L’impressionnante femme d’affaires Véronique Lettre, ayant siégé comme gestionnaire de marque multiplateforme à la direction de plusieurs grandes organisations — Cossette, lg2, TVA Publication, pour ne nomme que ceux-là — a reçu son premier diagnostic de cancer (cérébral) en 2008. Une poignée d’années plus tard, alors qu’elle accueille avec félicité sa rémission, on lui découvre une seconde tumeur maligne, au sein cette fois.

C’est dans ce contexte qu’elle se tourne vers le cannabis médicinal et ses vertus médicinales. Persuadée de son potentiel thérapeutique, elle décide de pousser ses apprentissages plus loin en suivant un programme au THC University au Colorado. Elle fait aussi la rencontre du chef Jeff Denzer à Los Angeles avec qui elle suit des cours de cuisine pour intégrer le cannabis à son alimentation en vue de traiter ses symptômes.

Deux ans plus tard, en 2018, elle publie son troisième ouvrage: Le cannabis médicinal, le connaître et l’utiliser, premier livre québécois et en français à paraître sur le sujet dans la province.

Il ne faut pas être herboriste pour savoir qu’une vaste majorité de racines et de plantes possèdent de puissantes propriétés végétales et naturelles pour apaiser certains maux. Mal de cœur? Gingembre. Dodo difficile? Camomille. Coup de soleil? Aloès. Besoin de relaxer? Lavande. Et si l’on s’accordait plus facilement le droit à l’association du cannabis en matière de soulagement des symptômes du cancer? Discussion avec l’experte en cannabis médicinal et auteure Véronique Lettre.

Quelles sont les plus grandes différences entre le cannabis récréatif et médicinal?
Véronique:
Les gens qui consomment à des fins récréatives le font généralement pour l’effet euphorisant procuré par le THC. Ils recherchent habituellement des produits avec de fortes concentrations de THC, et vont souvent préférer vapoter pour obtenir un effet rapide (15 à 30 min.) qui va se dissiper rapidement (au bout de 2 à 3h). Les gens qui consomment à des fins médicinales souhaitent un soulagement à un problème de santé. Ils recherchent habituellement des produits avec de fortes concentrations de CBD et/ou de petites doses de THC et vont préconiser les huiles pour l’effet durable procuré par l’ingestion (6 à 8h).

Le cannabis médicinal a le potentiel de soigner quoi?
Véronique:
Bien que le cannabis ne soit pas un traitement officiel reconnu par le Collège des Médecins, il n’en demeure pas moins que c’est une plante médicinale utilisée depuis des milliers d’années.

Le CBD est un anti-inflammatoire qui peut s’avérer efficace pour soulager la douleur chronique, l’arthrite, l’arthrose, la maladie de Crohn, les migraines et autres formes de maladies inflammatoires. Il est également utilisé comme antiépileptique pour certaines formes d’épilepsie et comme anxiolytique.

Le THC est aussi utilisé comme antidouleur, mais peut également aider au sommeil, améliorer l’humeur, et diminuer l’anxiété. Il est aussi utilisé pour diminuer la spasticité et réduire la nausée chez les patients en traitement de chimiothérapie.

Le dosage et la réponse au traitement dépendent du métabolisme de la personne. Certain·es réagiront très bien à de fortes doses alors que d’autres devront préconiser le microdosage pour obtenir les bénéfices sans les effets indésirables.

Le cannabis peut être utilisé en combinaison avec les traitements traditionnels et même s’il peut causer une interaction, il n’y a pas de contre-indication connue avec les médicaments vendus en pharmacie. Certaines études commencent même à démontrer que le cannabis pourrait augmenter l’efficacité de certains traitements et médicaments. De plus, contrairement aux opioïdes, il est impossible de mourir d’une surdose de cannabis, ce qui en fait un traitement sécuritaire.

Comment se passent l’évaluation d’un·e patient·e et le processus de prescription de cannabis médicinal?
Véronique:
La difficulté au Québec est de trouver un médecin qui accepte de prescrire le cannabis à des fins thérapeutiques. Certaines cliniques spécialisées, telles Santé Cannabis et Nature Médic (dont Véronique a été la présidente et fondatrice en 2014), offrent l’accès à des médecins et des infirmières formé·es sur le sujet. Attention aux cliniques de type «skype» qui travaillent avec des médecins hors Québec et n’offrent pas de suivi médical. Comme les produits de cannabis médicinal ne sont pas vendus en pharmacie, un plan de traitement détaillé, avec les produits et dosages, est essentiel afin de maximiser les chances de succès.

Selon toi, pourquoi cette approche pour se soigner est encore sujette aux jugements?
Véronique:
Depuis des années, partout dans le monde, le cannabis a été classé comme une drogue plutôt qu’une plante médicinale. Au fil du temps, nous avons perdu nos connaissances sur ses vertus thérapeutiques. Le Collège des Médecins n’encourage pas la prescription de cannabis médicinal comme première ligne de traitement, mais plutôt comme dernier recours. Il y a beaucoup de désinformation aussi et d’incompréhension sur les bénéfices et le dosage. Tout ceci contribue au stigmate entourant son usage.

As-tu toi-même été la cible de ces tabous? Comment t’en préservais-tu?
Véronique:
Rapidement, j’ai assumé haut et fort mon engouement pour le cannabis médicinal, voyant les effets incroyables sur ma propre santé. J’ai décidé de devenir une experte et de me former à L.A. et au Colorado. J’ai ensuite ouvert une clinique de cannabis médicinal, écrit un livre et donné des conférences ici et en Europe. Chaque patient·e que je croisais ne faisait que renforcer davantage ma conviction que le cannabis médicinal a sa place dans le répertoire des traitements possibles.

As-tu vu une diminution des stigmates à cet égard depuis la légalisation du cannabis en 2018?
Véronique:
Une légère amélioration, car tout d’un coup, ce n’était plus une drogue illégale. Toutefois, l’arrivée de la SQDC a créé encore plus de confusion entre l’usage récréatif et thérapeutique.

Les organisations ont-elles doit de regard sur la consommation de cannabis thérapeutique de leurs employé·es dans le cadre d’un traitement médical?
Véronique:
La médication d’un·e employé·e est une information confidentielle. Mais, au même titre que certains médicaments sont proscrits pour certains postes (ex.: ne pas consommer de Morphine ou Dilaudid si on manœuvre de la machinerie lourde ou on pilote un avion), le cannabis médicinal doit être utilisé intelligemment. Cela dit, il n’y a aucun effet secondaire ou qui diminue les capacités dans l’usage du CBD. Ces précautions s’appliquent uniquement pour le THC. On devrait donc favoriser la prise de THC le soir et l’éviter le matin.

Dans tes mots, quelle est ta définition de bien-être? 
Véronique:
Sensation de paix et de cohérence. Le bien-être est physique et mental. Quand les deux sont équilibrés, c’est le bonheur garanti!

Pour en savoir plus sur les ouvrages de Véronique Lettre, visitez la page du Groupe Librex. Pour en connaître davantage sur Nature Médic, consultez le naturemedic.ca.


Pour être accompagné·e selon vos réalités, la ligne d’assistance du bec est là pour vous, 24/7: 1-888-355-5548.

cannabis