En fouillant dans mes papiers, je suis tombé sur une attestation du ministère de l’Immigration du Québec disant que j’avais reçu, un mois après mon arrivée au Québec il y a 12 ans, la formation pour S’adapter au monde du travail québécois et vivre ensemble au Québec. À peine arrivé, il ne fallait pas perdre une seule seconde pour contribuer à cette nouvelle société d’accueil. 4 jours de formation dont j’ai encore des souvenirs très précis, et c’était assez comique.

attestation

On nous avait appris que si un collègue tombait malade, on ne devait pas l’appeler personnellement, mais demander de ses nouvelles en passant par notre hiérarchie.
Le but étant de nous familiariser avec la notion de bulle qui est très importante pour les Québécois.

Autre exemple, si un collègue ne dit pas bonjour le matin ce n’était pas si grave, il faut lui laisser le temps d’arriver et ne pas lui en tenir trop rigueur. Moi qui venais d’un pays où le salut matinal est très chaleureux, c’était en effet un vrai choc des cultures. On nous précise aussi que rentrer dans le cercle d’amitié d’un collègue québécois est très difficile. Que la bonne entente au bureau n’est pas forcément synonyme de lien après les heures de bureau.

Il y avait aussi des notions sur la gestuelle. Le signe avec l’index pour appeler une personne à s’approcher. En Afrique du Nord, c’est un signe qui peut être interprété de façon trop autoritaire. Et histoire vraie, quelques jours après la formation, un agent de la STM m’avait demandé de m’approcher avec ce signe. Je pensais avoir commis une infraction, et j’avais mis quelques secondes à réaliser qu’il voulait uniquement que je m’approche afin de m’aider.

L’idée de la formation était donc de nous rendre employables et que le changement de vie que nous allions vivre soit le moins éprouvant possible.

Avec le recul, pas mal de ces notions furent utiles. Bon, le matin je salue mes collègues, mais par un bonjour et non un bon matin. En réalité, je n’ai pas totalement abandonné mon identité.

Gommer toute trace de sa culture n’est pas forcément la bonne chose à faire non plus. Nous sommes venus certes pour contribuer au développement du pays, mais aussi pour enrichir le Québec avec notre bagage humain. Être totalement assimilé et ne pas faire découvrir des nouvelles interactions humaines aux immigrants québécois de plus longue date serait un manque d’ouverture pour la société.

Le bilan de cette formation 12 ans plus tard n’est pas si désastreux. J’ai eu la chance de travailler pour de grandes agences de pub comme Cossette Media, ou OMD Montreal, et surtout pour un fleuron national depuis 7 années qui est Loto-Québec.

Mon histoire est finalement celle de l’écrasante majorité des néo-Québécois, qui avec leur diversité, volonté et bienveillance, viennent mouvoir l’identité québécoise et contribuer au développement du Québec sur tous les plans.

malik