Le CMDC (Canadian Media Directors’ Council) et l’ACA (Association canadienne des annonceurs) ont exprimé leurs préoccupations dans une déclaration concernant la nouvelle taxe sur les services numériques (TSN) introduite par le projet de loi C-59. Le CMDC et l’ACA pressent le gouvernement canadien de reconsidérer d’urgence la mise en œuvre de cette taxe, qui impose un prélèvement de 3% sur les revenus des services numériques. Bien que cette taxe ait pour objectif d’assurer une imposition équitable des multinationales numériques, dans les faits, elle est injustement répercutée sur les annonceurs canadiens, devenant ainsi une charge supplémentaire pour l’industrie publicitaire au Canada.
Des acteurs majeurs du secteur numérique, comme Amazon et Google, ont déjà annoncé leur intention de transférer entre 2,5% et 3% de la TSN à leurs partenaires publicitaires. Ces coûts indirects exercent une pression financière supplémentaire sur les agences médias et les annonceurs canadiens, mettant en péril la stabilité économique du secteur publicitaire.
«La taxe sur les services numériques, telle qu’elle existe aujourd’hui, s'avère plus qu’une simple taxe imposée aux sociétés numériques multinationales; elle se transforme en frais que les annonceurs canadiens doivent absorber, déclare Shannon Lewis, présidente du CMDC. Ce n’était pas le résultat escompté du projet de loi, et nous encourageons fortement le gouvernement à réexaminer cette question afin d’alléger la pression sur l’industrie canadienne des médias et de la publicité. La mise en oeuvre de cette taxe à une époque où l’économie et la productivité sont confrontées à des défis pourrait se révéler préjudiciable et mettre en péril la croissance et l’innovation indispensables dans un secteur des médias qui contribue à hauteur de 25,2 milliards de dollars au PIB du Canada et emploie plus de 8 000 personnes.»
«L’ACA travaille fort pour garantir un environnement législatif et réglementaire où les produits et services de nos membres peuvent être commercialisés de manière responsable, commente Judy Davey, vice-présidente, Ressources marketing et Politiques média, ACA. Le fait que les principaux acteurs numériques transmettent une partie ou la totalité de la TSN aux annonceurs augmente le fardeau financier de ces derniers. Cela pourrait entraîner une réduction de la capacité des spécialistes du marketing à atteindre de manière rentable leurs publics cibles, et avoir un impact disproportionné sur les petits annonceurs et les entreprises émergentes qui dépendent fortement de la publicité numérique. Nous encourageons le gouvernement à examiner de près la réévaluation de la mise en oeuvre de la TSN afin de réduire les dommages potentiels à l’économie canadienne.»
Bien que le CMDC et l’ACA soutiennent l’idée d’une fiscalité équitable, ils s’inquiètent des conséquences inattendues de la TSN. En particulier, le fait que cette taxe soit répercutée sur les annonceurs complique le calcul du retour sur investissement publicitaire (ROAS ou «return on ad spend») des campagnes. Ces coûts supplémentaires doivent être intégrés aux budgets de campagne, ce qui crée des défis logistiques et complique les comparaisons efficaces entre plateformes. Cette situation survient à un moment où l’industrie publicitaire est déjà sous une pression économique considérable.
Le CMDC et l’ACA appellent donc à un dialogue avec le gouvernement et les parties prenantes pour explorer des solutions permettant de prévenir la répercussion de cette taxe sur les annonceurs canadiens. L’objectif est de promouvoir une approche plus collaborative qui soutient et renforce l’économie canadienne, tout en préservant l’intégrité de la TSN et en protégeant l’industrie publicitaire.