Dans les dernières années, on a eu l’occasion de discuter avec des centaines d’employé·es de diverses entreprises et des dizaines de dirigeant·es. Dans le discours qui qualifie l’expérience employé vécue et l’expérience employé visée, certains propos reviennent systématiquement. À la question qu’est-ce qui fait que vous travaillez ici, on nous répond chaque fois: les gens. Sine qua none. Et c’est une réponse authentique, ancrée dans le fait que c’est avec les gens qu’on connecte. C’est entre humains qu’on crée des liens, qu’on tisse le sentiment d’appartenance et le sentiment d’accomplissement. De l’autre côté, les leaders parlent souvent de famille où la force du collectif contribue à la réussite.

Des notions qui semblent banales à première vue, mais qui grincent lorsque le vent tourne. Parce que les relations entre les gens sont aussi souvent, à l’inverse, la raison principale des départs. Deux collègues entre qui le courant ne passe pas. Une anecdote qui marque négativement l’expérience d’une personne et qui brise le lien de confiance. Une vague de licenciements économiques. Avez-vous déjà licencié des membres de votre famille? Outre le fait que c’est peut-être un souhait caché (mais ça, c’est une autre histoire!), les employé·es ne sont pas de la famille. Parce qu’on ne les traite pas de la même manière.

Toutefois, serait-il possible de le faire? Qu’est-ce qui distingue une relation familiale d’une relation professionnelle? Les émotions, la confiance, l’amour? Aimez-vous vos employé·es?

L’équilibre entre émotions et affaires: un enjeu de bien-être et d’authenticité
La question dérange, n’est-ce pas? Parce qu’on ne mélange pas les émotions et les affaires. Et pourtant, les humains sont des créatures sociales, émotives et rationnelles. Pas en silo, mais bien de manière holistique, ces sphères interagissent et affectent nos relations, notre performance, notre sentiment d’utilité, notre bien-être et, ultimement, notre engagement dans la vie comme au travail. Alors, les aimez-vous, vos employé·es? Pensez-vous à leur bien-être? Connaissez-vous leurs rêves, leurs aspirations, leurs ambitions personnelles et professionnelles? Vous intéressez-vous à eux et elles? Il semble y avoir une opinion qui tranche les camps. D’un côté, certains disent qu’on a une vie au travail et une vie personnelle et que les deux ne se mélangent pas. Qu’on peut être une personne différente dans les deux vies. Et de l’autre côté, d’autres affirment que pour être bien, les individus doivent pouvoir être eux-mêmes, pleinement, s’affirmant tels qu’ils sont, dans leur vie personnelle comme dans leur quotidien au travail. De quelle école de pensée êtes-vous?

Aimer ses employé·es au-delà des indicateurs financiers: la primauté de l’authenticité et de la connexion humaine pour l’épanouissement collectif
Le verbe aimer est très large en français tandis qu’il existe 96 mots pour exprimer l’amour en sanskrit. Cela va au-delà de l’amour inconditionnel ou romantique et inclut vouloir le bien de l’autre et contribuer à son épanouissement pour qu’il soit heureux.

Comment peut-on aimer ses employé·es de manière concrète? Cela demande du temps, de l’écoute, de l’ouverture et du dialogue pour partager des émotions authentiques. Cela nécessite également de la vulnérabilité, de l’empathie, de la compassion et une volonté de faire les choses différemment de la gestion axée sur les résultats comptables. Les entreprises doivent encourager et nourrir leurs employé·es pour qu’ils/elles puissent développer leur potentiel, se sentir utiles et mis au défi, et faire partie de quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.

Afin de susciter leur confiance et leur engagement, il est nécessaire que vos employé·es sentent que vous les appréciez pour qui ils sont et que vous vous intéressez à eux. Cela les incitera à donner le meilleur d’eux-mêmes, à contribuer à la recherche de solutions optimales, et à participer à la réussite de l’entreprise de manière significative, au-delà des chiffres.

L’amour en affaires: vers un monde du travail empreint d’humanité
Le succès ne se résume pas aux résultats financiers. Si vos employé·es quittent l’entreprise et que le taux de roulement augmente, votre entreprise sera en danger. Les entreprises qui se démarqueront seront celles qui cherchent à améliorer l’expérience de leurs employé·es, en réinventant les postes pour qu’ils aient plus de sens et en développant les compétences pour motiver et nourrir les équipes. En retour, les personnes qui se sentent aimées aiment à leur tour. D’ailleurs, une étude du HBR démontre que les employé·es qui se sentent aimés sont 60% plus susceptibles de vouloir rester dans l’entreprise.

L’amour en affaire, c’est atypique aujourd’hui, mais c’est peut-être une des solutions pour que demain le monde du travail soit plus humain. Qu’il soit empreint de vrai, tourné sur la valeur de ce que l’on peut apporter de différent des machines, sur la valeur de l’intelligence émotionnelle, de la compréhension de l’autre, de la compassion et du jugement critique. Un monde professionnel résolument tourné vers l’humain et impactant de manière durable.

dada

Sources variées :
https://hbr.org/2014/01/employees-who-feel-love-perform-better#:~:text=What%20we%20learned%20demonstrates%20how,up%20to%20work%20more%20often.

https://www.inc.com/levi-king/9-ways-to-show-your-employees-you-love-them.html#:~:text=Expressing%20love%20to%20your%20employees,the%20same%20thing%20for%20you.&text=A%20loving%20workplace%20is%20a,strategy%2C%20planning%20and%20deliberate%20effort.