Elles n’ont pas l’auditoire des stations commerciales. Encore moins leurs têtes d’affiche. Pourtant, avec près d’un million d’auditeurs chaque année, les radios communautaires continuent de tirer leur épingle du jeu dans l’arène de la radiophonie québécoise. Un exploit pour le moins singulier dans un marché déjà saturé par une concurrence aux apparences inégales.
L’Association des radios communautaires du Québec (ARCQ) compte plus de 33 stations membres à ce jour. À elles seules, ces dernières génèrent un chiffre d’affaires annuel de plus de 12 millions de dollars en plus d’offrir 225 emplois durables à travers la province. Des statistiques pour le moins intéressantes, lesquelles déboulonnent les mythes voulant que les radios communautaires soient condamnées à sombrer dans la désuétude. « Ce sont les comparaisons avec les radios commerciales qui sont désuètes, tranche Christian Roy, responsable du soutien aux stations membres de l’ARCQ. Leur rôle est loin d’être le même. Les radios communautaires ne sont pas au service d’une corporation : elles desservent d’abord l’intérêt des communautés qu’elles représentent. Ça fait toute la différence. »
Saveurs locales
Pour Christian Roy, la qualité d’une radio communautaire passe d’abord par sa capacité à mettre de l’avant ses couleurs locales. « Nous diffusons à travers 16 régions québécoises, poursuit-il, de Radisson jusqu’à Blanc-Sablon. Ça fait beaucoup de diversité. Chaque communauté possède ses particularités, que se soit en termes de goûts musicaux ou de style d’animation. Les auditeurs de CFIM, aux Îles-de-la-Madeleine, n’ont pas le même rythme de vie que les mineurs de Fermont. Aussi, ceux qui syntonisent leur radio communautaire le font d’abord pour entendre parler des activités socioculturelles de leur coin de pays. À Carleton ou à Gaspé, par exemple, on écoute davantage sa radio communautaire pour connaitre les informations locales sur les conditions de pêche que pour entendre parler du dernier show de Madonna au Centre Bell. Nos stations seraient folles de formater leur contenu à celui des grosses radios commerciales. »
Radios inclusives
Christian Roy apporte aussi quelques précisions quant au caractère inclusif des radios de l’ARCQ. « Les radios commerciales ciblent généralement un auditoire très précis, remarque-t-il. Prenons Rythme FM, par exemple, qui s’adresse d’abord à un public exclusif, soit celui des femmes de 39 ans. C’est une donnée importante en ce qui a trait à leurs ventes publicitaires. Nos radios, elles, ne sont pas soumises à ce genre de paramètres. » Toujours selon Roy, l’aspect inclusif ne se limite pas qu’au contenu radiophonique : « Chaque station occupe une place importante dans sa communauté. Nous avons besoin du soutien des auditeurs – que ce soit à titre d’employés ou de bénévoles. Les membres d’une localité sont tous invités mettre leurs talents au profit de leur radio communautaire. Un encadrement professionnel est offert aux bénévoles pour leur permettre d’acquérir les connaissances nécessaires à l’accomplissement des tâches. »
Viable financièrement
Si l’apport des bénévoles est essentiel, il n’en demeure pas moins que les rentrées d’argent sont essentielles pour la survie de chaque station. « C’est là que le financement entre en jeu, poursuit Christian Roy. Celui des radios communautaires se base sur une équation très simple : 50 % du budget provient des ventes publicitaires, 30 % est issu de levées de fonds et 20 % provient des subventions du Ministère de la culture provincial. Le Québec est la seule province canadienne à offrir ces fonds aux radios communautaires. Dans certains marchés où la vente publicitaire est plus difficile, il s’agit de leur principale source de revenus. Ce n’est pas parce qu’une station est sur le bord de la faillite que l’on organise des radiothons. C’est simplement pour réussir à produire une programmation de plus grande qualité. » Et comment se porte le bilan financier de l’ensemble des stations en 2015 ? « Elles sont toutes viables financièrement, précise-t-il. Ce n’est pas égal partout, mais je vous confirme que le réseau se porte bien dans son ensemble. »
Le mandat
Malgré leur bilan financier positif, Christian Roy rappelle le statut d’organisme à but non lucratif des radios communautaires. « Tous les bénéfices perçus sont directement réinjectés dans les stations, affirme-t-il. Nos radios sont des ONBL gérés par un conseil d’administration. Chaque dollar de profit est directement réinvesti dans le contenu. » Roy conclut en rappelant que ce qui est bon pour une radio l’est aussi pour sa communauté : « Pour une station communautaire, l’argent permet une plus grande promotion de l’activité socioéconomique et culturelle de la région. Elle permet d’offrir des contenus rassembleurs qui mobilisent les citoyens au service de la communauté. Artistiquement parlant, nos radios ont aussi le mandat d’encourager la relève musicale et de promouvoir les découvertes locales. Syntoniser une radio communautaire, dans le fond, c’est d’ouvrir une fenêtre sur un des différents pans culturels du Québec. »
Pour plus d’informations, visitez le site de l'Association des Radiodiffuseurs Communautaires du Québec (ARCQ).
En quelques chiffres, l’Association des Radios Communautaires du Québec, c’est…
- Plus de 100 personnes travaillant bénévolement à l’information
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Article paru dans le Grenier magazine du 3 octobre 2015. Pour vous abonner, cliquez ici.