L’autogestion est plus qu’une «approche». C’est l’ADN de Relief. Mais qu’est-ce que l’autogestion exactement? Si on devait résumer en quelques mots l’autogestion, on vous dirait que c’est de reprendre du pouvoir sur sa santé mentale.

Quand j’ai d’abord entendu ce mot, «autogestion», l’unique et première chose qui m’est venue en tête est cette tasse de la boutique Oui Manon et sur laquelle on peut lire l’élégant slogan: «Gère-toé criss». Cet objet de porcelaine, en circulation depuis plusieurs années déjà, a toujours eu le don d’attirer mon attention. Oui, parce que c’est quand même drôle, mais surtout parce que y’a aussi quelque chose de fondamentalement vrai dans cette phrase légèrement provoquante. Si le fait de se prendre en charge personnellement en prenant le contrôle et en s’occupant à résoudre ses tracas est évoqué ainsi, avec humour, sur de la merch; c’est bien que ça interpelle un grand nombre. Parce que, quand on y pense… Se gérer, ça relève de chacun·e, et ce n’est pas chose simple.

Le bec, fortement intéressé envers l’approche développée par l’organisme, est allé à la rencontre de Martin Binette, directeur principal, développement et croissance chez Relief.

À quoi fait-on référence lorsqu’on parle d’autogestion en santé mentale?
Martin: 
Imaginez si vous saviez quoi faire quand ça va mal – et surtout, avant que ça aille mal – pour réduire vos symptômes, éviter vos rechutes et améliorer votre bien-être. Eh bien, c’est ça, l’autogestion. C’est le genre de chose qui peut changer une vie. Littéralement. Parce que la santé mentale, ça affecte toutes les facettes d’une vie. Évidemment, on ne parle pas de recette miracle. On propose plutôt les outils pour adopter, au quotidien, des comportements qui font toute une différence, toute la différence.

Pour combler/pallier à quels besoins Relief a-t-il développé cette approche?
Martin:
L’autogestion comprend les actions qu’une personne peut mettre en place pour prendre ou reprendre du pouvoir sur sa santé mentale par l’adoption de comportements au jour le jour qui diminuent les symptômes, contribuent à prévenir les rechutes et améliorent le bien-être. En fait, l’approche proposée ne remplace pas les traitements conventionnels, mais peut s’avérer un complément des plus pertinents à la psychothérapie et à la pharmacothérapie. L’autogestion, c’est mettre la personne au cœur de du parcours vers le rétablissement et lui donner les connaissances et les outils pour naviguer les hauts et les bas de la vie. L’autogestion doit être vue comme un pas de plus sur le chemin de la santé mentale. En sommes, c’est être le·la maître d’œuvre de son bien-être, le·la CEO de sa vie.

Quels sont les plus importants bénéfices d’être outillé·e à se gérer soi-même avoir le contrôle de ses états? Et plus spécifiquement au travail?
Martin:
Les commentaires que l’on reçoit le plus des personnes ayant participé à nos ateliers d’autogestion sont: «Si j’avais connu ça avant!» et «J’ai maintenant en main des outils concrets et faciles à comprendre et à appliquer pour être plus en maîtrise de ma vie et donc, plus heureux·euse». Et c’est ça le plus grand bénéfice de l’autogestion: avoir tout en main pour faire face et vivre avec des enjeux mentaux.

Plus spécifiquement, pour le monde du travail, c’est être un·e travailleur·euse qui connaît les signes avant-coureurs et qui applique des solutions concrètes pour calmer la tempête. C’est aussi d’être en mesure de mettre des mots sur sa condition, sur son ressenti et d’être capable de le partager en toute confiance à son ou sa gestionnaire.

On parle souvent à Relief pour reprendre le contrôle de sa santé mentale. Quand on vit avec un enjeu de santé mentale, on a souvent l’impression de perdre ce contrôle. Être outillé et se connaître afin de choisir les bonnes actions est au cœur de l’autogestion. Comme le chantait mon groupe de musique favori: «Take the power back!».

Comment fait-on pour évaluer régulièrement son niveau de stress et/ou d’anxiété – autant dans sa vie personnelle que professionnelle – et à quoi sert ce genre de «check in» ?
Martin :
Chez Relief et lors de nos ateliers d’autogestion, nous utilisons l’acronyme CÉCA:

C – Connaître
É – Évaluer
C – Choisir
A – Agir

Cette démarche, ce check-in est au centre des principes d’autogestion. En somme, c’est de reconnaître les signes et les symptômes, d’en évaluer les impacts sur soi et son quotidien, de choisir les bons outils et, finalement, de passer à l’action. Et la beauté de cette démarche est que son application peut se faire à tout moment et dans toutes les facettes de sa vie.

J’appelle ça devenir un ninja de la santé mentale.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite participer activement à son mieux-être?
Martin:
Étant une personne vivant avec une maladie mentale, mon premier pas vers le bien-être et le rétablissement a été de réaliser que j’avais un problème et que je me devais de m’investir personnellement dans mon rétablissement. Il y a une acceptation qui est nécessaire au commencement du parcours, car sans cette acceptation il est difficile (voire impossible) de progresser.

Par la suite, c’est de se donner des objectifs réalistes. Pour moi, au tout début, je me donnais de la pression indue en me disant des trucs du genre: «Je ne ferai plus jamais de crise de panique.» Ce qui était irréaliste à cette époque. C’est en se fixant de petits buts simples – faire son lit, se brosser les dents, sortir sur le balcon, etc. – qu’on progresse réellement. Mais s’investir dans son mieux-être c’est aussi prendre conscience que nous sommes tou·tes responsables de notre propre bien-être.

Dans tes mots, quelle est ta définition du bien-être?
Martin:
Pour moi, la définition du bien-être va bien plus loin qu’un état d’être: c’est une façon d’être. C’est d’accepter que des jours l’on va moins bien, tandis que d’autres, on se sent le roi de la montagne sans que l’un ou l’autre ne nous affecte de façon disproportionnée. Le bien-être c’est aussi s’accepter comme on est, avec nos forces, nos faiblesses. Avec nos parts d’ombre et notre brin de folie.

Relief x bec : garder l'équilibre au travail
La conférence «garder l'équilibre au travail et développer du pouvoir sur sa santé mentale» de Relief est destinée à tou·tes et met l'emphase sur la déstigmatisation, la démystification, la sensibilisation de la santé mentale. Joignez-vous à la conversation le mercredi 29 mars prochain en réservant votre place juste ici.

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Pour en savoir plus sur Relief, rendez-vous au relief.ca.


Pour être accompagné·e selon vos réalités, sur le plan personnel ou professionnel, la ligne d’assistance du bec est là pour vous, 24/7 : 1-888-355-5548.

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