Le combat pour la diversité et l’inclusion peut-il subir le même sort que le combat écologique, qui a vu le phénomène du greenwashing venir détourner les vrais enjeux de la lutte climatique ? La réponse est oui, car aucun enjeu contemporain ne peut échapper à une logique marchande et à l’opportunisme issu d’une initiative aussi bienveillante soit-elle, en apparence.

Le parallèle avec l’écologie est une des manières pour comprendre les risques qui peuvent empoigner une cause comme la diversité, quand des agents extérieurs viennent s’imposer dans le débat, ou devenir des références en la matière.  

Tout d’abord, le greenwashing est le procédé que des entreprises utilisent afin de se donner une image plus verte, car les questions environnementales sont clairement l’enjeu du 21e siècle. Il y a aussi l’aspect de l’orientation du débat et des enjeux. Dans le cas de l’écologie, certains lobbies ont pris le contrôle du débat public et ont par exemple propulsé la question de la compensation carbone comme une question centrale. Alors que nous avons plusieurs autres aspects de l’écologie qui sont occultés.

Le parallèle avec la diversité? Comme pour l’écologie, c’est une question centrale en ce début de 21e siècle. C’est aussi un enjeu qui touche toutes les entreprises, et la sphère médiatique commence à mettre de plus en plus de l’avant.

En résumé, pour qu’une entreprise soit très bien vue, elle se doit d’être verte et inclusive.

L’apport positif de la diversité en entreprise n’est quant à lui plus à prouver. La démonstration a pu être amenée à travers des études. Si vous avez plus de diversité dans vos équipes, c’est un bénéfice réel pour votre entreprise. Google en fait la promotion sur des capsules vidéo, la Caisse de dépôt et placement du Québec a même mis en place un fond de 250 millions pour les PME qui vont privilégier l’inclusion et la diversité.

Nous sommes donc sur un fait avéré.

À partir de ce constat, la société civile commence donc à s’approprier le débat, et nous pouvons voir fleurir des entreprises et autres consultants spécialistes de la diversité… pour le meilleur comme pour le pire. Car comme pour l’écologie, cela peut se transformer en un business, et sujet à des dérives opportunistes.

Dans le cas de la diversité et l’inclusion au sein des entreprises, le risque est de voir la thématique accaparée dans les médias par des personnes pour qui cette question est devenue une opportunité d’affaires, et on peut aussi s’interroger sur leur légitimité de par leur position sociale, qui n’est pas au cœur et aux faits de la réalité que peuvent vivre les personnes issues de la diversité.
La diversité manque cruellement de représentant, il faut donc s’assurer que les rares occasions données pour en parler puissent être octroyées aux bonnes personnes.

Il n’est pas bien sûr question de décourager les figures non issues de la diversité, de mener des initiatives pour renforcer la diversité dans les milieux des entreprises.
Il est même primordial que ces engagements puissent aller au-delà des seules personnes concernées.
Il n’est pas non plus exclu de proposer des services-conseils au tour de ces questions.

Mais étant des enjeux avant tout humains, ce qui suppose une profonde compression du vécu. Ces transformations vers l’inclusion ou la diversité ne peuvent pas être considérées au même niveau qu’une transformation numérique.

En conclusion, tout comme pour le greenwashing, il faut s’assurer de ne pas définir les paramètres du débat public sur la diversité, dans un cadre et un prisme purement technocratique, sous une influence d’experts marchands du service-conseil qui ont su se faire médiatiser.

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