En France, une réforme des retraites a provoqué des tensions sociales, des grèves et des manifestations, entraînant des conséquences négatives sur le quotidien de la population et la propreté des rues. Les autorités ont proposé d’augmenter l’âge légal de départ à la retraite pour garantir la viabilité financière du système de retraite et la croissance économique. Cela a été contesté par les travailleurs et les syndicats qui craignent une détérioration de leurs conditions de vie et de travail.

Au Québec, le budget du ministre des Finances prévoit également des mesures pour encourager les travailleurs plus âgés à rester sur le marché du travail, mais cela n’a pas suscité de protestation ou de désordre public.

Malgré le fait qu’il s’agisse du même sujet de prolongation de la vie active au travail, les réactions et les manifestations sont très différentes entre la France et le Québec.

Vivre plus vieux pour travailler ou pour vivre?
L’espérance de vie moyenne a significativement augmenté dans le monde, atteignant environ 73 ans en 2020. Au Canada, l’espérance de vie moyenne est de 82,2 ans, plaçant le pays au cinquième rang mondial, deux rangs derrière la France. Cette tendance et la pénurie de main-d’œuvre qui freine la croissance économique poussent les gouvernements français et québécois à réfléchir à des changements de politique publique pour encourager les travailleurs plus âgés à rester sur le marché du travail. Cependant, cela soulève également la question de savoir si les humains sont prêts à travailler davantage ou plus longtemps, ce qui nécessite de réfléchir davantage à la question de l’expérience employé.

Le retour des aîné.e.s
Il y a 25 ans, près de 37 000 employé·es du secteur public ont été poussé·es à prendre leur retraite au Québec. Actuellement, maintenir les travailleur·euses en poste aussi longtemps que possible est un défi considérable, et cela est vrai partout ailleurs. Le report de l’âge de la retraite au cours des dernières années est en partie dû à la hausse de l’endettement des Québécois·es, avec une augmentation de 27,5% en 1999 à 40,1% en 2016 de la proportion de ménages québécois composés de personnes âgées et endettées. Cependant, il faut pousser la réflexion plus loin que les raisons financières pour encourager les travailleur·euses à rester en poste.

Repenser l’expérience employé, la responsabilité des employeurs
Le problème du vieillissement de la population et de la pénurie de main-d’œuvre nécessite une réflexion sur l’expérience employé. Les employeurs ont un rôle essentiel à jouer pour offrir un environnement de travail stimulant et épanouissant aux travailleur·euses. Les entreprises doivent repenser leur approche et offrir des solutions flexibles qui permettent aux travailleur·euses de mieux concilier leur vie professionnelle et personnelle. Les travailleur·euses canadiens seraient plus enclins à rester sur le marché du travail s’ils avaient des possibilités de formation continue et de recyclage professionnel, ainsi que des avantages sociaux tels que des régimes de retraite et une couverture santé. Les employeurs qui investissent dans ces initiatives sont non seulement en mesure de retenir leur personnel talentueux, mais également de les aider à se développer professionnellement tout en maintenant leur motivation et leur engagement. En améliorant l’expérience employé, les entreprises peuvent bénéficier d’une main-d’œuvre plus engagée et productive, tout en faisant face aux défis économiques et sociaux actuels et futurs.

Des impacts pressentis pour les employé·es et les employeurs
L’expérience employé doit être conçue pour aider les travailleur·euses à se sentir valorisés et respectés, pour leur offrir des opportunités de développement professionnel et personnel, pour leur garantir une sécurité et une stabilité financière, et pour leur permettre de concilier leur travail et leur vie personnelle de manière équilibrée. En repensant l’expérience employé de cette manière, les entreprises peuvent renforcer leur résilience et leur durabilité face aux défis économiques et sociaux qui se posent, et ce, de façon anticipée.

Incitatif à favoriser la discussion et non plus seulement la réflexion
Les employeurs doivent reconnaître leur rôle important dans la création d’un environnement de travail épanouissant pour les travailleur·euses, ce qui implique non seulement des avantages sociaux et financiers, mais également des programmes de développement professionnel et de formation continue. Les travailleur·euses recherchent un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle, ainsi que des opportunités de développement professionnel. Les entreprises qui investissent dans l’expérience employé peuvent attirer et retenir des talents, améliorer leur réputation, leur engagement social, leur productivité et leur rentabilité.

Il est important de repenser l’expérience des employé·es en établissant une cartographie complète de leur parcours depuis leur candidature jusqu’à leur départ de l’entreprise. Cela doit inclure des considérations sur la rémunération ainsi que des événements marquants tels que les anniversaires et le départ à la retraite. Il est essentiel de favoriser le dialogue avec les employé·es plutôt que de prendre des décisions unilatérales. Cette démarche peut être bénéfique pour l’entreprise en termes financiers et en termes de valorisation de l’expertise et du capital humain.

dada

Sources
Enquête de l’Association canadienne des régimes de retraite, 2022
Rapport Desjardin, 2019