Femme de cœur et d’action, Fannie Perron incarne l’engagement social. Que ce soit à la tête de Plan humain, à la table de divers CA ou encore sur son tapis de yoga, elle partage valeurs, connaissances et contacts avec une générosité dans une classe à part. Détentrice d’un DESS en gestion de HEC Montréal et formée en coaching, elle cumule plus de 20 ans d’expérience auprès d’organisations de toutes tailles et secteurs d’activité. Le bec s’est entretenu avec Fannie pour mieux saisir les fondements et les nuances de la RSE.

La RSE – beaucoup de définitions, beaucoup d’éléments – comment l’expliquerais-tu simplement? 
Fannie:
Il y a plusieurs définitions pour parler de «responsabilité sociale des entreprises» (RSE) mais, pour moi, la plus simple est la suivante: la contribution volontaire des entreprises aux enjeux du développement durable, aussi bien dans leurs activités que dans leurs interactions avec leurs parties prenantes. Elle concerne trois domaines: environnemental, social et sociétal.

Un autre élément important, et qui crée parfois de la confusion quand on parle de RSE, est le ESG. Beaucoup de gens pensent que c’est la même chose, mais non.

  • RSE (responsabilité sociale des entreprises): c’est la mise en pratique des actions durables appliquées par les entreprises. C’est ce qui est qualitatif et ce qui est relié aux engagements et préoccupations internes de l’entreprise.
  • ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance): désigne les critères et les facteurs à prendre en compte pour évaluer une politique de RSE. C’est ce qui est quantitatif et c’est basé sur les exigences externes de l’entreprise.

Si une entreprise veut mettre de l’avant un programme de RSE, elle commence par quoi? 
Fannie:
En premier lieu, l’entreprise doit se poser les bonnes questions: pourquoi voulons-nous mettre en place un programme de RSE? Qu’est-ce que nous voulons vraiment accomplir/modifier/améliorer dans la société avec nos pratiques RSE? Et pourquoi? Quels sont les impacts espérés? Quels sont les engagements que nous voulons prendre en ce sens et que nous voulons mettre en place? Selon moi, sans se poser ces questions, difficile est-il d’initier de véritables changements. Ce sont des questions difficiles certes essentielles pour mettre la base de tout programme.

Il faut ensuite s’assurer d’impliquer toutes les parties prenantes. Sans leurs avis, visions et préoccupations sur la direction voulue, l’entreprise ne réussira pas à créer un impact à long terme. Il est important que l’entreprise laisse une marge de manœuvre à cette étape pour assurer que la stratégie soit en adéquation avec tou·tes, ce qui permet de maximiser les chances de succès d’un programme intelligent et durable.

Par la suite, il faut dédier, intéresser et mobiliser une équipe interne pour porter le projet et ainsi réussir à déployer une stratégie et des actions pérennes. Trop souvent, plusieurs équipes s’occupent d’un morceau du programme (ex. environnement, ou gouvernance) ce qui ne permet pas d’avoir une direction globale. Les actions ont donc moins d’impact. Sans avoir alloué les ressources humaines et matérielles nécessaires pour y arriver, le processus sera plus laborieux… Une équipe RSE, c’est plus qu’une équipe de communication qui cumule les résultats à mettre dans un rapport ESG!

Est-ce que les entreprises ont réellement le pouvoir de changer les choses et d’avoir un impact majeur dans la société?
Fannie:
Définitivement! Il faut le voir comme une chaîne de changement. Cette chaîne créée, avec ses différentes actions, plusieurs engrenages. Cette chaine d’impact que l’entreprise a le pouvoir de créer peut avoir un immense impact si elle est bien pensée et bien intégrée: sur les employé·es, les fournisseurs, les client·es, les actionnaires, etc. Si tout bouge et avance avec ces parties prenantes, l’entreprise pourra même avoir le poids de faire bouger les pouvoirs publics et les OBNL. Grâce à ces actions, elle peut devenir un joueur important dans l’amélioration des enjeux sociaux. Quelles entreprises ne voudraient pas faire tout son possible pour maximiser son impact? C’est certain que pour créer du changement, il y a des ressources humaines, financières, stratégiques, logistiques à impliquer, mais tous ces investissements serviront à apporter beaucoup plus une fois implantés. Tout comme on se demande souvent individuellement si de fermer la lumière va vraiment avoir un impact sur l’enjeu de l’environnement, les entreprises se posent aussi la question si leurs gestes ont des impacts. Et la réponse est oui! Chaque geste posé crée un mouvement; chaque mouvement crée des actions; chaque action en inspire d’autres et c’est ce qui fonde cette grande chaîne humaine d’impact.

Il y a beaucoup de cynisme entourant la RSE, comment l’expliquerais-tu?
Fannie:
Il y a plein de raison qui fait en sorte que les gens, particulièrement les plus jeunes, sont cyniques par rapport aux engagements RSE des entreprises. Beaucoup se disent que les entreprises doivent réparer ce qu’elles ont elles-mêmes créé. Une compagnie comme LEGO, par exemple, qui s’engage à éliminer tous les petits sacs en plastique d’ici 2025. Les gens se questionnent en se disant: «si à la base il n’y avait pas eu tous ces emballages — serions-nous à la même place?» Avec ce cas de figure là, on peut se questionner: «est-ce que l’entreprise est mieux de ne rien faire pour réparer la situation?» Je pense que c’est un sujet sensible et que nous devons valoriser les actions de ceux et celles qui s’engagent et qui veulent changer les choses pour vrai. Tout est dans l’authenticité de la démarche et le sérieux de l’engagement.

Un autre exemple de situation qui a créé beaucoup de cynisme: les «washings» que nous avons vus et/ou subis. Plusieurs entreprises se sont dites engagées dans l’environnement (greenwashing), dans la diversité et l’inclusion (pinkwashing ou colorwashing), mais dans les faits vont soit à l’encontre de leurs engagements ou ne portent aucune action véritable en ce sens. Cela se retrouve à désinformer et porte ultimement préjudice à ce qu’ils font. Les entreprises sont mieux de moins promettre, mais de réaliser et démontrer que ce qu’ils font, ce qu’ils font bien et qui a un impact réel.

Un autre élément est la surutilisation de la communication dans les programmes RSE. Nous ne pouvons pas penser que juste en en communiquant de grands concepts ou en faisant de belles campagnes de comm nous convaincrons que nous sommes engagés. Une campagne de communication et de l’argent investi pour dire que nous sommes bons et engagés ne vont jamais remplacer le fait de poser de vraies actions et, surtout, être conséquent. Oui, la communication est importante pour mettre en valeur les actions d’une entreprise, mais c’est un outil à la RSE et non l’inverse. 

Dans tes mots, quelle est ta définition du bien-être?
Fannie:
Grosse question…! J’ai beaucoup cherché dans les dernières années ce qui me rendrait bien et heureuse. Mais j’ai vraiment eu un déclic quand j’ai fait une démarche de coaching. Naturellement, c’est d’avoir un équilibre dans toutes les sphères de ma vie, mais au-delà de ça, c’est d’être toujours alignée avec ma mission de vie, soit d’avoir un impact positif sur un maximum de personnes. Si j’ai l’impression que c’est ce que je fais dans toutes mes actions du quotidien – j’ai atteint mon bien-être ultime.

Pour en savoir plus sur Plan Humain et Fannie Perron, rendez-vous au planhumain.com

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