Dans le plaisir ? Est-ce qu’ils le font en s’entendant ? Est-ce qu’ils le font de façon agile ? De façon rapide ? Quelle que soit l’entreprise, grosse ou petite, ça ne change pas. Ce qui compte, c’est vraiment comment ils s’organisent pour y arriver.
On ne se comprend pas, on veut avoir raison, on ne vérifie pas si on a été clair, si on s’est compris, si on se manque de respect… mais tout le monde s’entend pour dire qu’il y a des enjeux de communication.
Tant mieux! Ça prédispose à mettre en place des solutions. Et elles existent. Elles sont même nombreuses. Nous y reviendrons. Parce que les communications en entreprise, ça n’est pas un luxe, c’est vital !