Cinq années se sont écoulées depuis le lancement du prestigieux concours Idéa, orchestré par l’Association des agences de communications créatives (A2C), en partenariat avec la Société des designers graphiques du Québec (SDGQ). Le Grenier vous invite une fois de plus à retrouver les « Brin de jasette », où les président·es des jurys des disciplines Création publicitaire, Design, Craft/Production, Produits et expériences numériques, Résultats d’affaires et stratégie ainsi que Média, pour en savoir plus sur les délibérations.

Élisa Ève De Serres

Cette semaine, on continue la série avec la discipline Produits et expériences numériques, présidée par Élisa Ève De Serres, associée, directrice de l’équipe produit, Mirego. Le jury avait pour mission de mettre à l’honneur les projets numériques qui, dans la dernière année, se sont distingués pour leur pertinence, leur intelligence, leur cohérence et l’ingéniosité des expertises déployées.

  • Isabel Bazinet, directrice, expérience utilisateurtrice et design d’interface (UX/UI), BDC
  • Maëlle Bussmann, directrice de la stratégie, QuatreCentQuatre
  • Nicholas Charbonneau, directeur technique, LEEROY
  • Jean-François Lavigne, directeur de groupe stratégie, design UX et CX, Sid Lee
  • Catherine Marois, directrice de création, Akufen
  • Raed Moussa, directeur de l’expérience, Dpt.
  • Karim Boudiba, Chef marketing et expérience numérique, Hydro-Québec
  • Claudia Timmons, rédactrice en chef, innovation et formats numériques, Radio-Canada
  • Adrien Vanderpotte, lead technique, développeur créatif, TUX Creative House

Produits et expériences numériques

Grenier aux nouvelles : Au cours de la dernière année, avez-vous observé des changements, ou des tendances dans l’industrie, et comment cela a influencé les critères de jugement pour le concours Idéa ?

Élisa Ève De Serres : Durant la dernière année, j’ai observé plusieurs évolutions notables dans notre industrie, notamment une accentuation des pratiques durables et une intégration accrue des technologies numériques. En parallèle, nous avons également dû nous adapter à des réglementations importantes quant à l’expérience utilisateur, comme la loi 25 afin de protéger la vie privée. Ces tendances et ces nouvelles exigences légales ont profondément influencé les critères de jugement du concours Idéa. Nous avons donc intégré des critères qui évaluent non seulement l’innovation et l’utilisation des nouvelles technologies, mais aussi la conformité aux normes de la vie privée et l’accessibilité. Ces considérations garantissent que les projets récompensés répondent non seulement aux exigences traditionnelles de créativité et d’excellence technique, mais qu’ils respectent également les normes légales et promeuvent l’inclusion, en tenant compte de leur impact environnemental, social et éthique. Cette approche holistique nous permet de promouvoir des pratiques essentielles pour l’avenir de notre industrie, en alignant nos critères avec les attentes contemporaines et les impératifs légaux.

GAN : Quels critères ou quelles qualités différencient, selon vous, un projet finaliste d’un projet gagnant ?

ED : La qualité des projets soumis était époustouflante. Supporter sa candidature d’un texte de 500 mots n’est pas une simple tâche pour exposer l’entièreté de la vision et porter tout le travail de réalisation pour arriver aux produits et expériences numériques que nous avons analysés. La différence fondamentale entre un projet finaliste et un projet gagnant réside dans les critères clés qui définissent les bases de l’excellence technique et créative. Un projet finaliste est généralement bien exécuté, innovant et répond à tous les critères du concours avec compétence. Cependant, un projet gagnant va au-delà de ces aspects ; il provoque une émotion, revoit les conventions ou façonne les façons de faire de l’avenir. Ce qui distingue également un projet gagnant, c’est son impact durable. Un tel projet ne se contente pas d’atteindre ses objectifs immédiats, mais il établit un nouveau standard dans son domaine, inspire des changements ou des adaptations dans l’industrie et démontre une compréhension profonde de son audience. 

GAN : Pouvez-vous nous partager une anecdote amusante (ou pas) lors des délibérations ?

ED : Nous pourrions presque faire imprimer des T-shirts à l’effigie de ce fameux projet, dont je tairai volontairement le nom tant il a occupé nos discussions pour s’assurer de bien considérer sa candidature lors de nos délibérations. Chaque fois que nous abordions une impasse dans une catégorie, son nom resurgissait, comme un refrain.

GAN : En tant que présidente du jury, comment gérez-vous l’équilibre entre l’objectivité nécessaire et votre propre subjectivité ?

ED : Quel défi que de taire son opinion et de ne pas pouvoir collaborer aux précieux échanges qui se manifestent sous nos yeux ! Pour y parvenir, je me suis efforcée de rappeler les critères d’évaluation et de communiquer les valeurs qui m’étaient chères, afin de soutenir ce jury dans ses délibérations. Cela permettait de minimiser l’impact de la subjectivité personnelle. De plus, nous avions aménagé un contexte où tous les points de vue pouvaient être exprimés et discutés ouvertement, permettant ainsi une délibération qui considérait les différentes perspectives. Les décisions prises sont le reflet d’un consensus équilibré, le tout ponctué par une fierté pour les choix que nous avons faits.

GAN :  Last, but not least, car le jury a travaillé très fort, quel aspect (contribution, implication, etc.) des membres du jury vous a le plus rempli de fierté ?

ED : Chaque membre du jury apportait une expertise unique et précieuse, enrichie par un bagage professionnel de qualité redoutable. La minutie de leur analyse, validant avec rigueur chaque projet, m’a particulièrement impressionné. Ils ont examiné scrupuleusement des aspects critiques tels que l’accessibilité, l’empreinte carbone, jusqu’à l’éthique de chaque proposition et ses bonnes pratiques. Leur capacité à collaborer, à partager ouvertement leurs idées et à parvenir ensemble à un consensus bien équilibré a non seulement renforcé l’intégrité du processus, mais a également assuré que les projets sélectionnés étaient véritablement les plus méritants. 

Un grand merci Élisa !