En prévision du Sommet IA et Création qu’ils co-organisent, David Pieropan et Audric Gagnon jasent création, surcharge mentale, et ce que ça change, vraiment, de travailler avec l’IA en 2025.
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Audric Gagnon – Je trouve qu’on parle beaucoup des outils, des agences, de l’efficacité… mais il y un truc qu’on oublie : comment les gens vivent ça pour vrai. Dans les formations, je le vois : y’en a qui trippent, pis y’en a d’autres qui figent. Ceux qui ont peur, leur peur augmente. Ceux qui l’acceptent, ils accélèrent. Il y a une cassure qui se crée.
David Pieropan – Je le vois aussi. Ce que je trouve le plus important, c’est de parler de comment les gens le vivent ; l’anxiété, la fatigue mentale, le flou. On pousse les outils IA comme s’ils allaient sauver tout le monde, mais personne ne parle de ce que ça fait entre les deux oreilles.
Audric – J’ai fait un atelier avec des étudiants. Trois heures de GPT + MidJourney. À la fin, ils étaient épuisés. Ce n’est pas la complexité, c’est la charge cognitive. Quand tu penses non-stop, tu prends des décisions visuelles, tu testes, tu recommences. Ça pompe l’énergie mentale.
David – C’est pour ça que j’ai appelé un des panels « Créer avec l’anxiété », et y’a personne de mieux que Julien Vallée pour en parler. Parce qu’on vit tous ce shift-là. Je pense qu’on avait déjà atteint une espèce de saturation dans la création avant 2022. On avait l’impression d’avoir tout vu, tout fait. Là, avec l’IA, on vit une explosion cambrienne de créativité. C’est pas que tout est nouveau, c’est que tout est possible. Tout le temps. Facilement, ou presque.
Audric – On se rend même plus compte de ce qui vient de l’humain ou de la machine. Et honnêtement, je pense que ce ne sera pas si important que ça. Les constats montrent que le client s’en fout un peu. Ce qui compte, c’est : est-ce que ça me fait quelque chose ? Est-ce que ça me touche ?
David – C’est ça. Même si c’est généré, tant que l’émotion est là, que l’histoire est là, le comment s’est fait n’est plus si important. Ce qui reste humain, c’est pas le « comment » ça a été fait. C’est ce que t’as vécu en le regardant, en l’écoutant, en le lisant. Là c’est sûr, je prends le partie de l’audience.
Audric – Mais faut dire aussi : travailler avec l’IA, c’est pas donné à tout le monde. C’est pas tout le monde qui est à l’aise de devenir stratège, de gérer un flot de générations, de composer avec l’incertitude. On devient un peu des chefs d’orchestre de machines. Ce n’est pas dans les talents de tout le monde. On fait quoi dans ce temps-là ? Il faut se poser ces questions!
David – Et y’a aussi cette vieille idée d’interactivité qu’on traîne… Tu sais, les « clique ici pour choisir ton histoire » ? Pour moi, ça, c’est pas de l’interaction. L’interaction, la vraie, c’est une expérience qui s’ajuste à toi. Pas juste un branching. Une vraie conversation. C’est ça, le potentiel de l’IA : que l’histoire se plie à ce que tu ressens, pas l’inverse.
Audric – On entre dans ce que j’appelle l’ère de l’intelligence humaine + artificielle. Pas juste des machines qui travaillent pour nous, mais un terrain de jeu pour apprendre, tester, itérer. Je découvre plus de trucs en une journée qu’en une semaine avant. Mais faut rester curieux. Faut vouloir fouiller.
David — Faut pas tomber dans le piège du confort non plus. J’ai lu un article qui disait que l’IA nous rendait paresseux. Je pense que si tu l’utilises juste pour aller plus vite, c’est peut-être vrai. Mais si tu l’utilises pour penser autrement, t’es en train de rebrancher ton cerveau.
Audric — Totalement. C’est ce que je dis en formation : faut reprogrammer comment on travaille. Moi, par exemple, je parle à GPT maintenant au lieu d’écrire mes prompts. Je vais plus vite, je pense différemment. Pis je combine tout : je copie/colle, je sculpte les contextes. C’est une nouvelle grammaire de travail.
David — Pis c’est pas juste une affaire d’agence ou de studio. Ce sommet-là, on l’a pensé pour ceux et celles qui sont dans le feu de l’action. Les pigistes, les artistes, les vidéastes, les gens de comm. Parce que c’est eux qui vivent la transformation pour vrai.
Audric — Sinon, on va juste creuser les écarts. Les grosses boîtes vont rouler à fond, et le reste du monde va rester pris dans une transition floue. Ce qu’il faut, c’est amener tout le monde dans le bateau. Pas juste ceux qui savent coder ou qui ont un département IA.
David – C’est ça qui est beau : tu prends des gens comme Marika D’Auteuil ou Albert Zablit, ce sont pas des devs, pas des ingénieurs. Mais ils ont appris à se débrouiller avec les outils, à bricoler leur workflow, à produire des trucs pro. Pour quelques dollars par mois, tu as accès à la même techno que les gros studios.
Audric — T’as juste besoin d’idées, d’émotions et de direction. Le reste, les outils IA, ça s’apprend. Si tu sais où tu veux aller, y’a plus vraiment d’obstacles. Tu peux rivaliser avec les gros. Tu peux créer à la hauteur de tes ambitions.
David – C’est exactement pour ça qu’on fait ce sommet. Pour montrer que cette transition-là, elle appartient à tout le monde. Et que c’est maintenant qu’on l’écrit.
Le Sommet IA et création de contenu aura lieu le 14 mai 2025, en virtuel.
L’événement réunira des figures comme Julien Vallée, Alycia Rainaud, Albert Zablit, Phil Guillermo Castellanos et bien d’autres, autour de panels et d’échanges axés sur la réalité du travail créatif avec l’IA. Que vous soyez stratège, artiste visuel, gestionnaire ou pigiste, ce sommet vous donnera des outils, des repères… et peut-être même un peu de souffle créatif.
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