Que ce soit à cause du contexte particulier d’embauche depuis la Covid, l’économie fragile ou un plus grand désir de liberté, plusieurs font le grand saut de se partir en affaires, de travailler à leur compte. Être son propre boss et décider de ses projets et ses horaires, pas pire comme pari. Dolly Parton le dit elle-même depuis depuis longtemps déjà, workin' 9 to 5, what a way to make a livin'. Mais le daydreaming de ne pas mettre d’alarme le matin et de travailler avec ses propres conditions s’accompagne aussi des petits cauchemars qu’apportent avec elle la vie de non-salarié·e.

On fait ça comment, de passer d’employé·e à pigiste? C’est ce qu’on a voulu explorer avec Catherine Pépin, consultante, rédactrice et gestionnaire de médias sociaux, qui a récemment fait le choix de se réapproprier les rênes de sa carrière et qui a accepté d’en partager un peu les dessous avec nous.

Qu’est-ce qui t’a fait faire le saut d’employée permanente et ce que ça comprend, à pigiste (et ce que ça comprend — haha)?
Catherine
 : Dès mon arrivée sur le marché du travail en tant qu’adulte, je me sentais un peu prisonnière comme employée… Même après que le télétravail soit la norme ; même avec un horaire flexible ou des conditions de feu ! J’ai toujours aimé jongler entre les projets et ne pas savoir exactement quel sera mon prochain. De me retrouver dans un emploi stable était donc pour moi plus anxiogène qu’autre chose ! 

Les différentes expériences que j’ai eues en 2022 m’ont donné une petite idée de ce que ça pouvait impliquer d’être à mon compte et ça a tout changé. Ça et, m’imaginer retourner dans un emploi sans date de fin me créait vraiment une boule au ventre. J’ai donc décidé de faire le saut après la fin de mon contrat. Je ne savais pas trop par où commencer, mais j’avais toute la motivation du monde à ne pas redevenir employée !

Qu’as-tu mis en place pour faciliter la transition entre ces deux modes de travail?
Catherine
 : Beaucoup de gens autour de moi sont ou ont déjà été pigistes ou entrepreneur·es. Je me suis intéressée à leur parcours, comment il·elles ont commencé, j’ai demandé beaucoup de conseils. Chaque personne que je rencontrais, dans ma vie personnelle ou professionnelle, savait qu’en 2023 j’allais être pigiste. J’en parlais à TOUT LE MONDE. 

J’en ai aussi profité pour appeler au bec pour 1. utiliser les services accessibles par la ligne d’assistance (shameless plug) pour parler à une conseillère en orientation et un conseiller financier pour avoir leur 2 cents et 2. trouver comment MOI je réussis à être productive et à bien travailler. 

Une fois mon contrat terminé et le temps des fêtes passé, je me suis mise en mode réseautage. J’ai contacté les gens rencontrés depuis le début de ma carrière pour annoncer que j’étais à mon compte et quels genres de services j’offrais. J’ai contacté mes anciens employeurs et j’ai continué à en parler autour de moi. Lentement mais sûrement, j’ai été contacté pour des mandats, petits ou grands. Le bouche-à-oreille a beaucoup aidé dans tout ça ! 

Parlons cash. Quels sont les redflags associés au travail à la pige?
Catherine
 : On ne va pas se le cacher, les finances peuvent être compliquées quand on est à la pige ! Les revenus peuvent être parfois imprévisibles. Il y a des mois ou des périodes plus tranquilles, mais aussi, un client peut payer sa facture en retard ou même ne pas la payer ! Ça arrive avec les factures importantes, mais aussi avec les très petites. Ça arrive avec les petits clients, mais aussi les plus gros ! Il faut bien suivre son argent et ne pas avoir peur de faire des suivis quand et tant que c’est nécessaire.

La super comptabilité. Pourquoi et quand s’inscrire aux taxes, quand et comment faire ses déclarations, qu’est-ce qui est plus avantageux dans ma situation, les piles de reçus non classés qui traînent sur le coin du bureau (et que le chat a fait tomber la nuit dernière)… Quand ce n’est pas ta tasse de thé, c’est compliqué, mais ça s’apprend. Ça se fait ! Il y a toujours quelqu’un qui peut aider avec ça, soit parce qu’il·elle est déjà passé par là, soit parce que c’est son travail d’aider avec ça ! 

En quoi ça te spark plus de joy professionnellement?
Catherine
 : Je sens que j’ai le contrôle de mon temps et de ma vie, ce que je ne ressentais pas du tout avant, même dans un environnement flexible. Je peux choisir où, quand, comment et avec qui. Après, je dois tenir mes engagements, mais c’est moi qui ai le contrôle de ça aussi ! 

J’ai eu un peu peur de me sentir seule au début, mais je me rends compte qu’au contraire, le fait de travailler avec plusieurs clients, sur plusieurs projets et de connecter avec d’autres pigistes ou entrepreneur·es faits en sorte que je parle avec encore plus de gens et que mon réseau est de plus en plus diversifié. 

Je me donne le droit d’essayer des choses, de prendre plus de risque, d’apprendre plus de choses que quand je travaillais pour quelqu’un. Je peux miser sur moi à 100% et ça me motive à continuer de grandir. En entreprise, je ne voyais pas ce que je pouvais devenir à long terme. Je regardais les gestionnaires, les team lead avec qui je travaillais et je ne pouvais pas me projeter dans leurs souliers, mais à mon compte, je vois plus de possibilités de me réinventer, de grandir et de devenir quelque chose qui me plaît.

Quelles «idées fausses» reviennent le plus souvent à propos du fait d’être à ton compte?
Catherine
 : Je crois que la remarque que je reçois le plus souvent est que je n’ai pas de contrainte d’horaire (et donc, je peux répondre à tous, tout le temps !). Autant par des proches que des clients. C’est vrai et faux à la fois. Je décide de mes disponibilités pour des appels, des rencontres ou autre, mais je ne suis pas disponible 24/7 comme certain·es aimeraient. Si je ne réponds pas, c’est que je ne peux pas répondre. Si je réponds, c’est que je peux répondre. C’est si simple, mais pour certaines personnes, si difficile à comprendre ! Et puis, non, je ne peux pas toujours être en vacances non plus ! 

Il y a aussi tout ce qui a rapport à mon salaire. Maintenant que je suis à la pige, je dois être tellement riche ou tellement pauvre, dépendant de l’idée préconçue sur le travail à la pige. C’est tellement plus compliqué que mon taux horaire facturé ou le nombre de clients actifs ! 

Dans tes mots, quelle est ta définition du bien-être?
Catherine
 : Pour moi, le bien-être, c’est de trouver son équilibre. Non, pas toujours la respecter, parce que c’est impossible, mais de toujours essayer d’y revenir. L’équilibre entre ce qu’on «doit» faire et ce qu’on «veut» faire. L’équilibre entre le travail, la vie sociale et le self-care. L’équilibre entre la to do list et la fatigue réelle du corps ou du cerveau. Parfois, la sieste d’après-midi ou la journée de congé sont nécessaires pour pouvoir terminer ce qu’on a à faire. Parfois, travailler le soir est nécessaire pour arriver à une longue fin de semaine dans le bois.

Pour en connaître plus Catherine et son parcours, visitez son LinkedIn.

bec

Pour être accompagné·e en matière d’orientation professionnelle, le bec est là pour vous : 1-888-355-5548.