Au cours des dernières années, les bals, les défis sportifs et même certains tournois de golf (oui, encore) ont eu la cote. Pandémie oblige, on reporte, on virtualise, on priorise ou on annule le tout. Et si la solution résidait dans cette réaction ou du moins en partie ?

Les événements voués à une fondation ne sont plus les mêmes. On a voulu, au fil du temps, créer le happening dont tout le monde parlerait, et où tout le monde ressortirait avec un grand sourire aux lèvres, parfois en sacrifiant la mission de l’organisme et le « pourquoi » d’un événement d’envergure.

Pensez-y quelques instants. Replongez-vous dans l’avant-COVID-19.

On vous invite à un cocktail dinatoire (tendances événementielles et budgets obligent). Vous réseautez, vous écoutez de la musique sympathique, vous voyez peut-être une prestation artistique, vous repérez le bar et vous passez un bon moment. Débute alors les allocutions, qu’on a édulcorées avec le temps (l’attention n’est pas au rendez-vous et la volonté est de proposer un bon moment aux invités). Puis, vous faites un tour à la section de l’encan et vous misez sur un beau forfait au spa. À la toute fin, si vous êtes resté, un gros chèque apparaît et vous vous dites que vous avez contribué à ce montant (généralement brut, ne l’oublions pas). FIN.

Vous rentrez chez vous et vous vous dites que cet événement aurait pu être aussi bien pour la santé, l’éducation que pour un organisme communautaire. Bref, vous n’êtes pas plus attaché à la cause et vous ne ferez pas forcément de don par la suite, compte tenu du montant de votre billet d’entrée et de la somme colossale amassée durant la soirée. Vous vous convainquez que votre bonne action annuelle est faite et que la pérennité de l’organisme est acquise.

Généralisation et raccourcis ? Un peu, il faut l’admettre. Mais est-ce loin de la réalité ? Franchement pas !

Alors, pourquoi ne pas profiter de la pandémie pour revenir tout simplement à l’essentiel.

L’essentiel, c’est la mission. La raison qui fait en sorte qu’un organisme existe, qu’il est pertinent et qu’il nous amène vers un monde meilleur.

Les événements ne font pas ça. Les rencontres avec les donateurs, oui. Ces rencontres sont cruciales et construisent des relations sincères pour jumeler les ressources financières avec les moyens que prendra un organisme pour générer du changement, du bon, du vrai, du durable.

Mais attention, je ne dis pas de mettre fin à tous les événements. Loin de là. Mais serions-nous tombés dans un potentiel piège d’en être trop dépendants ? De se convaincre que le ratio coût/bénéfice, terriblement élevé, est un mal nécessaire ? Fort possiblement. Les événements permettent de réaliser grand nombre d’objectifs qui sont louables, mais ce n’est pas la panacée.

Car en pandémie ou pendant une situation exceptionnelle, si une cause a besoin d’un coup de main supplémentaire, ce ne sont pas les invités du bal annuel qu’il faudra appeler. Ce sont les donateurs, loyaux, engagés et curieux, car eux, savent ce que leur don génère et connaissent la mission.

Alors, si le secteur prenait ce moment pour revoir sa posture de collecte de fonds, bâtir et nourrir des relations afin de permettre ultimement :

  • De vivre de réelles collaborations et partenariats plutôt que de cultiver un portefeuille de donateurs ;
  • D’avoir des conversations sincères, profondes et qui résonnent avec les émotions et les valeurs fortes ;
  • De saisir les réelles intentions et les souhaits d’engagement philanthropique du donateur en écoutant davantage;
  • De faire vivre une expérience de don satisfaisante à laquelle le donateur voudra assurément participer ;
  • D’assurer que l’intendance, le respect et la reconnaissance des donateurs soient des éléments valorisés et priorisés ;
  • De rassurer le donateur, de lui démontrer qu’il peut faire confiance à l’organisation, à sa gestion et à sa volonté d’avoir un impact substantiel dans la communauté ;
  • D’adapter nos événements (car ils ne doivent pas systématiquement tous disparaître) pour qu’ils contribuent pleinement à tisser et construire des liens durables et authentiques.

Il faut revenir, plus que jamais, à l’essentiel. Saisissons cette opportunité pour se recentrer sur la mission et coconstruire avec les donateurs, l’avenir d’une société meilleure, plus équitable et bienveillante. Ne perdons pas ces éléments de vue alors que tout est flou et incertain. J’ai tendance à croire que nous avons pris nos habitudes comme acquises alors que nous devons rester attentifs aux changements pour que nos causes ne tombent pas dans l’oubli. Nos causes sont vivantes et nous avons le devoir de les maintenir en vie, peu importe le contexte. Nos communautés se mobilisent et s’adaptent, avec les moyens du bord, pour faire face aux difficultés. N’est-ce pas leur faire honneur que de se remettre en question et de montrer notre combativité ?