Vous perdez par un but et il reste 5 minutes 40 secondes en troisième période. Retireriez-vous votre gardien ?
5 minutes 40 secondes. Si vous êtes un entraineur dans la LNH et que vous avez un déficit d’un but en troisième période, c’est à ces minutes précises que vous devriez retirer votre gardien pour maximiser vos chances de revenir dans la partie. Votre équipe perd par deux buts ? C’est 11 minutes et 30 secondes qu’il faut viser. C’est ce que révèle le modèle statistique des docteurs en mathématique Cliff Asness et Aaron Brown, dans un article publié dans la revue Social Science & Research Network.
Historiquement, aucun entraineur n’a tenté de jouer avec ces probabilités, en retirant son gardien avec autant de temps à faire en troisième période. Selon la LNH, c’est Mike Babcock qui détient le record du retrait le plus anticipé, avec 3 minutes au compteur. En vérité, aucun entraineur d’une ligue crédible et qui souhaite garder son emploi n’a enregistré une manœuvre aussi périlleuse dans son livre de jeux.
Pourtant, pour gagner, ce serait la meilleure stratégie. Retirer votre gardien hâtivement en troisième période vous donne un attaquant supplémentaire plus rapidement, et augmente donc vos probabilités d’égaliser le pointage. Les chiffres le démontrent. Alors, pourquoi ne le feriez-vous pas ?
C’est parce qu’aux yeux de tous, cette manœuvre serait inacceptable. Vous prendriez un risque démesuré. Et si ce risque s’avérait une erreur, vous seriez la risée de la ligue.
Au-delà du hockey, cette découverte mathématique est très intéressante : elle exprime la dualité ultime entre la science et les traditions. C’est l’illustration de la relation entre la rationalité et l’émotion, à son apogée.
Au cours de notre carrière, nous nous sommes tous heurtés à cette dualité : ce moment où les données nous démontrent que notre projet n’a plus d’avenir et qu’il serait temps de revoir la stratégie. Bien que nous ayons encore des minutes à jouer « en troisième période » pour redresser la situation, nous avons déjà investi énormément de temps, d’argent et d’énergie dans ce projet. Et pour en rajouter une couche, nous avons poussé, auprès de notre conseil d’administration, cette idée que nous pensions la bonne.
Alors dans une ultime tentative de rester acceptable aux yeux de nos pairs, nous cherchons la donnée qui pourrait nous avantager. Ce faisant, nous minimisons inconsciemment nos chances de revenir à une stratégie viable, celle qui pourrait nous faire gagner et faire gagner notre organisation.
La prochaine fois que vous vous retrouverez dans cette situation, perdant par un but, coincé par le temps, pensez à cette analogie. Soyez ce stratège qui fait face aux données et qui augmente ses chances de victoire, même si cela vous pousse à naviguer à contre-courant de ce qui est considéré comme
« acceptable » et de vos émotions.
Retirez le gardien !
Si vous vous trouvez dans cette situation et que cette dernière semble accablante, un simple atelier de Design Thinking et une analyse de vos données par un expert peuvent grandement vous aider à prendre la meilleure décision.
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Ce texte est inspiré d’un podcast par l’auteur canadien Malcolm Gladwell, Revolutionist History.