Le 5e sommet des Rendez-vous de la création de contenu s’est tenu virtuellement le 29 mai, avec pour thème l’Intelligence artificielle et la création. Organisé et animé par David Pieropan de Sparkling, le sommet a réuni expert·es, créatif·ives et professionnel·les pour discuter de l’impact et des implications de l’intelligence artificielle en communication marketing.

David Pieropan, également cofondateur des Rendez-vous de la création de contenu, a expliqué comment Sparkling a déjà intégré l’IA dans ses opérations: «Je suis tombé dans la marmite de l’IA il y a quelques années par curiosité. Sparkling a déjà intégré l’IA dans ses opérations, parfois avec succès, parfois avec… des apprentissages.»

Enfin, David a insisté sur la nécessité de comprendre les transformations engendrées par l’IA. En conclusion de son introduction, il a souligné: «L’IA existe depuis un certain temps sous diverses formes. Il est crucial de se projeter dans l’avenir pour bien saisir son impact.»

Panel 1: L’IA transforme les rôles créatifs

Le premier panel a exploré comment l’IA modifie les rôles des créateur·trices de contenu. Les panélistes Vincent Ramsey-Lemelin et Audric Gagnon ont discuté des façons dont les créateur·trices deviennent des curateur·trices et des programmeur·euses grâce aux outils IA.

La leçon clé à retenir est que l’IA aide les créateur·trices à être plus efficaces et à explorer de nouvelles avenues créatives. Audric a ajouté: «Nos tâches seront éventuellement exécutées par une machine à travers ces nouveaux outils. Mais il y aura toujours des humains pour les commander.»

La discussion a également abordé l’évolution des compétences nécessaires, avec des créateur·trices qui doivent maintenant apprendre à écrire des commandes pour les machines, comme l’a mentionné David Pieropan: «Il faudra apprendre à écrire des commandes à une machine.» Audric, quant à lui, a identifié quatre nouvelles compétences essentielles: la spécialisation, la capacité décisionnelle, l’esprit critique et la communication.

En conclusion de segment, Vincent a rappelé que le véritable avantage de l’IA est d’augmenter la capacité des créateurs à générer et affiner des idées en un temps record, transformant ainsi radicalement le processus créatif.

Panel 2: L’art de parler aux machines

Pascal Henrard et Alexandra Martel ont dévoilé les secrets de la création de prompts efficaces pour interagir avec les modèles d’IA. La création de prompts est une compétence en soi, nécessitant une compréhension approfondie des modèles IA et de leurs capacités.

«Le prompt parfait n’existe pas», a rappelé Alexandra, soulignant la nécessité d’une approche itérative. Pascal a mentionné: «GPT ne va pas chercher la réponse dans un moteur de recherche. Il généralise à partir de son apprentissage et tu te retrouves avec des hallucinations, mais c’est un feature.»

La discussion a aussi mis en lumière les enjeux liés à la compréhension contextuelle et émotionnelle des IA. En conclusion, Alexandra a surpris l’audience en révélant que même un emoji peut être utilisé comme prompt: «Mon prompt préféré est l’emoji qui vomit. Quand je ne suis pas satisfaite, j’envoie cet emoji et je regarde ce que l’IA fait.» Cette révélation a démontré la flexibilité et l’aspect ludique de l’interaction avec l’IA.

Panel 3: 25 outils IA à découvrir

Animé par Marie-France Gosselin, ce panel a présenté 25 outils d’IA innovants qui peuvent transformer le travail quotidien des professionnel·les du marketing et de la création de contenu. Daphné et Seb de Brigade Web ont partagé leurs découvertes et recommandations, mettant en avant des outils accessibles qui améliorent l’efficacité et la créativité.

Brigade Web encourage d’emblé à commencer avec les fonctionnalités d’IA intégrées dans les logiciels actuels avant d’explorer des options plus avancées. Seb a conseillé: «Utilisez ce que vous avez déjà dans vos logiciels et extrapolez. Daphné a ajouté : « Il y a une multitude d’outils IA accessibles qui peuvent améliorer l’efficacité et la créativité.»

Le panel a notamment mis en avant des outils comme Beautiful.ai pour la création de présentations, Caption pour la génération automatique de sous-titres, et Runway pour la création de vidéos à partir de texte. «Beautiful.ai m’aurait sauvé tellement de temps à l’université» a plaisanté Daphné.

En conclusion, Marie-France Gosselin a souligné que la maîtrise de ces outils ne se limite pas à une simple utilisation, mais peut également transformer les modèles d’affaires et offrir des avantages compétitifs significatifs: «L’IA permet non seulement d’améliorer l’efficacité, mais aussi de réinventer notre approche des défis créatifs et stratégiques.»

Panel 4: Secrets d’agence

Bastien Collard de LG2 et Pierre-Luc Paiement de Frank ont ensuite discuté de l’impact de l’IA sur la stratégie, la production et la gestion de projet, en partageant des études de cas et des exemples concrets de l’utilisation de l’IA dans toute la chaîne des agences de marketing. Ils ont illustré comment l’IA est intégrée à chaque étape, de la planification stratégique à l’exécution des campagnes.

Bastien a affirmé: «L’IA permet de gagner du temps et d’améliorer l’efficacité.» Pierre-Luc a également noté: «Les agences voient leur rôle se transformer avec l’intégration de l’IA.» Le panel a aussi abordé l’importance de l’adoption de l’IA pour rester compétitif. « Les agences qui intègrent l’IA voient une augmentation significative de leur productivité», a ajouté un autre expert. «Les tâches répétitives et chronophages peuvent être automatisées, permettant aux créatif·ives de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.»

Pierre-Luc a expliqué comment la création d’agents IA spécialisés pour chaque client, alimentés par des données précises, permet de maximiser l’impact de l’IA: «Plus la qualité des données est élevée, plus les résultats de l’IA sont de grande qualité. C’est le concept du 'garbage in, garbage out'.»

Bastien Collard a partagé une étude de cas où LG2 a utilisé l’IA pour accélérer le processus de création tout en maintenant une haute qualité. Il a expliqué comment l’IA permet de créer des visuels cohérents et personnalisés pour chaque projet en moins de temps qu’auparavant. «Nous avons pu réduire de moitié le temps nécessaire pour produire des storyboards tout en augmentant la précision et la qualité des visuels grâce à des outils comme Midjourney».

Pierre-Luc Paiement a également mentionné une campagne pour un client dans le secteur des boissons où l’IA a été utilisée pour générer des concepts créatifs, permettant une itération rapide et une meilleure réactivité aux feedbacks des clients. «L’IA nous permet de tester plusieurs variantes de créatifs en un temps record, ce qui optimise nos stratégies et améliore les résultats finaux».

Panel 5: Aspects légaux et éthiques

Ce panel, animé par Alexandre Turcotte et l’avocate Aïcha Tohry, a abordé les défis légaux et éthiques de l’utilisation de l’IA. Les discussions ont porté sur la propriété intellectuelle, la protection des données et les implications éthiques de l’IA.

Aïcha a mis en garde: «Il faut faire attention à ce qu’on donne à la plateforme lorsqu’on lui demande de générer du contenu.» Elle a également expliqué: «Il y a plusieurs niveaux juridiques ici. On a ce que les conditions d’utilisation d’une plateforme peuvent nous permettre de faire. Ensuite, on a le droit d’auteur et la propriété intellectuelle.» Aïcha Tohry a aussi souligné: «Peu importe que l’IA soit là ou non, on a tendance à penser que lorsqu’il y a des nouvelles technologies, tout ce qui existe en termes de droit ne s’applique pas.»

Le panel a également abordé les questions de scraping de données. «Le scraping, c’est en effet une des techniques qui est utilisée lorsqu’elles vont chercher le contenu qui est publiquement disponible sur le web», a expliqué Aïcha. «Est-ce qu’elles peuvent le faire? Est-ce qu’elles ne peuvent pas le faire? Ça, c’est une autre question.»

En conclusion, Aïcha a révélé une anecdote intéressante: «Il faut être conscient que l’IA peut créer des œuvres qui semblent originales, mais qui sont en fait des combinaisons de contenus existants. J’ai vu des cas où des articles de journaux étaient inventés par l’IA, avec des noms d’auteur·es qui semblaient légitimes, mais qui n’existaient pas réellement.» Elle a également partagé une expérience personnelle: «J’ai testé l’IA avec des questions sur la jurisprudence québécoise et elle a parfois inventé des références qui paraissaient très crédibles.»

Panel 6: Vision du futur de l’IA

Le panel final a exploré les futures tendances et développements en IA, avec des interventions de Alexandre Teodoresco et Jean-Luc Sanscartier. Ces deux experts ont partagé leurs visions sur l’impact de l’IA dans les années à venir et comment les entreprises peuvent se préparer à ces changements. Ils ont également discuté des implications sociales et économiques de l’IA. «L’IA va transformer non seulement les industries créatives, mais aussi la manière dont nous travaillons et interagissons au quotidien», a expliqué Alexandre Teodoresco.

Alexandre a ajouté un point fascinant: «Nous sommes sur le point d’une explosion cambrienne de la créativité humaine, car l’IA permet à des non-techniciens de créer comme jamais auparavant. Cela nous pousse à repenser complètement ce qui est possible en termes d’expression créative.» Jean-Luc Sanscartier a ajouté: «Nous avons une obligation morale d’accélérer l’adoption de l’IA, car chaque jour qui passe sans elle signifie des opportunités perdues, que ce soit pour éduquer nos enfants ou sauver des vies.» Il a également évoqué l’importance de la productivité et de l’utilisation efficace des outils d’IA: «On n’utilise même pas 1% de ce que l’IA peut faire. Il est crucial de se concentrer sur l’application pratique et l’impact réel de l’IA.»

En illustrant la nécessité de naviguer entre les opportunités et les risques de l’IA, Alexandre a précisé: «Ne vous laissez pas enchanter par les chants des sirènes qui vont vous charmer et vous couler. En même temps, si on prend la mer, il ne faut pas non plus être effrayé des monstres marins.»

Enfin, en parlant de l’art de demain, le panel a parlé des expériences immersives et interactives rendues possibles grâce à l’IA, transformant notre relation avec les environnements virtuels et augmentant la personnalisation des expériences utilisateur.

Conclusion

Suite au succès de l’édition 2024 de ce Sommet sur l’intelligence artificielle, l’équipe des Rendez-vous de la création de contenu planche déjà sur une édition 2025. Les cofondateurs, Marie-France Gosselin, Alexandre Turcotte et David Pieropan travaillent également à la production de deux autres sommets à l’automne, avec des partenariats qui seront dévoilés sous peu.

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Crédits photo: Émilie Pelletier