Vos mains, votre posture, votre bouche, vos chevilles, votre tête sont des communicateurs hors pair! Ils réagissent au quart de tour et parlent avant même que les mots n’aient le temps de germer dans votre esprit. Ils peuvent faciliter considérablement l’échange avec l’autre ou, au contraire, le rendre moins clair lorsque le verbal et le non verbal entrent en contradiction. Cela survient lorsque vous tentez de camoufler vos pensées ou vos états corporels.

Il est d’ailleurs très intéressant d’observer les gens lorsqu’ils sont complimentés. On peut alors remarquer toutes sortes de mouvements, d’expressions, de démangeaisons et de gestes révélateurs de leurs perceptions et de leur réceptivité face aux propos émis. Par définition, un compliment est un commentaire positif que l’on vous adresse et dont la nature peut varier. Or, nous ne savons pas toujours comment recevoir un tel propos et nous sommes parfois même très mal à l’aise. Évidemment, notre degré d’aisance est visible pour un œil observateur, ce qui fait que notre langage corporel indique parfois des éléments qui peuvent être mal perçus par notre interlocuteur. Le client, le partenaire d’affaires, l’employé, voire le fournisseur, peuvent mal interpréter votre réaction et alors réévaluer l’image qu’il avait de vous. Examinons donc de plus près ce qui se passe dans votre corps.

Détente

Lorsque l’on est à l’aise dans la conversation, le corps présente généralement une détente musculaire et celle-ci est généralisée. Évidemment, il importe de tenir compte du contexte. Si vous êtes assis sur une chaise en bois bien droite, il vous sera plus difficile de relâcher vos muscles. Mais lorsque l’environnement n’affecte pas votre bien-être, vous devriez avoir des épaules relâchées, des chevilles et des poignets qui ne démontrent aucune rigidité. Par ailleurs, vous devriez présenter à votre interlocuteur le côté gauche de votre visage parce que votre tronc cérébral est lui aussi détendu.

Au moment du compliment, si vous appréciez le propos et que vous faites face à votre interlocuteur, votre tête devrait se pencher sur la gauche et vous allez abaisser légèrement le menton. C’est une façon d’acquiescer. Si votre interlocuteur est à vos côtés, vous pouvez alors faire un mouvement très rapide de l’épaule la plus près de lui et pencher la tête vers lui.

Appréciation

Si le compliment vous faire plaisir, un sourire franc devrait se dessiner sur votre visage. Cela implique que les muscles autour de vos yeux vont participer au mouvement. Les petites pattes d’oie vont donc apparaître et la paupière inférieure des yeux va se surélever. Cela provoque un haussement et un rétrécissement de la fente palpébrale. En d’autres mots, l’espace entre les yeux devient plus petit.

Malaise et refus

Inversement, si vous n’appréciez pas le compliment ou si vous êtes mal à l’aise, votre corps va tomber en mode vigilance et va se rigidifier. Rappelez-vous que les mécanismes de défense de base sont de figer sur place, de fuir et ensuite de confronter. Dans un premier temps, votre corps risque donc de cesser tout mouvement par simple protection. Les muscles des épaules et du cou vont se tendre. Les gestes peuvent s’arrêter ou s’activer nerveusement : les mains peuvent s’agripper à quelque chose (le verre, la ceinture, le bras du fauteuil, les biceps, etc.) ou soulager une soudaine démangeaison. Si le malaise perdure, votre corps cherchera à prendre une distance avec votre interlocuteur. Cela peut se manifester par l’inclinaison de la tête dans la direction opposée de votre interlocuteur, par l’éloignement des pieds en croisant les jambes dans la direction opposée ou par un transfert de poids. Il se peut aussi que vous tourniez légèrement votre torse pour ne plus faire face à votre interlocuteur et être plutôt légèrement ou complètement de profil.

Gêne

La gêne ne s’exprime pas forcément de la même façon chez les hommes et chez les femmes. Ces dernières ont davantage tendance à porter la main sur le haut de la poitrine ou au cou. Les hommes vont mettre les mains sur les hanches plus souvent, relever leur pantalon ou replacer les pans de leur veston. Évidemment, un rougissement peut être observable non seulement au niveau du visage, mais aussi du cou. Les démangeaisons sont souvent fréquentes dans la gêne : aux jambes pour partir, aux oreilles quand on n’apprécie pas ce que l’on entend. La bouche demeure généralement bien fermée entre les propos.

Fierté

Si vous êtes en position debout, la fierté peut se remarquer par un mouvement parfois très subtil : vous allez vous surélever sur la pointe des pieds un court instant et revenir à votre position d’origine. Vous allez aussi bomber légèrement le torse ou redresser vos épaules.

Que faire?

Vous ne pouvez pas contrôler votre langage corporel? Il ne sert donc à rien de tenter de camoufler votre état. Il est préférable de verbaliser votre impression à votre interlocuteur. Là, au moins, une discussion authentique est possible. Si votre malaise est profond et que l’autre persiste dans son encensement, vous pouvez lui indiquer que vous l’entendez, mais que vous n’êtes pas à l’aise avec son propos et lui demandez de laisser ce sujet pour un autre moment. Une limite clairement verbalisée est plus facile à respecter et à faire respecter!

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Annabelle Boyer, CRHA, experte en langage corporel (synergologie) et génagogue (consolidation d’équipe). Elle est auteure des livres Je lis en vous, savez-vous lire en moi? L'ABC du non verbal en amour, Relations sous emprise et L’ange-gardien du samouraï chez Béliveau Éditeur. Elle dirige également ABC Solution Développement organisationnel, une firme spécialisée en développement organisationnel et en ressources humaines.