Répondez franchement. Êtes-vous réellement en mesure de séparer le travail de votre vie personnelle ? Si les préoccupations du boulot occupent votre esprit en dehors du classique « 9 à 5 », et ce, même si vos notifications sont éteintes et que votre ordinateur est fermé, vous n’avez pas tout à fait réussi à vous déconnecter entièrement… Disponible sur Apple TV+ depuis le 18 février 2022, la série dystopique Severance — Dissociation en version française — suit Mark Scout (Adam Scott) qui gagne sa vie chez Lumon Industries. Il y dirige une équipe dont les salarié·es subissent volontairement une intervention chirurgicale pour scinder leur vie professionnelle de leur vie personnelle. On arrive sur le lieu de travail et hop, on oublie instantanément les soucis d’ordre personnel. On quitte le boulot et hop, la nature de notre occupation s’efface de notre mémoire. Oseriez-vous ? Ce thriller, produit et réalisé par Ben Stiller, explore beaucoup plus que le simple équilibre vie personnelle et vie professionnelle.    

Severance
Crédit : Apple TV+

Revenons à cet équilibre, ce sweet spot que nous voulons tou·tes atteindre. Force est d’admettre que la pandémie a incommensurablement bouleversé nos vies. Ça nous a amenés à examiner nos priorités et à vouloir reconsidérer ce que nous souhaitons faire de nos vies. Une grande partie de cette réévaluation est axée sur le travail. Les salarié·es s’attardent de plus en plus sur la nature de leur travail, son sens et son objectif, et sur la manière dont ceux-ci affectent leur qualité de vie. Cela a permis de revenir à l’essentiel, soit accorder de l’importance à notre santé physique et mentale. La « grande démission » a d’ailleurs vu des salarié·es démissionner en masse à la poursuite de carrières offrant davantage un équilibre travail-vie personnelle.

Si nous avons à réévaluer comment le travail s’intègre dans nos vies, quel devrait être notre objectif ? On pourrait supposer que si nous n’avions pas besoin de travailler ou de travailler autant, nous serions plus heureux·euses, puisque nous consacrerions notre vie à d’autres activités. Cela n’explique cependant pas pourquoi certaines personnes à la retraite décident tout de même de retourner sur le marché du travail. L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ne consiste pas nécessairement à modifier quand, où et comment nous travaillons — il faudrait plutôt définir pourquoi on travaille. Et pour cela, il faut comprendre les différentes sources de bonheur.

Bonheur eudémonique : L’idée que le travail, ou l’effort dans les tâches contribue à notre bien-être général est étroitement liée au concept psychologique du bonheur eudémonique. C’est le genre de bonheur que nous tirons d’un fonctionnement optimal et de la réalisation de notre potentiel. Des études montrent que le travail et l’effort sont au cœur du bonheur eudémonique. Cela pourrait expliquer la satisfaction et la fierté que vous ressentez à l’accomplissement d’une tâche exténuante.

Bonheur hédonique : De l’autre côté de l’équilibre travail-vie personnelle se trouve le bonheur hédonique, qui se définit comme la présence de sentiments positifs comme la gaieté et la rareté des sentiments « négatifs » comme la tristesse ou la colère. Nous savons que le bonheur hédonique offre des avantages pour la santé mentale et physique, et que les loisirs sont un excellent moyen de rechercher ce bonheur hédonique. Mais attention, une étude suggère que trop de temps libre peut baisser notre niveau de bien-être. Une étude récente suggère que si nous avons trop de temps libre, c’est-à-dire plus de 5 heures d’inactivité, notre bien-être commence à baisser. 

Et l’équilibre dans tout ça? : Selon des études, un bonheur expérientiel riche et diversifié est la troisième composante d’une « bonne vie », en plus du bonheur hédonique et eudémonique. Des chercheurs ont découvert, dans neuf pays, que la plupart des gens (plus de 50 % dans chaque pays) préféreraient une vie heureuse caractérisée par le bonheur hédonique. Mais environ un quart préfèrent une vie pleine de sens incarnée par le bonheur eudémonique, et un nombre restreint, mais significatif de personnes (environ 10 à 15 % dans chaque pays) choisissent de poursuivre une vie expérientielle riche et diversifiée. Compte tenu de ces différentes approches de la vie, la clé d’un bien-être durable résiderait peut-être dans le style de vie qui vous convient le mieux : hédonique, eudémonique ou expérientiel. Le véritable équilibre se situerait entre ces trois sources de bonheur.

Et vous, quel sens donnez-vous à votre travail ?

Source : Big Think