L’argent. Sujet tabou pour certains et passionnant pour d’autres. Pour plusieurs raisons, les finances personnelles sont un aspect de la vie qui se retrouve très souvent géré par les hommes. Or, il est capital de bien savoir gérer son argent, peu importe ce que nous sommes, surtout si les rêves et les projets nous sortent par les oreilles.

Le bec est allé cogner à la porte de Rosie Delorme, entrepreneure du numérique et professionnelle du domaine des communications depuis plus de 10 ans. Son blogue nantie.ca, lancé en 2019, se distingue par son contenu riche et varié. On y retrouve des interviews, des capsules d’information, des astuces et des épisodes de baladodiffusion autour des thèmes qui la passionnent : le Web, l’argent et l’empowerment au féminin. Voilà ce que Rosie avait à dire sur le sujet.

Comment en es-tu venue à t’intéresser à l’argent et aux finances personnelles?
Rosie:
Ça serait un gros mensonge en début d’entrevue si je disais que je me suis toujours intéressée à mon argent et que j’ai toujours eu de saines habitudes financières. Bien souvent, ce sont des circonstances malheureuses ou encore des situations déplaisantes qui nous font réfléchir à certains aspects de notre vie tant professionnelle que personnelle. Ce sont ces dernières qui nous amènent à faire des changements. Personnellement, j’ai toujours bien gagné ma vie et je ne vivais pas d’angoisse financière énorme. Je ne m’intéressais donc pas du tout à mon argent.

C’est finalement une facture impayée d’un client qui s’élevait à 10 000$ qui m’a fait prendre conscience que je devais absolument m’intéresser à mes finances personnelles. Je me souviens comme si c’était hier, la personne qui tenait la comptabilité de ce client m’a dit: «Comment as-tu pu te rendre jusqu’à ce montant-là impayé?». La honte! Je me trouvais niaiseuse.

La réponse était simple, je n’avais pas une bonne relation avec l’argent et je ne me comprenais pas l’importance d’investir mon argent. C’est ce moment définitif qui a tout changé pour moi. Je me suis promis d’être bonne avec l’argent ou dans cette situation précise mon manque d’argent.

Dès que je m’y suis intéressée davantage, j’avais compris que j’étais perdante! Pas dans le sens loser, mais dans le sens que mon argent (que je n’ai jamais reçu d’ailleurs, si vous êtes curieux) ne pourra pas travailler. En d’autres mots, j’ai perdu de l’argent que mon argent aurait fait en travaillant soit à la bourse ou encore dans des investissements divers.

Comment s’expliquer que la gestion de l’argent au féminin dissone de celle au masculin?
Rosie:
Pour avoir discuté avec plein de gens (hommes et femmes) depuis le lancement de Nantie tant via mon podcast qu’en conversations privées avec des professionnel·les de la finance, j’ai l’impression que oui, c’est encore tabou de parler d’argent, mais aussi ce n’est pas très sexy. Le manque d’intérêt pour la gestion de son argent semble être plutôt universel.

Soyons honnêtes, on aimerait tous avoir un peu plus de moyens, mais on ne veut pas s’éduquer financièrement. Ah et même des fois, on s’éduque, mais on ne fait pas de move.

Je me fais toujours un plaisir de donner plein de ressources à mes auditrices et lectrices, elles sont emballées, mais après c’est silence radio. J’espère qu’elles auront au moins pris conscience qu’il n’est jamais trop tard pour prendre ses finances en main.

Alors un peu d’histoire pour poursuivre cette réflexion. Traditionnellement, au Québec, ce sont les hommes qui s’occupent des finances. On se souvient que c’est seulement (!) en 1964 qu’une femme avait le droit d’ouvrir un compte bancaire et que c’était encore plus tard que ça qu’on a acquis le droit de contracter une hypothèque sans devoir demander à son mari de signer avec nous.

Selon un récent sondage de 2021, 82% des femmes s’en remettent à leur conjoint, estimant ne pas avoir les connaissances nécessaires pour participer aux décisions financières (et selon le sondage, les hommes sont en accord et pensent que leur conjointe n’est pas apte à le faire!).

Ouf! Oui c’est peut-être à la mode l’empowerment au féminin, mais c’est tellement nécessaire. C’est pourquoi je continue de partager mes expériences d’apprentissage et que je prends le temps de répondre à toutes celles qui entrent en communication avec moi.

Crois-tu qu’en tant que femme, le désir d’avoir un certain pouvoir financier est plus mal perçu?
Rosie:
C’est plutôt mal vu quand tu es une femme qui dit aimer l’argent ou encore vouloir être riche. Faites l’exercice, seriez-vous à l’aise de dire à des membres de votre famille, à des collègues ou encore à des inconnus: «Je veux être riche et puissante?». Je parie un vieux deux que vous auriez un petit malaise.

Pourtant, il y a plein de raisons pour lesquelles nous devrions en tant que femmes être plus éduquées. La plus importante selon moi est que 90% des femmes devront éventuellement prendre seules leurs décisions financières.

Dans tes mots, quelle est ta définition de bien-être? 
Rosie:
Pour ma part, le bien-être est égal à la santé. En fait, le bien-être, pour moi, c’est quand je n’ai pas de stress. On ne se cachera pas que la gestion de nos finances personnelles fait partie de facteurs qui peuvent induire du stress.

Fait intéressant: parfois, ce sont les plus riches qui sont les plus anxieux par rapport à leur patrimoine. Comme quoi, c’est raccourci de croire que faire plus d’argent règlerait tous nos problèmes.

Quels trucs donnerais-tu pour inclure le bien-être dans ses priorités financières?
Rosie:
La clé, c’est vraiment de commencer à s’y intéresser. On découvre rapidement que ce n’est pas si compliqué que ça.

Dernière petite anecdote, je reviens tout juste de la banque et c’était la première fois que je me sentais confiante et à mes affaires. Zéro anxiété quand la conseillère m’a demandé si je m’y connaissais bien en placement et finances! On prend chaque petite victoire! Je ne vous dis pas de congédier votre conseiller financier, mais simplement de vous mettre le nez dans vos finances. Les ressources gratuites abondent: blogues financiers, livres sur la finance, baladodiffusion, groupe d’entraide, etc.

Pour avoir plus d’information sur Rosie Delorme, visitez son blogue financier nantie.ca.


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