Le bec a décidé de s’ouvrir le bec et de donner son grain de sel sur certains sujets autant d’actualité que du quotidien, dans le but de vous faire réfléchir, réagir, ou autres choses en ir. Bienvenue au premier papier… En espérant que ce ne soit pas le dernier!

À la garderie, on a des éducatrices pour intervenir sur les «oui, mais c’est lui qui a commencé». Dans le milieu professionnel, c’est qui nos arbitres? Si la liberté d’un·e s’arrête là où commence celle d’un·e autre, comment dresser les frontières de responsabilités entre l’employeur et l’employé·e en matière de bien-être au travail sans juge de ligne?

On m’a déjà dit que le bien-être au travail pouvait se résumer à 3 F: le fun, la foi, le foin. Le plaisir qu’on ressent alors qu’on s’affaire, la conviction en ce qu’on fait, pour quoi et pour qui on le fait, et le bacon, soit le cold hard cash.

Le fun: On parle beaucoup des actions des organisations pour instaurer, améliorer et faire perdurer l’expérience employé·e. Les tables de ping-pong, les fûts de kombucha ou les poufs de type FatBoy y participent certes à leur manière. I couldn't help but wonder… Est-il possible de créer son propre bonheur au travail? Sa propre expérience employé·e? À certains égards, je crois que oui. Et j’arrive à cette conclusion partielle en pensant à un passage du film Happy Gilmore où le coach de golf de Happy l’invite à penser à un endroit vraiment parfait. Son propre endroit heureux. Et d’y aller, pour faire dissiper ses craintes, ses angoisses, ses colères. Son happy place. C’est quoi ton happy place au travail? Trouve-le. Crée-le. Rends-toi.

La foi: La conviction envers sa job est souvent en mouvance et fluctue selon plusieurs facteurs d’influence, dont le walk the talk de l’entreprise. On a besoin de le voir pour le croire. Décisionnaires: faites donc réellement ce que vous avez dit que vous alliez faire. Cela dit, une personne végane travaillant dans une boucherie, à qui la faute? Comme membre de l’équipe, la mission d’où on travaille doit à priori résonner en soi et être un moteur de bonne foi et de résilience. La foi, c’est aussi se tenir droit et fort en temps de tempêtes et transformer les oups en apprentissages plutôt que de dire ciao au premier coup d’vent.

Le foin: À 6,8% d’inflation entre 2022 et 2023, on ne peut plus faire l’autruche. Les sacs de carottes sont de plus en plus chers et nos salaires doivent suivre au minimum la courbe économique qui frappe à nos tap Interacs. Nonobstant, poussons, mais poussons égal. Une coordo dans un OBNL en culture, c’est une échelle de coordo dans un ONBL en culture. Demander 85k pour son premier emploi dans le domaine communautaire en sortant de l’université, c’est entretenir des attentes inatteignables envers un marché du travail du monde magnifique de la-la land. Astuce gratis : Les temps changent et les mots se modulent aux nouvelles réalités. On ne parle désormais plus d’évaluation, mais bien d’appréciation de la performance. Et si on prenait la peine d’aider nos dirigeant·es à l’apprécier, notre performance? Bâtissons notre propre dossier employé·e. Relatons nos bons coups. Prenons des notes. Cher journal, aujourd’hui j’ai… Le temps venu, on aura la chair nécessaire autour de l’os pour justifier notre augmentation visant l’achat sans gêne de nos sacs de Nantaises.

Je suis d’avis que beaucoup d’entre nous avons le blâme facile. Il est rassurant de pointer du doigt, surtout quand celui-ci n’est pas tourné vers soi. Si je suis en retard, j’y suis pour rien. C’est la faute du lent commis au Tim et du tata dans sa Mazda. Si le dernier rapport du GIEC est aussi déprimant, j’y suis pour rien. C’est la faute du pétrole et des jets du 1%. Si ma motivation n’est pas maximale au travail, j’y suis pour rien. C’est la faute de ma direction et du conseil d’administration. Rare est-il qu’on prenne le temps de faire une autopsie introspective rendant à César ce qui est à César… Peut-être parce qu’on a peur que César, ce soit nous.

J’ai programmé mon alarme à PM au lieu de AM.
Je ne réutilise pas mes sacs Ziploc.
Je focus sur des dossiers dont je n’ai aucun contrôle.

Pensons à la question en termes de fraction. Quand mes parents ont annoncé à mon frère et moi leur décision de se divorcer, j’ai posé la question: à qui la faute? J’avais besoin de savoir qui blâmer. «C’est 60% de ta mère, et 60% de moi», me répondit mon père. Du haut de mes quinze ans, même pas de maths fortes encore, j’ai renchéri bien logiquement: «ouais, mais ça, ça fait 120 sur cent.» Et c’est bien là que résident toute la puissance et la portée du message. Un p’tit peu trop d’un bord, un p’tit peu trop de l’autre: une responsabilité partagée.

Le bien-être au travail c’est une chorégraphie qui se danse à deux. Assumons le 10% un p’tit peu trop de notre bord.

Le bec a décidé de s’ouvrir le bec et de donner son grain de sel sur certains sujets autant d’actualité que du quotidien, dans le but de vous faire réfléchir, réagir, ou autres choses en ir. Merci d’avoir lu ce premier papier… En espérant que ce ne soit pas le dernier!

Pour être accompagné·e selon vos réalités, sur le plan personnel ou professionnel, la ligne d’assistance du bec est là pour vous, 24/7 : 1-888-355-5548.

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