Dès son jeune âge, Isabelle Adjahi nourrissait deux rêves de carrière : travailler avec les enfants ou devenir hôtesse de l’air. Finalement, c’est plutôt le domaine des communications stratégiques qui jettera son dévolu sur elle. Cumulant trois décennies dans l’industrie du financement institutionnel et corporatif, elle occupe aujourd’hui le poste de vice-présidente Communications de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
Après avoir étudié la littérature en France, Isabelle Adjahi poursuit son apprentissage en lettres et civilisation anglaise à l’Université de Lyon, des disciplines qui la passionnent particulièrement. Puis, à 25 ans, la jeune diplômée décide de faire le grand saut et de s’installer seule dans la belle province, où elle commence sa carrière en tant que secrétaire de direction bilingue pour un courtier en valeurs immobilières.
« À ce moment, je ne connaissais absolument pas le milieu des marchés de capitaux ! Mais je suis quelqu’un de très curieux. L’apprentissage continu, c’est quelque chose qui me nourrit encore aujourd’hui », explique la professionnelle des communications qui vit au Québec depuis maintenant 30 ans.
La soif d’apprendre d’Isabelle Adjahi la conduira finalement à suivre un cours sur le commerce des valeurs mobilières, dans le but de mieux comprendre le fonctionnement des marchés. C’est à ce moment qu’elle découvrira l’univers des relations avec les investisseurs, mais aussi une profession qui allie stratégie, communications et finances. « Ça a vraiment été la base de tout ce que j’ai fait dans ma carrière. Et ce qui est assez drôle, c’est que dans toutes les entreprises où j’ai occupé ce rôle, il y a d’abord eu la société pharmaceutique Axcan Pharma, puis WSP et finalement Lion Électrique, à un moment donné, elles avaient la CDPQ ou l’une de ses filiales dans leur écosystème », souligne Mme Adjahi.
Voilà peut-être le signe de ce qui allait s’en venir ?
Une vision stratégique et un message authentique
Apparemment, c’est le cas. Isabelle Adjahi occupe depuis quatre mois le poste de vice-président Communications du groupe mondial d’investissement créé dans les années 60 par le gouvernement québécois de Jean Lesage.
Et ce rôle à hautes responsabilités à la Caisse de dépôt et placement du Québec semble taillé sur mesure pour la dynamique gestionnaire qui affirme que le mot “stress” « ne fait pas partie de son vocabulaire ».
Isabelle Adjahi est animée par la profonde conviction que « la communication mérite sa place à la table des décisions » et qu’elle participe activement à forger la crédibilité des organisations. « Je suis convaincue qu’une entreprise, peu importe sa position, ne peut pas être performante si elle n’est pas capable de communiquer de manière claire, compréhensible et proactive. Pour moi, la communication, c’est intimement lié à la croissance et aux objectifs de l’entreprise. Que ce soit pour entrer en contact avec les actionnaires, le grand public, ou encore les employés, c’est un volet que je considère comme étant très stratégique », explique-t-elle
La multifinaliste au titre de « Meilleur·e Professionnel·le des relations avec les investisseurs au Canada » ajoute que, pour elle, le rôle de la communication est de demeurer authentique, sans toujours tenter de mettre uniquement de l’avant les aspects positifs. « Étant donné que j’ai beaucoup travaillé dans les marchés des capitaux au sein d’entreprises publiques, mon rôle a toujours été de permettre aux investisseurs et aux analystes de prendre des décisions éclairées en matière d’investissement, en achat ou en vente, en leur fournissant les informations justes. Mais mon travail n’est pas de dépeindre seulement ce qui est rose, je ne suis pas là pour vendre la compagnie ou la mousser », nuance la vice-présidente Communications.
À la CDPQ, les parties prenantes sont nombreuses, comprenant sociétés en portefeuille, déposants, employés, candidats, grand public ou encore médias d’information. Alors peu importe à qui s’adresse le message que l’on veut transmettre, l’important est qu’il soit « honnête et cohérent ». « Dans mon travail et avec mes équipes, je veux être certaine que l’information qui est véhiculée le soit de manière pratique, transparente, puis qu’elle soit véridique. On n’est pas là pour cacher des choses, on est là pour être direct et pour demeurer ouvert, tout en formulant les messages de la bonne façon », explique-t-elle.
Expertises et évolution
Depuis qu’elle y a mis les pieds il y a trente ans, l’univers des communications a certes beaucoup évolué. Mais Isabelle Adjahi peut compter sur une équipe de 50 expert·es pour l’aider à s’adapter aux changements constants de son industrie.
« Je me sens vraiment bien entourée, car ce sont des expert·es dans tous les domaines, que ce soit les médias, les affaires publiques, la communication interne, les médias sociaux… J’ai aussi des rédacteur·trices, des traducteur·trices, des graphistes. J’ai le mandat de diriger cette équipe et de l’aligner autour d’une stratégie de communication qui sert la mission de l’organisation. Mais, je n’ai qu’à me retourner et les choses se font très rapidement et avec qualité », souligne la vice-présidente communication de la CDPQ.
La gestionnaire se rappelle ses débuts dans le secteur des relations avec les investisseurs et des communications, une époque où l’on retrouvait « surtout des personnes chargées de “régurgiter” des communiqués de presse rédigés par des financiers et des avocats ».
Bien qu’elle admette, en riant, avoir caricaturé quelque peu le passé, Isabelle Adjahi remarque qu’aujourd’hui, la plupart des entreprises accordent une fonction plus sérieuse aux communications, qu’elles voient davantage comme une « valeur ajoutée » incontournable. « Ce n’est plus un rôle uniquement tactique. Maintenant, avec les outils qui ont changé, les technologies, l’accès à l’information s’est aussi démocratisé, et elle circule aussi très vite. Il faut donc vraiment rester à l’affût, puis savoir constamment s’adapter, se poser des questions sur ce que l’on fait. À partir du moment où nos actions n’apportent pas de valeur ajoutée ou ne contribuent pas de manière ou d’une autre à la stratégie de l’entreprise, pour moi, ça ne sert à rien de le faire », explique-t-elle.
La vice-présidente Communications conclut la discussion en affirmant se sentir particulièrement privilégiée d’avoir aujourd’hui l’opportunité d’occuper « ce rôle stratégique en toute liberté ».
« À la CDPQ, oui, on travaille fort, mais j’ai tellement de plaisir que je n’ai même pas l’impression que je travaille parfois ! (rires) Je suis fière de mon parcours au complet parce qu’il reflète qui je suis à plusieurs égards, une personne passionnée par ce que je fais. Je pense que je n’aurais pas pu exercer un métier qui ne vient pas m’allumer. »