Je m’hérisse à chaque fois que j’entends quelqu’un dire « il faut savoir se vendre en entrevue », cette expression m’irrite profondément. Pourquoi, me demanderez-vous ? Parce que cette formule largement utilisée effraie inutilement beaucoup de chercheurs d’emploi plus réservés de nature. S’il est attendu d’une personne qui vise une fonction de représentant des ventes qu’elle soit d’un abord facile, qu’elle communique avec aisance et fasse preuve d’enthousiasme et de vigueur, pour pouvoir convaincre et conclure, ces qualités seront rarement recherchées lorsque le recrutement visera, par exemple, la dotation d’un poste d’analyste financier ou d’infirmière.  

À ces clients qui me confient être inquiets de leur avenir professionnel en raison de leur difficulté « à se vendre », je rappelle qu’une entrevue d’emploi est une conversation professionnelle comme une autre. Je leur demande si au cours de leurs échanges d’affaires courants, ils connaissent des difficultés à communiquer avec leurs patrons, leurs collègues et autres interlocuteurs, s’ils ont le sentiment d’être inadéquats dans leurs relations interpersonnelles dans un contexte de travail. Certains admettront avoir connu des difficultés, mais plus souvent, ils diront plutôt envier le charisme, la prestance, ou l’éloquence d’une personne de leur connaissance, à laquelle ils se comparent désavantageusement. Fréquemment, ces clients seront des gens qui aspirent à des postes pour lesquels la communication est un aspect secondaire, alors que la personne qui fait l’objet de leur admiration, occupera une fonction qui a essentiellement pour rôle de communiquer, convaincre, rassembler et mobiliser.

Dans une recherche d’emploi, il m’apparait pertinent de savoir bien se présenter, c’est-à-dire de formuler adéquatement et exprimer clairement les éléments de contenus qu’il est important de connaître pour une pleine appréciation de la candidature, d’une manière cohérente avec le style de communication habituel. Il n’y a donc pas lieu d’être percutant, de démontrer de la verve ou un bon sens de la répartie lorsqu’on est quelqu’un qui se démarque habituellement par sa discrétion, sa réserve et son écoute réfléchie. 

En fait, plusieurs études démontrent qu’il pourrait même être nuisible de tenter d’adapter son style pour se conformer à cet archétype du vendeur. Cet article paru dans Psychology Today, présente les conclusions de quelques études qui démontrent que l’affect (comportements observables qui expriment un état émotionnel) attendu peut varier significativement selon la culture, alors que celle-ci s’intéresse au lien entre le sourire et la probabilité d’embauche, selon le poste visé.

Que l’on soit un orateur né ou quelqu’un d’une nature moins flamboyante, il va sans dire qu’une minutieuse préparation à l’entrevue est de mise. Mais, une fois que vous aurez réfléchi à votre offre professionnelle, dressé un bilan de votre parcours et de vos compétences et effectué des recherches pour bien connaître l’organisation et la fonction visée, il y a lieu d’être simplement vous-même en entrevue. De toute façon, si vous réussissiez à endosser un masque correspondant à ce que vous imaginez être le « candidat idéal » et que grâce à cette supercherie vous parveniez à obtenir l’emploi, seriez-vous en mesure de conserver ce déguisement pour la durée de votre passage chez votre nouvel employeur ?

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