Une fois la certification B Corp obtenue, what’s next? Pas question de s’asseoir sur ses lauriers.
Un engagement continu
Il y a de quoi être fier·ère de mener ses opérations dans l’intérêt général de la société. Le mouvement B Corp réunit des entreprises qui placent les valeurs du bien commun au cœur de leurs activités commerciales. Depuis ses débuts en 2006, cette communauté a pris de l’ampleur, comptant désormais plus de 6200 entreprises certifiées réparties dans plus de 87 pays et actives dans plus de 159 secteurs d’activités. Obtenir cette certification n’est pas un jeu d’enfant. L’ONG B Lab, chargée de la certification, veille à ce que les entreprises candidates intègrent véritablement des objectifs environnementaux et sociaux dans leur ADN. Le processus, ultra rigoureux, nécessite de répondre à 200 questions couvrant cinq thématiques. «Les critères sont centrés sur l’impact de l’entreprise sur ses clients, ses employé·es, sa communauté, l’environnement et sa gouvernance», dit Frédérique Lalonde, conseillère stratégique sénior et experte RSE chez Canidé, l’une des premières agences québécoises à avoir obtenu la certification B Corp. Des exemples de renforcement d’engagement communautaire? Depuis la fin de l’année 2022, Canidé a opté pour la semaine de travail à 4 jours semaine, elle appuie le Mouvement des médias d’ici de l’A2C, s’assure de respecter les normes de tournages écoresponsables développées par On tourne vert et travaille également avec la charte éthique de Clark Influence.
Une fois obtenue, la certification tant convoitée n’est pas valide pour toujours, oh que non. Pour la maintenir, il faut la renouveler aux trois ans en passant par une nouvelle évaluation. Ainsi, les organisations doivent constamment démontrer leur engagement envers des pratiques responsables et leur impact positif sur la société. Il relève de la responsabilité tant des employé·es que de la direction de veiller à maintenir cette certification vivante tous les jours, partage l’experte en RSE. «Chez Canidé, pour faire vivre nos engagements à l’année, nous rédigeons un rapport d’impact. L’objectif est d’y faire le bilan de nos réalisations et de nos objectifs non atteints, afin de mieux cerner nos chantiers pour l’avenir. La certification nous accompagne dans ce processus stratégique. Cela nous permet d’identifier des pistes d’améliorations pertinentes pour notre agence et l’ensemble de notre communauté. C’est comme ça que nous avons décidé de renforcer notre politique d’achat local, de solidifier nos efforts pour les productions responsables et maintenir notre politique de livre ouvert, par exemple.»
Frédérique Lalonde, conseillère stratégique sénior et experte RSE chez Canidé
L’intérêt croissant des grands groupes
Devenue symbole d’engagement envers la responsabilité sociale et environnementale pour de nombreuses entreprises à travers le monde, la certification B Corp est très prisée. Prisée (souvent), car la certification témoigne des efforts déployés pour contribuer à nous améliorer collectivement. Critiquée (parfois), puisque la certification n’est pas exempte de reproches. En 2022, 30 entreprises B Corp se sont associées à Fair World Project pour contester le statut B Corp de Nespresso en raison de ses pratiques environnementales. Certaines entreprises, parmi les premières à soutenir ces normes, ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’orientation croissante vers des multinationales, considérées moins vertueuses qu’elles. LAUDE the label, une entreprise hautement responsable, a opté de ne pas renouveler sa certification, car elle n’avait plus confiance au label, préférant maintenir son engagement envers la planète avec la Fair Trade Federation (FTF).
Sans commenter ces cas particuliers, Frédérique croit que comme pour toute certification (et dans tout, quoi !), il est inévitable de trouver des moyens de contourner certains aspects, ce qui rend impossible d’atteindre la perfection à 100 %. Elle est d’avis que certaines entreprises vont davantage exceller dans certains critères d’évaluation. Malgré ses imperfections, la certification reste un excellent guide pour améliorer ses pratiques. Par ailleurs, Frédérique nous indique que la prochaine révision des normes B Corp, attendue pour 2024, devrait introduire des changements significatifs, notamment en abandonnant la note minimale actuelle (80) au profit d’un ensemble d’exigences dans dix domaines clés. En d’autres termes, on passe d’un modèle de marathon où le seul objectif était de franchir le seuil des 80 points de performance, sans tenir compte de la répartition de ces points, à un modèle de décathlon où il est nécessaire d’exceller dans 10 domaines spécifiques, définissant le leadership d’une entreprise en matière d’impact social, environnemental et de gouvernance.

Précieux outil
La certification étant moins connue au Québec aux alentours de 2018, l’accès au soutien et aux informations était plus difficile. «Au cours des trois ou quatre dernières années, B Local Québec s’est considérablement développé, tout comme la communauté québécoise, offrant une facilité pour trouver des ressources», révèle Frédérique. Aujourd’hui, le mouvement a grandi, faisant du Québec la province dont la croissance est la plus rapide au Canada, avec plus de 140 entreprises québécoises certifiées, dont plusieurs agences comme Republik, TUX et Pense Bon.
D’après Frédérique, la certification B Corp est un précieux outil et l’important est de choisir les leviers d’action les plus appropriés en fonction de ses objectifs et de ce qui est réalisable. «Répondre aux critères B Corp demande du temps et de l’investissement. On doit veiller à ce que les projets sur lesquels on travaille aient un impact global réel, plutôt que de se concentrer uniquement sur des actions isolées qui ne contribuent pas significativement à la mission sociale de l’entreprise.»
En bref, il ne suffit pas d’être B Corp aux trois ans, on doit l’être quotidiennement.