Le mardi 17 mars 2020, j’ai figé. Tétanisé par l’ampleur du défi, j’ai perdu tout sens logique. J’ai eu peur. Troisième jour de télétravail et j’étais déjà étourdi. Probablement l’une de mes journées les plus longues chez lg2

Ce mardi-là, je n’avais aucune réponse. Je n’en ai parlé à personne. Pas même à mes associés. Je n’en ai pas parlé parce que je ne pouvais pas. Et occupée à tenter de comprendre cette tempête qui animait la planète entière, mon équipe de gestion de crise aussi en avait déjà assez sur les bras. Je ne pouvais pas en parler à mes collègues de tous les jours, c’est moi leur pilier, celui qui doit demeurer fort et qui sait où aller et comment diriger l’agence, peu importe la tempête. Je ne voulais faire peur à personne. C’est donc à moi que j’ai fait peur.

En regardant derrière, aujourd’hui, je constate que nous étions prêts. Notre entreprise avait été construite pour passer à travers une crise comme celle de la COVID-19. Sans le savoir, pendant près de 30 ans, nous bâtissions nos fondations de béton, fondées sur des valeurs comme la transparence, le courage, l’empathie et la résilience. Des outils plus que nécessaires pour survivre à l’une des pires crises jamais vécues par les entreprises partout à travers le monde. 

Le courage et la transparence
Deux valeurs qui ont fini par me revenir, après avoir figé, le 17 mars 2020. Le courage parce qu’il en fallait, le 23 mars 2020, pour dire à 44 de nos employés que nous les mettions à pied temporairement pour une durée indéterminée à l’époque, et qui dura au total six mois. Dix jours après le début du télétravail, nous annoncions aussi la coupure du salaire de nos employés et des associés. Alors que très peu d’entreprises avaient pris de telles décisions, nous avons réagi rapidement. Car le pire en temps de crise, c’est de ne pas prendre de décisions. Le courage, ç’a été aussi de continuer à travailler dans la tempête, sans grande visibilité sur les semaines à venir et malgré la perte temporaire de précieux collaborateurs au quotidien.

La transparence parce qu’il en fallait aussi. Parce que dans la tempête, nous avons gardé le phare bien allumé. Au total, 56 rencontres de cellule de crise ont été tenues, 45 messages internes ont été rédigés, 18 rencontres « town hall » avec l’ensemble de nos employés ont été organisées et 21 documents informatifs ont été colligés pour tenir nos employés informés de toutes nos décisions, heures indiquées. Tout ça afin de nous outiller pour naviguer dans cette crise remplie d’incertitudes. Nous ne savions rien et pourtant, nous savions tout.

Le jour où j’ai figé, je connaissais l’efficacité de nos outils, je connaissais nos valeurs, je connaissais nos talents résilients et prêts à combattre. Je ne savais pas que tout ce dont j’avais besoin était de ventiler, pour laisser le brouillard s’estomper devant moi, avant de remettre les deux mains sur le volant. Le lendemain matin, le 18 mars 2020, j’ai appelé mon ami Réjean, fiscaliste à la retraite et fidèle collaborateur de LG2 depuis une vingtaine d’années. Réjean m’a rassuré et m’a donné des conseils. Mais surtout, il m’a écouté. Grâce à lui, j’ai pu reprendre mes esprits et guider mon équipe dans cette épreuve qui s’avérera la plus formatrice de notre histoire moderne.

C’est la première fois que tout le monde vit la même épreuve en même temps. On réagit tous différemment mais on a tous besoin d’un espace sécuritaire et empathique pour traverser ce genre d’épreuve.

Il nous en reste encore pour quelque temps avec la pandémie et ses effets collatéraux. N’hésitez pas à offrir votre présence et votre écoute. On ne sait jamais ce qu’une oreille attentive peut déclencher. 

Soyez le Réjean de quelqu’un d’autre.

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Photo : Réjean Labbé © Chantal Guay | Floride | 2016

Source : Linkedin de Claude Auchu